De la femme alphabétisée à la femme entrepreneur

11 septembre 2012

De la femme alphabétisée à la femme entrepreneur

Depuis cette année 1452 qui vit le premier livre imprimé en Europe, sous le nom énigmatique de « bible à quarante-deux lignes », la diffusion à grande échelle du savoir était lancée. Six siècles après la bible de Gutenberg, le monde compte près de 4 milliards d’alphabètes. Et un milliard d’internautes échangent chaque jour sur les réseaux sociaux ! Pourtant, près de 800 millions d’autres sont exclus des modes de communication modernes que sont l’Internet ou la messagerie textuelle et donc de toutes formes de participation à une vie sociale et politique du seul fait de leur analphabétisme. Alors que penser de ce succès mitigé ?

Comme le préconise l’UNESCO, les compétences en alphabétisation doivent évoluer, comme la technologie elle-même, pour permettre l’échange des savoirs. En Afrique Subsaharienne, 4 jeunes adultes sur 10, ayant passé au moins 5 ans à l’école, sont analphabètes. Face à ce défi, le gouvernement burkinabè a entrepris de très gros efforts en vue de corriger le taux d’alphabétisation qui reste l’un des plus faibles de la planète. En 2008, il a mis en place un Fonds National pour l’Alphabétisation et l’Education Non Formelle. Profitant de ce contexte politique favorable, Aide et Action mène un projet d’alphabétisation des femmes productrices de beurre de karité dans 7 régions du pays, en partenariat avec la Fondation L’Occitane.

Lancé en juillet 2010, ce projet a pour but de renforcer l’autonomie des femmes et de leurs organisations en milieu rural et urbain. Plus particulièrement, il s’agit pour les femmes productrices de beurre de karité, d’utiliser les acquis de l’alphabétisation comme un levier socio-économique. Afin d’atteindre ces objectifs, des centres d’alphabétisation sont pourvus de bibliothèques et équipés en matériel pédagogique. Mais la pierre angulaire du projet réside dans la formation des animateurs et des facilitateurs, ainsi que dans les activités de sensibilisation de la population féminine aux bienfaits de l’éducation. A terme, ce type de projet a pour ambition d’améliorer concrètement le revenu des femmes alphabétisées qui pratiquent une activité professionnelle initiée grâce au projet.

Les bénéfices sociaux et économiques des programmes d’alphabétisation sont connus depuis longtemps. Les enfants de parents alphabétisés ont plus de chances que les autres d’accéder à l’éducation. Un enfant dont la mère sait lire a 50% de chances de plus de survivre au-delà de sa cinquième année. Quant aux femmes ayant assimilé les acquis fondamentaux de la lecture et de l’écriture, elles développent plus facilement une activité économique leur permettant de mieux subvenir aux besoins de leur famille (soins, hygiène).

Ces réalités fortes et mesurables renforcent le constat selon lequel, plus les femmes participent et s’intègrent à la vie économique de leur pays, plus la compétitivité s’accroît. Graça Machel, épouse de Nelson Mandela et organisatrice du 1er Sommet économique des femmes africaines, à Nairobi en 2010, l’a bien compris. Cette militante de l’accès des femmes aux finances en Afrique, explique ainsi que « toutes les expériences de microcrédit montrent que les femmes ont un taux de remboursement bien supérieur à celui des hommes. Et elles investissent dans l’éducation de leurs enfants ».

Savoir lire et écrire permet de développer une meilleure estime de soi, de participer à la vie démocratique et d’améliorer ses capacités d’adaptation. Elle permet aussi à la productrice de beurre de karité d’exister économiquement.

Agnès Pfister, Rédactrice & Chargée de Communication pour Aide et Action Suisse

 

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