Équipe de gestion healthcare de Bellevue Asset Management.
Le secteur de la santé aborde la nouvelle année avec le vent en poupe. La visibilité autour des politiques publiques de santé s’est améliorée et les investisseurs réallouent davantage d’actifs à ce secteur. Les prévisions de bénéfices futurs dans le domaine de la santé sont en hausse, soutenues par un vaste pipeline d’innovations et l’émergence de nouveaux segments de marché. Cependant, les actions du secteur de la santé se négocient toujours avec une décote par rapport au marché mondial. Une revalorisation est en cours et gagne en ampleur. Aux niveaux actuels, il existe encore des points d’entrée attractifs pour renforcer l’exposition au secteur de la santé.
La dynamique du secteur est soutenue par les cinq facteurs clés suivants :
L’accord sur les prix des médicaments conclu entre l’administration américaine et Pfizer, annoncé fin septembre, suivi d’accords similaires conclus avec Eli Lilly et Novo Nordisk en novembre, ont clairement marqué un tournant. Ces annonces ont instauré un cadre prévisible en matière de politique de tarification et de remboursement des médicaments, réduisant ainsi l’incertitude qui pesait sur le secteur comme une épée de Damoclès et améliorant la visibilité en matière de planification.
Les investisseurs ont rapidement réagi à cette évolution : le secteur de la santé figure parmi les plus performants du marché mondial des actions depuis le début du trimestre (+9 %) ; le secteur biopharmaceutique a surperformé le marché global d’environ 14 points de pourcentage et, au cours des trois derniers mois seulement, 8 milliards de dollars supplémentaires ont été investis dans des ETF du secteur de la santé à l’échelle mondiale. Les investisseurs institutionnels comme les généralistes reviennent vers le secteur de la santé.
Les valorisations du secteur de la santé se rapprochent progressivement de leurs moyennes historiques, mais le secteur se traite encore avec une décote d’environ 13 % par rapport aux actions mondiales. Les perspectives pour les entreprises du secteur de la santé sont prometteuses : la croissance moyenne estimée des bénéfices pour les produits biopharmaceutiques et les équipements de sciences de la vie pour la période 2024-2027 est d’environ 15 %, soit plus du double du taux de croissance historique d’environ 7 % par an.
En 2026, les actions biopharmaceutiques devraient bénéficier de multiples tendances structurelles : l’émergence de nouvelles classes de traitements en oncologie, les avancées dans le traitement de l’obésité et du diabète, ainsi que les innovations thérapeutiques dans le domaine des maladies cardiovasculaires génèrent des volumes de marché supplémentaires. La demande pour des solutions de biotransformation progresse également, portée par les activités de relocalisations industrielles et par de nouvelles plateformes de production.
L’industrie biopharmaceutique dispose par ailleurs d’une trésorerie de plus de 180 milliards de dollars qu’elle peut consacrer à des opérations de fusions-acquisitions afin de compenser les pertes de revenus liées à l’expiration des brevets ou de combler les lacunes stratégiques dans les pipelines de R&D.
Les technologies médicales demeurent un moteur de croissance clé, soutenues à la fois par une forte demande dans les segments de marché établis et par l’émergence récente de nouveaux marchés de plusieurs milliards de dollars. Les systèmes de chirurgie assistée par robot, les dispositifs de surveillance du glucose et les traitements des pathologies cardiaques sont des domaines qui continuent à afficher des taux de croissance à deux chiffres.
Nous estimons que le marché potentiel des solutions de surveillance continue du glucose évoluera de 11,7 milliards de dollars en 2024 à plus de 21 milliards de dollars d’ici 2029. Les nouvelles technologies telles que l’ablation par champ pulsé font rapidement leur apparition dans la pratique clinique tandis que les lunettes intelligentes assistées par l’IA gagnent du terrain. Le taux de croissance des ventes d’EssilorLuxottica a plus que doublé cette année, précisément grâce à cette catégorie de produits.
Les valorisations des medtech demeurent attractives : les actions des grandes capitalisations du secteur se négocient à 18,3 fois les bénéfices prévisionnels sur 12 mois, ce qui représente une décote d’environ 18 % par rapport à l’indice S&P 500.
Les marchés émergents s’affirment progressivement comme de véritables pôles d’innovation. La Chine est en pleine transformation, passant du statut de partenaire de licence à celui d’acteur pharmaceutique mondial. Les entreprises chinoises commercialisent de plus en plus de médicaments à la pointe et développés en interne, comme par exemple des anticorps bispécifiques en oncologie ou de nouvelles plateformes de conjugués anticorps-médicaments (ADC).
En Inde, la croissance rapide de la classe moyenne et les dépenses publiques considérables dans les infrastructures de santé constituent des moteurs de la croissance majeurs. La prise en charge des maladies chroniques est un marché en pleine expansion dans ce pays ; les chaînes d’hôpitaux privés ne cessent de se développer et les médicaments spécialisés sont devenus un segment de marché significatif.
Ces évolutions donnent naissance à de nouveaux écosystèmes de santé, dans lesquels les pays nouvellement industrialisés ne se contentent plus d’être intégrés aux chaînes de productions et de coûts des médicaments des entreprises occidentales, mais deviennent des concepteurs de médicaments spécialisés de haute qualité et de plateformes thérapeutiques à portée mondiale.
Le secteur de la santé entamera l’année 2026 avec de solides moteurs de croissance structurels et une meilleure visibilité sur les résultats. L’innovation demeure un facteur clé, soutenue par des pipelines bien remplis, de nouvelles plateformes thérapeutiques et des solutions technologiques avancées.
Il convient également de noter la divergence significative des performances du secteur, telle que mesurée par l’indice MSCI World Healthcare : au premier semestre 2025, l’écart de performance entre les actions les plus performantes et les moins performantes atteignait respectivement +72 % et -38 %. Cet écart reflète la segmentation croissante au sein de l’univers des valeurs de la santé, qui constitue un environnement propice aux gestionnaires actifs, qui peuvent générer un alpha significatif grâce à une sélection rigoureuse des titres.
Après la récente phase d’incertitude réglementaire, le secteur de la santé retrouve aujourd’hui ses atouts historiques en termes d’innovation, de croissance et de visibilité opérationnelle, qui lui a régulièrement permis de générer une valeur tangible.
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