Le président Abdel Fattah Al-Sissi vient de marquer l’histoire du pays à travers cette réalisation d’envergure.

Le 6 août 2015, l’Egypte a inauguré le «nouveau canal de Suez». Ce trafic maritime, reliant la mer Rouge à la Méditerranée, a été marqué par la construction d’une seconde voie de passage, un rallongement de 37 kilomètres et un approfondissement sur 35 km. Les travaux réalisés en un an, permettront de doubler le trafic actuel. Le nombre de navires en circulation sur cette voie innovée passera de 49 à près de 97 par jour. Désormais, il suffit de 11 heures pour traverser vers le Sud au lieu de 18 heures. Selon le conseil mondial de navigation, le projet a été financé à 80% par la population égyptienne après un appel à la souscription de bons de participation. Au total, près de 7,5 milliards d’euros ont été récoltés pour la réalisation des travaux. Les autorités de ce pays tablent sur les recettes allant de 11 à 12 milliards d’euros par an en 2023. Une somme importante qui permettrait de combler les pertes liées au déficit touristique. Cette inauguration provoque une vague d’optimismes chez la plupart des Egyptiens, satisfaits du nouveau canal. Selon un sondage publié par l’institut Bassira, 78% des Egyptiens interrogés à l’occasion de l’inauguration pensent que le nouveau canal de Suez aura un impact positif sur eux et leur famille.

Samir Amin, économiste franco-égyptien et président du forum mondial des alternatives, auteur de plusieurs ouvrages dont le Monde arabe dans la longue durée: un printemps des peuples, dit: «c’est un très grand projet et le fait qu’il soit réalisé par les Egyptiens, entre autres par l’armée égyptienne et par des compagnies principalement égyptiennes, associées mais sous-traitantes du projet d’Etat, est une grande chose. Cela redonne un peu à l’Egypte sa place dans la région. C’est-à-dire qu’on ne parlait plus de l’Egypte, on parlait du golfe, du Qatar, de Dubaï et des autres parce qu’ils ont de l’argent. Comme si l’Egypte, parce qu’elle n’avait pas d’argent, n’avait pas de moyens. L’Egypte a prouvé là qu’elle avait des moyens que d’avoir simplement de l’argent».

Le projet

Il est né dans les années 1980 sous la présidence d’Hosni Moubarak et a été évoqué un temps en 2013 par Mohamed Morsi. L’ouvrage du nouveau canal a été finalement lancé par le président Abdel Fattah Al-Sissi, à la tête de l’Etat depuis 2014. Selon certains observateurs, c’était pour asseoir sa légitimité aussi bien sur le plan national qu’international. Le souci d’inauguration de cette voie maritime a connu une énorme opération de communication dans le but d’attirer les investisseurs étrangers: écrans géants dans plusieurs grandes capitales, spots publicitaires dans les médias internationaux, grandes places symboliques comme times Square à New-York. Le canal représentait 7,5% du commerce maritime mondial. En Egypte, la croissance atteignait 2% du PIB en 2013 et le taux de chômage s’élevait à près de 13%. Aujourd’hui, un optimisme est partagé par les milieux économiques. Car la croissance qui était de 2,3% en 2013-2014, a bondi de 4,2% au cours du premier trimestre 2015.