Par Baptiste BOUCHARA, Paul CHABRAN, Mélanie Florence BONINSEGNI, et Giuseppe CATENAZZO

À l’ère des services de streaming tels que Netflix, Amazon Prime ou Disney+, l’expérience traditionnelle du cinéma est confrontée à une baisse de la fréquentation. Les salles de cinéma peuvent-elles coexister avec les services de streaming, ou leur déclin est-il inéluctable ? Notre étude se penche sur cette question.

L’évolution du paysage de la consommation de films

L’avènement des plateformes de streaming a révolutionné la façon dont le public s’engage avec le contenu cinématographique. La fréquentation des cinémas a considérablement diminué, la France et les États-Unis ont enregistré une baisse respectivement de 27,5 % et de 33,8 % des ventes de billets ces dernières années.

Plusieurs facteurs contribuent à ce déclin : tout d’abord, la pandémie de COVID-19 a accéléré l’adoption du numérique, obligeant les studios à repenser leurs stratégies de distribution. Deuxièmement, les préférences des consommateurs ont évolué, le public privilégiant l’accessibilité et le contenu à la demande à l’expérience cinématographique traditionnelle. Des plateformes comme Netflix s’appuient sur des algorithmes avancés pour fournir des recommandations personnalisées, améliorant ainsi l’engagement des utilisateurs d’une manière que les cinémas ont du mal à reproduire.

Les avantages concurrentiels du streaming ?

Les services de streaming possèdent plusieurs avantages stratégiques qui menacent la domination des cinémas traditionnels. L’une de leurs principales forces réside dans leur modèle économique disruptif, qui élimine les coûts associés à la distribution physique et maximise les marges bénéficiaires grâce à des flux de revenus basés sur les abonnements. En exploitant le big data et l’analyse prédictive, ces plateformes peuvent optimiser le contenu et améliorer la fidélisation de l’audience.

De plus, les plateformes de streaming exercent une pression importante sur les studios de production, remodelant la chaîne de valeur. Leur capacité à négocier des accords de contenu exclusifs leur a permis d’attirer des talents de premier plan, ce qui remet encore plus en question la pertinence des sorties en salles. Par exemple, les grands studios hollywoodiens ont commencé à donner la priorité aux sorties en streaming, brouillant ainsi les frontières entre les expériences cinématographiques et les expériences de visionnage à domicile.

Comment les cinémas peuvent-ils innover pour rester compétitifs ?

Pour les dirigeants de l’industrie, le changement actuel présente à la fois des défis et des opportunités. Les modèles de revenus traditionnels reposant sur la vente de billets et les concessions ne sont plus suffisants. Les gestionnaires doivent adopter une approche holistique qui intègre l’innovation expérientielle, l’engagement des consommateurs et les stratégies numériques.

Les cinémas doivent repenser leur proposition de valeur. Tout d’abord, les cinémas peuvent se différencier en offrant des expériences haut de gamme telles que l’IMAX, le 4DX et les sièges VIP afin d’attirer des publics à la recherche d’une expérience de visionnage supérieure.

Ensuite, au-delà des projections de films, les cinémas peuvent accueillir des événements en direct, des tournois d’eSports et des concerts afin de diversifier les flux de revenus. Le succès des projections spéciales, telles que les retransmissions en direct d’événements sportifs et de spectacles, démontre le potentiel de diversification des contenus.

Enfin, les cinémas peuvent explorer des partenariats avec les plateformes de streaming. Au lieu de les considérer comme des concurrents, cette démarche permettrait de combler le fossé entre la distribution numérique et physique. Par exemple, montrer les premiers épisodes en premières exclusives en salle de séries populaires en streaming pourrait inciter le public à revenir dans les cinémas.

En conclusion, alors que les plateformes de streaming continuent de remodeler la consommation de divertissement, les cinémas ne sont pas voués à l’extinction. Le défi pour les cinémas réside dans l’adoption de l’innovation tout en préservant l’essence de l’expérience cinématographique. Un modèle hybride, du phygital pour la cinématographie à l’instar de la distribution dans d’autres domaines, où les canaux de distribution numériques et physiques coexistent, semble être la voie la plus viable pour aller de l’avant.

Les leaders de l’industrie doivent reconnaître que l’avenir de la consommation de films n’est pas une bataille entre le streaming et les salles de cinéma, mais plutôt une évolution symbiotique où les deux modèles peuvent coexister et prospérer. Les cinémas qui s’adaptent avec succès à l’évolution des comportements des consommateurs et qui tirent parti de leurs forces uniques auront une carte à jouer dans le paysage du divertissement.

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