Apprendre à l’âge adulte sur fond d’Executive MBA. Par Dr. Anne Mai Walder

13 mars 2012

Apprendre à l’âge adulte sur fond d’Executive MBA. Par Dr. Anne Mai Walder

Nous savons maintenant que, physiologiquement, les adultes peuvent apprendre et évoluer tout au long de leur vie (Ludwig et Chicherio, 2007). À travers quelques articles mensuels, je vous propose de découvrir l’apprentissage chez l’adulte que je vais illustrer au moyen de l’élitiste Executive Master of Business Administration (EMBA) du monde des affaires.

Cet apprentissage ne se résume pas à la simple accumulation de savoirs. Il s’agit de remettre en question ses propres connaissances, existantes, lorsque de nouvelles les confrontent. En d’autres termes, l’apprentissage reflète nos perceptions et compréhensions du monde qui nous entoure et nous permet de lui construire une signification (Marton et Booth, 1997).

Ainsi, l’apprentissage s’effectue à travers de :

  • la maîtrise
  • l’analyse et la compréhension d’informations factuelles,
  • l’acquisition de méthodes, d’approches ou de techniques,
  • la reconnaissance et le raisonnement,
  • l’échange par débat d’idées et le développement de compétences.

Je parle ici du « Savoir-agir » de Tardif (2006) qui requiert les savoirs, le savoir-faire et le savoir-être pour bien agir au bon moment dans une situation donnée. L’éducation des adultes revêt différentes facettes qui s’articulent autour de l’apprentissage tout au long de la vie et l’EMBA sera mon parallèle métaphorique pour en expliquer les grands principes.

L’envie, le plaisir et la finalité sont, entre autres, trois critères indispensables à l’apprentissage chez l’adulte ce qui autorise la créativité et l’ingéniosité. L’EMBA s’avère une aventure qui tente de nombreux managers et directeurs chaque année (l’envie). Bien que principalement fréquenté par des cadres dirigeants, il n’est pas rare d’y côtoyer des ingénieurs ou professionnels de nombreuses disciplines souhaitant découvrir l’univers de la gestion ou de diplômés en milieu de carrière qui cultivent la volonté de remettre à jour leurs connaissances.

Dans le monde économique concurrentiel et mouvant d’aujourd’hui, son prestige et sa reconnaissance internationale font de lui le sésame incontournable pour accéder aux plus hauts niveaux du management (la finalité). Le MBA généraliste est le seul master qui regroupe une palette variée de disciplines toutes nécessaires à la bonne gouvernance de l’entreprise. Il représente, à mon sens, un exemple de multidisciplinarité dans un monde encore très dichotomique. Je pense à ce titre que les programmes de MBA trop spécialisés dans un domaine spécifique fragilisent cet avantage certain. L’EMBA, bien plus élitiste, se caractérise par ses participants, tous managers ou dirigeants d’entreprise, qui ont une expérience professionnelle avérée dans des domaines différents. Ainsi, les participants apprennent tant de la théorie enseignée par les professeurs que des échanges d’expériences professionnelles entre pairs (le plaisir).

Entamer une telle formation amène toutes sortes d’interrogations et de doutes qui me semblent indispensables à la reprise d’étude. Négliger cette réflexion et se lancer à l’aveugle pourraient avoir des conséquences néfastes et mener à l’échec. En effet, l’émancipation personnelle éventuelle de l’apprenant adulte dans cette démarche ne profite pas forcément positivement à son environnement professionnel et personnel (Jouy, 1997). Je pense que cette émancipation trouverait toute sa dimension dans la dynamique d’un groupe de personnes qui souhaiterait l’expérimenter ou la vivre en même temps.

Dans le monde du travail autant que dans la sphère privée, le changement n’est pas toujours positivement perçu, car il engendre, s’il est accepté, une perturbation momentanée de l’ensemble de l’équilibre de l’entreprise ou de la cellule familiale et s’il ne l’est pas, une exclusion de la structure rigide et conservatrice. De nombreuses formations MBA coexistent et chaque établissement d’enseignement supérieur lui donne une orientation et un caractère particulier. Il revient au futur participant de choisir, parmi l’éventail qui s’offre à lui, la formation qui lui convient le mieux. Un programme adapté à l’adulte changera sa vie et sa perception du monde, il s’agit donc de s’y préparer adéquatement.

Il existe une contribution de la reprise d’étude aux logiques de restructuration existentielles où le retour aux études trahit une recherche de socialisation nouvelle engendrant un changement identitaire qu’il s’agisse d’une continuation, d’une conversion ou d’une rupture (Fond-Harmant, 1993). Une question revient souvent : « Tous les diplômés MBA se valent-ils ? » Je suis d’avis que c’est l’individu qui fait le MBA et non le contraire. Il se construit par rapport à son expérience passée, à ses objectifs fixés pour le futur et surtout à ses envies et ambitions.

Ce petit tour d’horizon introductif nous amènera le mois prochain aux questions de la valorisation de la formation au sein de l’entreprise et de l’important choix du programme diplômant et de l’établissement d’enseignement supérieur…

Dr. Anne Mai Walder / Expert pour Le Monde Economique / www.WalderPublications.ch

 

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