Répercussions macroéconomiques de la guerre en Ukraine

17 avril 2022

Répercussions macroéconomiques de la guerre en Ukraine
Croissance économique : la Suisse se montre plus solide que l’Europe en 2022Les prévisions de PIB sont en fort recul dans les principales économies mondialesLa guerre en Ukraine affecte le plus durement l’agriculture mais aussi le secteur de l’alimentation et de l’énergiePour les entreprises, la résilience est de nouveau le maître-mot

La guerre en Ukraine est avant tout une catastrophe humanitaire. Les sanctions et les représailles politiques qui l’accompagnent ont aussi des répercussions macroéconomiques négatives. Ces répercussions atténuent nettement la reprise progressive de l’économie en Europe et en Suisse au lendemain de la pandémie de Covid-19. Une stagflation est probable dans les années à venir. C’est ce qui ressort clairement des résultats d’une étude actuelle menée par Strategy&, le conseil stratégique de PwC. 

PIB – la Suisse plus solide que l’Europe 
L’étude qui porte sur les répercussions macroéconomiques de la guerre en Ukraine analyse cinq scénarios différents concernant la poursuite de la guerre et ses conséquences économiques par pays et par secteur. Si le conflit armé se poursuit, le produit intérieur brut (PIB) de la Suisse enregistrera en 2022 une croissance plus solide que dans les autres économies européennes : avec ce scénario, la prévision de croissance de 3,5 % du PIB, selon les chiffres de début d’année, reculera à 3,3 %. Au niveau européen, les prévisions tablent au contraire sur une progression de 2,5 % du PIB, au lieu des 4 % projetés en début d’année.  Dans le cas où un bloc se formerait en Europe de l’Est entre la Russie et des États alliés comme le Bélarus, les conséquences économiques pour la Suisse seraient toutefois plus tangibles : le PIB suisse ne progresserait plus que de 3,1 % en 2022 (2 % en  Europe).

« Si la Suisse reste moins touchée par les répercussions de la guerre, ses entreprises ont actuellement deux défis majeurs à relever :  à court terme, elles doivent évaluer les conséquences des sanctions et les rendre opérationnelles ; à moyen terme, il est essentiel d’observer en permanence l’évolution géopolitique, de repenser les décisions d’investissement à la lumière des nouvelles conditions-cadres, de mettre en place des plans d’urgence et des systèmes d’alarme précoces efficaces selon un scénario défini afin d’être rapidement opérationnel, si nécessaire », précise Philipp Wackerbeck, Global Head of Financial Services chez Strategy&.

Répercussions négatives hors de l’Europe
Des conséquences économiques négatives sont également à prévoir hors de l’Europe. En Chine, les prévisions de croissance du PIB pour 2022 étaient de 5,4 % avant que la guerre ne commence ; si le conflit se poursuit, la progression n’atteindra que 4,9 % et si un bloc se constitue pour former un nouveau « rideau de fer », elle ne sera plus que de 4,5 %. Du fait des sanctions internationales, l’économie russe entrera en récession en 2022 :  selon les scénarios, son PIB devrait plonger, avec des prévisions allant de -8,2 % à -13,9 %.

Une dégringolade qui devrait affecter à différents degrés les trois dimensions étudiées : le prix des matières premières, les chaines d’approvisionnement et les flux commerciaux dans les différents secteurs. En Ukraine, c’est l’agriculture, le secteur agroalimentaire et celui de l’énergie qui seront les plus durement affectés par la guerre. Dans le secteur automobile, les chaines d’approvisionnement des équipementiers seront très durement frappées. La production industrielle, l’industrie chimique et le secteur de l’énergie continueront de souffrir de la forte hausse du prix des matières premières. Par ailleurs, pour certaines entreprises comme les prestataires de services financiers ayant une forte activité en Europe de l’Est, les répercussions de la guerre pourraient être très importantes, même si leur secteur est globalement moins affecté dans l’ensemble.

« La flambée du prix des matières premières joue un rôle majeur pour les entreprises de tous les secteurs. Si l’impact direct sur les chaines d’approvisionnement se limite à quelques secteurs, les effets secondaires et tertiaires touchent presque tous les secteurs industriels. En particulier, le secteur suisse du commerce et des biens de consommation ainsi que celui des finances, qui bénéficiaient jusqu’à présent d’un monde multipolaire avec des entraves commerciales limitées, s’exposent en cas de constitution de bloc, au désarrimage de certaines économies à moyen et long terme », explique Philipp Wackerbeck.

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