Enquête Deloitte auprès des dirigeants d’entreprise : les entreprises suisses misent sur l’IA comme moteur de la durabilité

9 décembre 2025

Enquête Deloitte auprès des dirigeants d’entreprise : les entreprises suisses misent sur l’IA comme moteur de la durabilité

La technologie devient un instrument essentiel de la durabilité : 88% des entreprises suisses utilisent déjà l’intelligence artificielle pour atteindre leurs objectifs environnementaux – davantage que la moyenne mondiale. Le nouveau CSuite Sustainability Report de Deloitte montre que, si la technologie devient une priorité absolue, la durabilité reste un thème central et est de plus en plus axée sur la technologie. De plus, il est nécessaire d’agir car une entreprise sur quatre a encore des difficultés à mesurer son impact réel sur l’environnement. Et tandis que l’impact environnemental est au cœur des enjeux mondiaux, les entreprises suisses sont deux fois plus nombreuses à surveiller de près l’impact des mesures de durabilité sur leur propre marque. 

En Suisse, la technologie est devenue la priorité absolue des entreprises (56%), suivi de près par la durabilité (47%). Il apparaît donc clairement que ces deux thèmes sont indissociables. 88% des entreprises suisses interrogées utilisent déjà l’IA comme instrument pour soutenir leurs efforts en matière de durabilité – soit plus que la moyenne mondiale de 81%. Elles l’ont bien compris : sans technologie, aucune transformation durable mesurable n’est possible. Les technologies sont utilisées en premier lieu pour la gestion de la chaîne d’approvisionnement (53%), l’amélioration de l’efficacité opérationnelle (53%), le développement de produits durables (50%) et le reporting sur l’impact en matière de durabilité (47%). 

Cette orientation résolue vers les technologies a pour but d’aider les entreprises à relever leur plus grand défi actuel en matière de durabilité : un quart (25%) des dirigeants interrogés en Suisse citent la mesure de leur propre impact environnemental comme le principal obstacle à la mise en œuvre des mesures planifiées. La collecte de données s’avère particulièrement complexe en ce qui concerne la chaîne d’approvisionnement. Toutefois, les technologies modernes permettent de plus en plus d’intégrer directement les indicateurs de durabilité dans les systèmes commerciaux existants, facilitant ainsi la systématisation de leur collecte et de leur reporting. 

« Le taux élevé d’adoption de l’IA montre que les entreprises suisses considèrent la technologie comme la clé d’une durabilité mesurable. Une utilisation efficace est déterminante : il faut privilégier les modèles IA spécialisés plutôt que les systèmes universels gourmands en énergie. En investissant intelligemment, il est possible de mesurer et de contrôler avec précision son propre impact environnemental. C’est le chemin qui mène des bonnes intentions aux bons résultats», explique Reto Savoia, CEO de Deloitte Suisse. 

Perception possible comme greenwashing 

Malgré des progrès techniques, il existe des lacunes critiques. Ainsi, des différences notables apparaissent dans les priorités en matière d’évaluation des mesures de durabilité : 36% des membres de comités de direction suisses évoquent la protection de la marque, la propriété intellectuelle et l’atténuation des risques comme étant les principaux critères de décision, tandis que seulement 18% placent en tête l’impact environnemental direct de leurs mesures. Les résultats à l’échelle mondiale brossent un tableau à l’exact opposé, – un antagonisme qui soulève des questions quant à l’équilibre entre la gestion des risques et l’impact réel des mesures de durabilité au sein des entreprises suisses. 

« Le poids beaucoup plus important accordé aux valeurs incorporelles telles que la marque et la réputation par rapport à l’impact environnemental direct mérite une attention plus soutenue », explique Liza Engel, Chief Sustainability Officer de Deloitte Suisse. Les entreprises suisses doivent s’assurer que l’impact environnemental mesurable de leurs initiatives ne passe pas au second plan. Les meilleures stratégies de durabilité sont celles qui combinent à la fois une gestion des risques solide et des répercussions positives mesurables sur l’environnement. » 

Les investissements dans la durabilité continuent d’augmenter 

Les investissements en matière de durabilité demeurent à un niveau élevé : l’an passé, 87% des entreprises suisses interrogées ont augmenté leurs dépenses dans ce domaine, soit plus que la moyenne mondiale de 83%. Par ailleurs, 83% des personnes interrogées ont intégré la durabilité dans tous leurs processus commerciaux – une proportion en hausse significative par rapport aux années précédentes, où la conformité dépassait encore la durabilité dans la liste des priorités. Les avantages financiers sont également tangibles : 58% des entreprises sondées font état d’effets positifs de leurs mesures de durabilité sur le chiffre d’affaires, et 55% pointent des réductions de coûts. 

« Les arguments économiques en faveur des investissements dans la durabilité font mouche : les entreprises suisses constatent des améliorations évidentes en termes d’efficacité et de marges », explique Liza Engel. « La question centrale reste de savoir si ces investissements engendrent également des résultats environnementaux mesurables. Sur ce point, les entreprises peuvent compter sur des systèmes de mesure cohérents tout au long de la chaîne de création de valeur. » 

Le changement climatique reste un enjeu stratégique pertinent en dépit d’une pression moindre 

Malgré le recul du changement climatique et de la durabilité dans la liste des priorités, 70% des dirigeants interrogés s’attendent toujours à des répercussions significatives sur leur stratégie commerciale au cours des trois prochaines années, contre 82% l’an passé. Parmi les répercussions tangibles pour leur entreprise, 36% d’entre eux citent la hausse des coûts et la raréfaction des matières premières, de même que l’impact des événements météorologiques extrêmes sur leur activité. 

Dans le même temps, la pression externe exercée sur les entreprises suisses pour qu’elles se préoccupent davantage de la durabilité et du changement climatique est en recul : la proportion de cadres qui ressentent une pression modérée à forte de la part de leurs parties prenantes est passée de 81% l’an passé à 74% aujourd’hui. À cet égard, un constat est frappant : seuls 34% des personnes interrogées disent subir une pression notable de la part de leurs actionnaires pour s’engager davantage dans le domaine de la durabilité – un chiffre à mettre en regard du pourcentage mondial de 58%.

« La faible pression exercée par les actionnaires n’est pas un passe-droit mais une obligation de faire preuve de clairvoyance entrepreneuriale. Les entreprises suisses peuvent désormais se transformer en partant d’une position de force. Ceux qui saisissent cette opportunité et utilisent systématiquement la technologie pour obtenir un impact environnemental mesurable s’assurent des avantages concurrentiels à long terme », explique Reto Savoia avec conviction. 

À propos de l’étude 

LCSuite Sustainability Report 2025 de Deloitte est le fruit d’une étude menée auprès de plus de 2’100 cadres issus de 27 pays, dont 77 de Suisse. L’enquête a été réalisée entre mai et juin 2025. 

 

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