Au premier semestre 2025, le marché suisse de l’emploi affiche une stabilité notable. Les chiffres publiés par l’Office fédéral de la statistique (FSO) et le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) indiquent une croissance modérée de l’emploi (+0,7 %) et un taux de chômage contenu à 2,7 %. Parallèlement, les postes vacants diminuent de 16,4 % sur un an, révélant un rééquilibrage structurel du marché. Ces données sont issues des sources officielles suisses : l’Office fédéral de la statistique publie trimestriellement des relevés sur l’emploi, tandis que le SECO communique mensuellement les chiffres du chômage. Les dernières publications de juillet 2025 confirment la fiabilité et l’actualité de ces informations.
Dans ce contexte, l’enjeu n’est pas uniquement de suivre des courbes. Il s’agit de poser une lecture qualitative du marché, en intégrant la complexité des mutations à l’œuvre : vieillissement de la population active, transformation des compétences, digitalisation des processus, attentes différenciées des nouvelles générations. Tous ces facteurs redéfinissent les dynamiques d’emploi.
La hausse de l’emploi observée au premier trimestre traduit une phase de consolidation. Après des années marquées par des ajustements rapides et parfois chaotiques, les entreprises tendent à stabiliser leurs effectifs tout en renforçant leur résilience interne.
Les secteurs porteurs restent la santé, la construction, les technologies de l’information, ainsi que les services aux entreprises. Toutefois, une prudence s’installe dans les décisions d’embauche, en lien avec les coûts, les tensions internationales et les enjeux de productivité.
Les perspectives à moyen terme dépendent fortement de la capacité des structures à anticiper les
compétences de demain et à intégrer les nouveaux modèles organisationnels. La croissance de l’emploi n’est plus quantitative : elle devient qualitative.
Avec un taux de chômage à 2,7 %, la Suisse demeure en situation de quasi plein emploi. Mais cette moyenne nationale masque des réalités contrastées. Les cantons présentent des différences notables : Genève et le Tessin affichent des taux supérieurs à la moyenne, tandis que la Suisse centrale conserve une dynamique plus tendue.
Certaines catégories de travailleurs restent particulièrement exposées : les jeunes de moins de 25 ans, les seniors de plus de 55 ans, les profils en reconversion ou en repositionnement professionnel. Leur insertion dépend souvent de dispositifs spécifiques (mesures RHT, stages de réinsertion, formations continues).
Il est essentiel de soutenir l’employabilité par des approches individualisées et de renforcer la coordination entre acteurs publics, employeurs et professionnels de l’accompagnement. Un marché sain ne se contente pas de chiffres bas : il veille à ce que chacun trouve sa place durablement.
La chute des postes vacants, de l’ordre de 16,4 % en un an, peut s’interpréter comme un assainissement du marché. Les entreprises ne multiplient plus les offres sans priorisation claire. Elles deviennent plus sélectives, plus stratégiques.
Cela traduit une mutation culturelle : on ne recrute plus sur opportunité, mais sur projet. Cette logique est saine, à condition de ne pas générer de décalage entre besoin réel et recrutement effectif. Un pilotage RH rigoureux devient ici un facteur de compétitivité. De nombreuses entreprises suisses adoptent désormais des outils de WorkForce planning ou de cartographie prévisionnelle des compétences, renforçant la pertinence des décisions RH. Il s’agit d’une tendance à encourager.
L’attractivité du marché suisse repose aussi sur sa capacité à combiner performance économique et stabilité sociale. Cela implique de maintenir une capacité d’insertion pour les profils moins conventionnels, souvent porteurs de valeur et d’engagement.
En tant que conseillère en insertion professionnelle, j’observe chaque jour des profils prêts à s’investir, mais qui peinent à accéder à la première opportunité. Les employeurs ont ici un rôle à jouer, en lien avec les dispositifs existants et les accompagnements proposés.
L’équilibre futur se construira autour d’une logique de flux adaptés : une entreprise agile est celle qui sait
ajuster ses ressources sans cesser d’investir dans l’humain.
Le marché suisse de l’emploi ne montre pas de signes de rupture, mais bien une mue en cours. L’équilibren atteint au premier semestre 2025 résulte d’une vigilance collective. Il impose à chacun – recruteurs, intermédiaires de l’emploi, institutions publiques – de continuer à agir avec responsabilité.
Observer les chiffres ne suffit plus. Il s’agit de les comprendre, de les contextualiser, et surtout, de les
transformer en leviers d’action. Recruter aujourd’hui, c’est être acteur d’un marché qui se redessine. C’est choisir de s’inscrire dans une trajectoire où l’emploi reste un pilier de stabilité économique autant qu’un facteur d’engagement sociétal.
Sources :
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