City break à Bordeaux, cœur battant de l’œnotourisme

3 juillet 2025

City break à Bordeaux, cœur battant de l’œnotourisme

Photo Château Malartic-la Gravière ©

Quand on a peu de temps ou que l’on en dispose à l’envi, Bordeaux se prête à nos plus belles escapades. Œnotourisme, patrimoine, gastronomie, nature, aventure, bien-être… En une destination, c’est un monde de découvertes qui s’offre à nous. Depuis la Suisse, la ville est particulièrement bien reliée avec des dessertes aériennes directes. Encore une hésitation ? Le Monde Economique vous immerge dans une cité trépidante à l’année avec haltes (délicieuses) sur la route des vins.

Cela fait longtemps que la ville portuaire s’est délestée du surnom hasardeux de « Belle endormie », loin de refléter sa réalité. A Bordeaux, il se passe toujours quelque chose. Les nouveautés, expériences pilotes, événements rythment la vie de la capitale du Sud-Ouest classée à l’UNESCO. Trouver son point de chute est un plaisir tant il y a des adresses à tester. On reste à la page en allant découvrir l’un des derniers nés, le Mondrian Bordeaux Les Carmes, ouvert en lieu et place des chais Calvet dans le quartier des Chartrons où se juxtaposent le charme de la bourgeoisie locale et l’esprit bohème si singuliers à la métropole. Harmonieuse cohabitation qui raconte dans la pierre l’Histoire d’une ville-monde. Présent à Cannes, Los Angeles, Doha ou Singapour, le Mondrian s’est arrimé à Bordeaux dans l’un de ses plus beaux écrins, l’ancien bâtiment de négoce viticole érigé en 1871.

Deux grands noms sont à l’initiative de la réhabilitation du haut lieu, la famille Pichet (propriétaire) et le designer Philippe Starck en charge du revamping. A votre arrivée, vous serez saisis par la beauté de la façade néo-gothique atypique. Taillé dans une roche blonde, l’édifice nous enveloppe de douceur et chaleur. Le luxe est dépouillé, mais bien présent dans les espaces généreux, les détails décoratifs comme ces plaids en cachemire camel en chambres, ce marbre à foison ou ce spa signé Codage joliment parcouru de grandes baies vitrées. On se sent bien. Quel bonheur également de découvrir la table japonisante, Morimoto, en s’installant ! Organisée autour d’une cuisine ouverte, le restaurant connaît ses classiques. Amateurs de cuisine nippone, à vous les carpaccios de wagyu, les plateaux de sushis et brochettes goûteuses braisées dans le style Robata. Vous voilà prêts à partir à l’assaut des curiosités de la ville.

Cité du Vin

Cité du vin © SK

On démarre l’itinéraire à la Cité du Vin, un nectar indissociable de la destination. Bordeaux a pris son temps pour inaugurer ce musée (2016), mais l’attente en valait la peine tant il y a à explorer dans cette œuvre monumentale en forme de carafe renversée. Tout, vous saurez tout sur le vin. Ses terroirs, son histoire séculaire (depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours et sur les cinq continents), son art de vivre… Les œnophiles se réjouiront donc d’y consacrer une belle demi-journée, quant aux curieux et autres buveurs occasionnels, des parcours thématiques interactifs et des expositions constamment renouvelées sauront vous captiver. Ne manquez pas « Via Sensoria », une plongée sensorielle au fil de la vigne et des saisons. Même les siroteurs de softs pourront vivre l’expérience.

Bassins des Lumières

Ville d’art, Bordeaux est aussi intellectuelle qu’épicurienne. Une sensibilité partagée côté Suisse. On poursuit son programme par une découverte des dernières exhibitions numériques immersives du site – anciennement siège d’une base sous-marine allemande. Actuellement, l’Egypte des Pharaons y est projetée, de quoi plaire universellement. On en prend pleins les yeux, les sens. D’autant qu’avec les fortes chaleurs traversant l’Europe, on apprécie particulièrement de s’engouffrer dans cette « tanière » pour sa fraîcheur naturelle à la manière d’une grotte.

Restaurant Cent 33

On est bien tenté de retourner dîner au restaurant japonais du Mondrian Hôtel, mais à Bordeaux, on a véritablement le choix du roi ! Ce soir, on s’arrête à la table du Chef Fabien Beaufour car le murmure nous est parvenu. Ici, rien n’est laissé au hasard à l’instar du nom de l’établissement qui rappelle le numéro de rue ; côté inspirations, le Chef défend une cuisine valorisant les circuits courts, la saisonnalité et la permaculture. Fabien Beaufour et sa brigade sont portés par une envie : nous faire revenir ! Pour sûr, on reviendra goûter à son plat de Petits pois et nuage de coco, dormeur vivifié d’un jus de carapaces & mélisse, et à son dessert chocolaté.

Restaurant Le Chapon Fin

Photo ©

Autre murmure : le bicentenaire d’une adresse patrimoniale, Le Chapon Fin. Forcément, il faut aller voir cet antre de la haute gastronomie française qui a vu passer des personnalités de légende à l’image de Toulouse Lautrec, le prince de Galles, futur Edward VII, Sarah Bernhardt, Aristide Briand… Un tapis rouge d’icônes ! Pénétrer une telle institution ne se fait pas sans contemplation, on entre par la grande porte dans l’Histoire… Dès lors, on a furieusement envie d’immortaliser ce moment en photographiant, filmant les plus beaux angles de vue du restaurant. Le charmant maître d’hôtel – habitué de ces réactions – vous sera un guide très utile dans vos déambulations. Il vous expliquera que cette table à l’étage un peu en retrait est devenue au fil des époques, l’endroit où l’on faisait sa demande de mariage. De génération en génération. Une belle tradition qui perdure aujourd’hui.

Peut-être aurez-vous la chance de croiser l’hôte des lieux, Sylvie Cazes, une figure charismatique passionnée de sa maison et qui a le goût des autres, aussi. Avant même de passer à table, on se délecte de disserter avec elle. Sourires, anecdotes, réflexions, partage en préambule d’un repas qui s’annonce savoureux. Au piano de l’établissement, le Chef Younesse Bouakkaoui qui a fait ses armes avec deux grands noms : Thierry Marx et Jean-Luc Rocha au Château Cordeillan Bages à Pauillac, table doublement étoilée et grande référence de l’époque. Bon appétit !

Heureux qui comme un touriste Suisse a fait ce beau voyage jusqu’à Bordeaux…

Les réjouissances se poursuivent extra-muros sur la Route des Vins. Avec plus de 120 000 hectares de vignes dans le département de la Gironde (33), il n’existe pas seulement une, mais six routes qui vous mèneront à travers les différentes appellations viticoles. On surclasse donc son séjour par un circuit de visites entre châteaux mythiques, dégustations millésimées, balades champêtres, rencontres humaines marquantes et festins.

Château Malartic Lagravière

Première étape de son périple, la visite du Château Malartic Lagravière, Cru Classé de Graves, AOC Pessac Léognan. Vous êtes à une quinzaine de kilomètres de Bordeaux au sein de la plus ancienne région viticole du territoire. Chaleureusement accueillie par Séverine Bonnie, vous aurez droit à un tour du propriétaire parsemé de mémoires et d’engouement. Rien ne vaut une visite guidée avec un membre de la famille du château. Vous apprendrez combien cette dynastie vigneronne s’engage à faire vivre sa vision agroécologique en intégrant cette composante dans toute la chaîne de valeur.

Intégré au Classement des Graves de 1953, Malartic Lagravière se distingue parmi ses pairs en étant l’un des seuls crus référencés en rouge (66 ha) et en blanc (7 ha). Ici, tout est pensé tel un ensemble équilibré pour que culture de la vigne s’épanouisse au milieu des arbres, haies et prairies au gré des jachères. Un modèle. On quitte cet havre de paix pleins de connaissances et de réflexions. C’est toute notre relation au vin que l’on reconsidère.

Restaurant Le Cercle Guiraud

Photo ©

Enivrés de rien d’autre que de bonne humeur, nous prenons la route pour Le Cercle Guiraud. Qu’est-ce donc ? Un mirage, un songe, une carte postale bucolique… Imaginez au milieu des vignes, un restaurant gourmet réinterprétant les grands classiques du répertoire culinaire français… Ou le rêve concrétisé du propriétaire Matthieu Gufflet. Des néons dorés – Instagrammable à souhait – illuminent l’entrée de ce lieu magique. En terrasse ou en salles, les vues panoramiques à 360° se renouvellent en permanence au fur et à mesure de la journée. Le soir, l’ambiance est infiniment romantique grâce à un agencement des tables offrant une vraie confidentialité. En coulisses, le jeune Chef Yoann Amado déploie tout son talent dans le dressage comme dans les saveurs.

Ôde au Sauternais et à une cuisine moderne bien inspirée. Ancien disciple d’Eric Fréchon, le trentenaire s’est affranchi avec grand succès de son illustre aîné. A sa table, on déguste un délicieux plat de Boeuf et huître en tartare au couteau relevé au raifort et riz soufflé ; de la Truite de Banka caramélisée au miso jeunes pousses d’épinards beurre blanc au caviar de brochet et vinaigre de cerisier. Un moment suspendu…

Relais & Châteaux Lafaurie Peyraguey

Photo ©

Pour vos prochaines nuits, on choisit l’excellence pour rester dans le thème. Direction le Relais & Châteaux Lafaurie Peyraguey, deux étoiles au Michelin. Quintessence du luxe, l’adresse est un bijou d’hôtellerie et, pour cause, la Maison Lalique imbibe tous les espaces à travers des ornements muraux, des incrustations de cristal dans le mobilier, les salles de bains… Lustres en majesté, vases grandioses et figurines de cristal vous laissent bouche bée. Quelque part, vous aurez également un sentiment de fierté en apprenant que le propriétaire des lieux est Zurichois. Les Suisses et le luxe, une histoire charnelle.

Plongés au milieu de cette orfèvrerie d’exception, choyés par un service cinq étoiles, gorgés de bonne chère et de bons vins, on est tentés de tout annuler pour la suite. La Route des Vins de Bordeaux en Graves et Sauternes a-t-elle dévoilé tous ses trésors ? Depuis sa magnifique chambre, le regard pointant sur l’infini de la vigne… On reste muet.

Et si l’ultime étape ponctuait en apothéose notre séjour déjà parfait ?

Château de Cérons

Château de Cerons ©

On se rend donc au Château de Cérons en quête de réponses. Deux élégantes silhouettes nous attendent sur le perron de ce palais pastoral datant du XVIIème siècle. Cérons, un village, une rivière, une appellation, un Château viticole, entre raisins et Garonne, une complicité bâtie par le temps. Et surtout, la fierté d’un couple dévoué à la terre, aux traditions et à l’art de vivre. Caroline et Xavier Perromat racontent comme personne la vigne et son lien à l’homme. En mission, ils accueillent leurs hôtes avec bonheur et générosité. Au Château de Cérons, les cépages sont une science exacte à travers une gestion vertueuse alliant préservation de la biodiversité et innovation œnotouristique.

Durant votre visite, faites un pas de côté et observez. Dans le regard, dans le geste, dans l’attention, Caroline et Xavier sont profondément enracinés à leur terroir, ils ont tant à dire et à transmettre. Et quoi de mieux qu’un film immersif pour partager tout ce qui se télescopent dans leurs têtes ?

« Gabriel et la Goutte d’Eau » est l’œuvre matérialisant leur plaidoyer pour la vigne. Ce court métrage réalisé par Romain Dussaulx nous transporte dans un verre de vin de Cérons, sur les murs noircis du vieux chais de 300 ans, le voyageur retrace la vie d’une goutte d’eau venue des Pyrénées. Sacrée prouesse technologique et judicieux clin d’œil au Petit Prince…

« Un jour, offrir une bouteille ne sera pas seulement une gentille attention, mais un cadeau qui vous fera voyager dans un roman familial, dans un patrimoine vivant à transmettre. Voilà ce qui nous donne envie tous les jours de mettre sur un piédestal les vins bordelais. », confie l’attachante Caroline Perromat. 

Sur ce beau pari, nous quittons le Sud-Ouest de la France le cœur en joie, bardés d’images délicieuses et de souvenirs indélébiles. Et la vie redevient pétillante !

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