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Des stages pour entrepreneurs romands en Suisse alémanique? Par Peter Köppel

Au deuxième Forum PME/KMU du 3 novembre 2011 à Nyon sur les relations alémanico-romandes des PME, une des propositions des participants était d’organiser des stages pour entrepreneurs et cadres romands en Suisse alémanique – et vice versa, proposition largement approuvée par un public nombreux. Pourquoi des stages?

Pour faire l’expérience de l’autre au lieu de suivre des idées reçues à son égard, pour connaître le potentiel des partenaires, les réserves de main d’œuvre et des marchés outre Sarine, et pour tester et développer sa propre aptitude à se familiariser avec une autre culture d’entreprise et de gestion.

Est-ce faisable? Avec beaucoup de bonne volonté, des objectifs bien définis et des ressources solides. Commençons par les objectifs: Il s’agit d’obtenir toutes les informations nécessaires pour décider d’une implantation, d’un canal de distribution, d’une coopération, d’un effort pour recruter du personnel dans l’autre région. Faut-il y aller soi-même pour ça? Nos participants le pensent, car l’information n’est complète, elle ne vous prépare à la décision que si vous la recueillez vous-même. L’information qu’il vous faut n’est pas abstraite, mais comporte des éléments qu’il n’est qu’à vous de peser dans la balance: Est-ce que cela convient à mon entreprise – ou cela ne convient-il pas?

Ceci pour les objectifs – et les ressources? Question moins difficile à régler qu’on ne pense à première vue. Des séjours d’une durée d’une ou de deux semaines dans une entreprise similaire de l’autre région paraissent parfaitement faisables. Mais comment trouver le partenaire adéquat? C’est là que devraient intervenir les organisations économiques sur place: les offices de la promotion économique, les chambres de commerce et de l’industrie, les associations de branches.

Le rôle du Forum PME/KMU? Encourager et faciliter :

  1. les contacts entre ces organisations
  2. et si cela s’avérait nécessaire, les contacts entre les entreprises, les patrons et les cadres eux-mêmes.

Reste la question du financement. Or, les organisations de l’économie sus-nommées existent et fonctionnent déjà, les prestations qu’on leur demande ne produisent pas des coûts supplémentaires considérables. Pour le Forum PME/KMU, dont les manifestations sont en grande partie financées par des sponsors, il faudrait trouver une solution PPP, dans un ordre de grandeur d’ailleurs négligeable quand on considère d’autres budgets débloqués au profit des PME… Dans ce modèle, les entreprises n’auraient qu’à porter les frais du déplacement de leurs chefs et cadres – et le coût, bien sûr, de l’absence (partielle) de ceux-ci pendant leur stage.

Trouverait-on des entreprises-hôtes pour recevoir nos entrepreneurs? A-t-on jamais essayé? Bien sûr que la personne invitée doit être accueillie, encadrée, accompagnée. Il lui faut consacrer un temps précieux. Mais il y a un retour, ou plutôt des retours! Vous, les hôtes, vous aurez des avis professionnels sur vos structures et processus, et vous aurez chez vous un partenaire potentiel pour vos propres activités dans l’autre région. La confidentialité? Vous n’allez pas dire tous vos secrets, et pour le reste, il faudra faire confiance.

De la bonne volonté, il n’en faudrait pas seulement du côté des stagiaires et de leurs hôtes, mais aussi du côté des organisations de l’économie. Car un stage bien fait doit être accompagné de façon professionnelle. Les offices et chambres pourraient organiser des soirées pour les stagiaires, les aidant à faire d’autres contacts encore et d’échanger leurs points de vue avec leurs collègues.

Quel est l’intérêt de ces organisations à faire cet effort? Primo, quant aux chambres de commerce, elles sont là pour le bien de leurs membres, qui tirent bénéficent des stages. Deuxièmement, parlant des offices de promotion, elles sont intéressées à faire toujours mieux fonctionner leurs clusters, donc d’attirer des PME ayant un potentiel technologique intéressant. Troisièmement, toutes ces organisations peuvent tirer profit d’une collaboration ainsi intensifiée entre elles, pour dépasser une compartimentation de plus en plus obsolète. Leur tâche n’est plus seulement de défendre les PME de leur territoire, mais de renforcer ensemble le tissu des PME en Suisse. La preuve? Le cas Novartis. Ce cas montre un déséquilibre très problématique concernant les instances de décision qui impactent sur une région.

Il est dans l’intérêt d’une région d’établir un équilibre entre les décideurs externes et leur tissu décisionnel propre. On est toujours dans l’interdépendance, bien sûr, mais celle-ci n’est équilibrée que si elle est mutuelle. Elle ne l’est pas dans des cas comme Novartis. Or, le seul moyen de renforcer le tissus décisionnel, c’est d’encourager et faciliter la coopération entre les PME elles-mêmes. Et cela n’est possible aujourd’hui, au stade actuel de la technicisation et de la mondialisation, que si on implique la Suisse entière, qui, à l’échelle mondiale, est toujours une région de petite taille.

Dr. Peter Köppel, Consultant chez Le Monde Economique et Président du conseil d’administration de Köppel+Partner

 

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