L’Europe face au changement : les fondamentaux laissent présager un rebond

2 novembre 2025

L’Europe face au changement : les fondamentaux laissent présager un rebond

Photo Francesco Sedati © Eurizon

Par  Francesco Sedati, Responsable des Actions, chez Eurizon

Les valorisations peuvent paraître raisonnablement élevées, mais le contexte macroéconomique continue à soutenir les marchés boursiers. 

Dans un contexte où les politiques budgétaires et monétaires demeurent favorables, les bénéfices des entreprises restent sur une trajectoire saine à l’échelle mondiale.

La situation en Europe en 2025 a été particulière. Après un début d’année prometteur, le marché a perdu de son élan face aux États-Unis. La raison : la force de l’euro qui a pénalisé les exportateurs et explique en grande partie la sous-performance relative par rapport au marché américain. Associé à l’incertitude tarifaire ayant gelé certaines décisions d’investissement de grands groupes mondiaux, ce frein a poussé les investisseurs vers ce que l’on appelle « l’Europe domestique » : les banques, les valeurs industrielles et, parmi elles, l’aérospatiale et la défense. L’année 2025 a donc été celle de l’Europe domestique.

2026 présente des opportunités pour les entreprises européennes

A horizon 2026, nous anticipons un retour progressif à la normale. La dévaluation du dollar a probablement déjà atteint son point culminant. Si cette pression s’atténue et que les incertitudes tarifaires s’estompent, les rendements devraient évoluer vers les exportateurs. Ce changement coïnciderait avec un autre vecteur que nous surveillons de près : l’Europe est le seul grand marché à ne pas avoir vraiment connu d’amélioration de ses multiples au cours des 12 derniers mois. Un changement de phase dans le cycle et les mesures de relance budgétaire en Allemagne pourraient agir comme des catalyseurs pour les bénéfices et, par conséquent, améliorer les valorisations. Cela même dans les segments les plus touchés en 2025, tels que la consommation discrétionnaire. Nous commençons à observer une stabilisation des habitudes de consommation, ce qui devrait soutenir la reprise de plusieurs valeurs.

La sélection des titres reste cruciale – l’Europe est un complément stratégique du portefeuille mondial

Cela se reflète parfaitement dans le portefeuille de notre fonds Top European Research. Environ 70 % du risque et de l’alpha proviennent de la sélection des titres. Le portefeuille, qui comprend environ 80 positions, recherche véritablement un équilibre entre les styles : nous voulons qu’il soit très diversifié, avec des idées de valeur et de croissance. Le fonds devrait être en mesure de performer dans n’importe quel environnement de marché.

Le processus est conçu pour être cohérent et réutilisable. Nous combinons une analyse fondamentale approfondie avec une sélection quantitative afin de détecter les rotations et les risques. Il en résulte un produit de base qui affiche des performances raisonnablement stables et prévisibles. Tout cela est accompagné d’un cadre ESG typique d’un fonds répondant à l’article 8. Le « G » occupe une place centrale : une bonne gestion et une bonne gouvernance sont essentielles pour garantir de bons rendements.

En analysant nos réussites, le secteur bancaire s’est révélé être un précieux allié. Il est l’un des principaux moteurs de la rentabilité depuis plusieurs années : forte capitalisation, valorisations attractives et nette amélioration des bénéfices grâce aux taux d’intérêt, à l’efficacité et au faible coût du risque. Après leur récente hausse, nous avons pris une partie des bénéfices.

Au-delà de la sélection des titres, la thèse européenne s’inscrit stratégiquement dans les portefeuilles mondiaux surpondérés en technologies américaines, dont une grande partie est liée à l’attrait de l’intelligence artificielle. L’Europe agit comme élément non corrélée dans les portefeuilles composés à 60-65 % d’actifs américains, dont une grande partie est liée aux technologies liées à l’IA.

L’Europe équilibre aujourd’hui les portefeuilles mondiaux. Elle a un potentiel d’amélioration, avec des bénéfices à la hausse et des multiples qui peuvent encore progresser. Parallèlement, la discipline est de mise : sélection patiente, contrôle des risques et rigueur en matière de gouvernance afin de protéger les actionnaires minoritaires.

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