Par Michel Saugné, CIO, La Financière de l’Echiquier
En France, depuis la nomination du gouvernement Lecornu, dimanche 5 octobre à 20h, ce refrain entêtant du groupe The Clash trouve un écho dans les plus hautes sphères de l’Etat : de l’Elysée à Matignon, en passant par les ministères ou l’Assemblée nationale. Si la sortie de cette crise politique semble aujourd’hui[1] encore incertaine, ses conséquences directes sur l’économie et les marchés sont déjà palpables.
En remettant sa démission moins de 14 heures après sa nomination, le Premier ministre Sébastien Lecornu décroche le record du gouvernement le plus bref de l’Histoire française, outre-passant allègrement les records des IIIème et IVème République jusqu’ici références en la matière. Au passage, il décroche également le record du gouvernement le plus long à être nommé, signe que la crise politique que traverse la France est bien profonde. Dès la dépêche de sa démission tombée, les marchés financiers n’ont pas tardé à réagir en exigeant une prime supplémentaire pour les emprunts de l’Etat français face aux taux de référence de ses voisins. Le taux à 10 ans français est désormais plus élevé que celui de l’Espagne, du Portugal, de la Grèce ou encore de l’Italie, ces 4 pays au cœur de la crise des dettes souveraines de la décennie précédente. Ce taux élevé provoquera des dommages collatéraux sur le marché immobilier ou celui de dette d’entreprises françaises, même si certaines empruntent désormais paradoxalement moins cher que l’Etat français.
Cette crise politique est également de nature à entamer le moral des ménages et des entreprises, déjà peu confiants dans l’avenir. Mesurée par l’INSEE en septembre, la confiance dans les affaires tutoyait déjà les plus bas depuis la sortie de la crise covid. Quant aux ménages, leur taux d’épargne était déjà au plus haut depuis les années 70, hors période covid, signe que leur confiance dans l’avenir était déjà troublée.
Enfin, cet épisode n’est certainement pas une bonne nouvelle pour les finances publiques. Car, peu importe son issue – recomposition d’un gouvernement d’alliances, dissolution de l’Assemblée nationale, voire démission du président de la République – une gestion rigoureuse du budget 2026 semble improbable. Après l’agence de notation Fitch, Moody’s et S&P vont respectivement mettre à jour leur note de crédit pour l’Etat français le 24 octobre et le 28 novembre, difficile de croire qu’elles ne choisissent pas de dégrader la France ou a minima d’en revoir la perspective.
Du côté des actions, la sous-performance entre les valeurs françaises et celles de la zone euro apparue depuis la dissolution de juin 2024 continue de se creuser, signe de la défiance des investisseurs. Depuis le 6 octobre, cet écart s’est accentué un peu plus, et atteint près de 13% lorsque l’on prend pour référence des indices calculés par MSCI[2].
Sur la face B du single Should I Stay or Should I Go? des Clash, on retrouve le titre Straight to Hell, souhaitons une destination moins hostile à l’économie française.
[1] Le 10.10.2025
[2] Indices MSCI France et MSCI EMU (Euro Monetary Union). Performances dividendes réinvestis du 07/06/2024 au 09/10/2025
Opinion rédigée le 10.10.2025
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