Diriger sans renoncer à soi-même : l’art de la proximité bienveillante

16 octobre 2025

Diriger sans renoncer à soi-même : l’art de la proximité bienveillante

Entre proximité et autorité, empathie et exigence, le dirigeant d’aujourd’hui avance sur un fil. Comment rester soi-même sans perdre sa légitimité ? Dans cette chronique, je partage ma réflexion sur l’art de créer un lien authentique tout en gardant sa place.

Quand on endosse un rôle de direction, on découvre très vite que la compétence ne suffit pas. Diriger, c’est avant tout une affaire de lien, ce fil invisible qui relie les personnes, donne du sens aux décisions et crée la confiance. Pourtant, tisser ce lien sans le fragiliser, entre amitié et autorité, reste l’un des plus grands défis du leadership. J’ai moi-même longtemps cherché cet équilibre. Vouloir être un dirigeant humain, accessible, sans pour autant devenir « un copain de bureau », c’est une ligne fine, mouvante, et parfois inconfortable.

Être soi, vraiment

L’authenticité est souvent invoquée, rarement incarnée. Pourtant, c’est elle qui fait la différence entre un manager qui pilote et un leader qui inspire. Être authentique, ce n’est pas tout dire, ni tout montrer. C’est être cohérent : entre ce que je pense, ce que je dis et ce que je fais. J’ai appris qu’on peut montrer sa vulnérabilité sans perdre son autorité. Dire « je ne sais pas » n’entame pas la crédibilité — au contraire, cela ouvre la porte à la collaboration. L’équipe ne cherche pas un chef infaillible, elle cherche une direction claire et une présence sincère. L’authenticité commence donc par un travail intérieur : se connaître, accepter ses limites, savoir ce qui nous anime profondément. C’est à partir de cette clarté qu’on peut construire des relations solides et vraies. Mais créer un lien authentique, ce n’est pas tout partager. C’est savoir où s’arrête la proximité et où commence la responsabilité. J’aime échanger, rire, partager des moments conviviaux avec mon équipe. Pourtant, j’ai compris que mon rôle n’était pas d’être « ami » avec mes collaborateurs. L’amitié crée une attente de réciprocité, alors que le leadership demande de garder une vision globale et parfois de trancher. La bienveillance ne doit jamais se transformer en complaisance. Être proche, oui. Être complice, parfois. Mais rester lucide, toujours. Cette distance bienveillante permet de préserver la qualité du lien sans brouiller les repères. En réalité, le respect naît souvent de cette clarté : quand chacun connaît la place de l’autre, les échanges gagnent en fluidité, les décisions en légitimité.

L’autorité qui inspire

Il fut un temps où je croyais qu’un dirigeant devait affirmer son autorité pour être respecté. Avec les années, j’ai compris que le respect ne se décrète pas, il se mérite. Et qu’il se gagne non pas par la force, mais par la constance. Les collaborateurs observent davantage ce que nous faisons que ce que nous disons. Ils nous testent, consciemment ou non, sur notre cohérence. Si nos décisions varient selon l’humeur du jour, si notre exigence s’applique à eux mais pas à nous, le respect s’effrite. Se faire respecter, c’est tenir parole, même dans le silence. C’est assumer ses erreurs, féliciter sincèrement, recadrer avec justesse. C’est aussi accepter que l’on ne plaise pas toujours. Je préfère être perçu comme juste que comme sympathique, car la confiance se bâtit sur la justice, pas sur la popularité..

Aujourd’hui, je crois profondément que l’autorité et la bienveillance ne sont pas opposées, elles sont complémentaires. Un bon leader n’impose pas : il inspire. Il ne contrôle pas : il accompagne. Mais pour cela, il doit oser rester humain, même au sommet de la hiérarchie. Créer un lien authentique dans un rôle de responsabilité, c’est donc accepter cette tension permanente entre cœur et cadre, entre proximité et posture. C’est savoir écouter sans se perdre, décider sans blesser, guider sans dominer. Et paradoxalement, c’est dans cette humilité que réside la véritable force du dirigeant. Parce qu’au fond, l’autorité la plus durable ne vient pas de la position qu’on occupe, mais de la confiance qu’on inspire.

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