Par Astrid Gregorian

Dans mon travail de coach et de consultante, j’échange souvent avec des clients qui ont le sentiment qu’un changement s’opère dans leur carrière. Ils sont talentueux, expérimentés, reconnus dans leur entreprise, mais beaucoup me confient qu’ils s’ennuient, se sentent désengagés, voire dépassés. De plus en plus nombreux sont ceux qui se demandent :
« Et si c’était le moment de créer ma propre entreprise ? »

Et oui, l’esprit entrepreneurial attire : liberté, sens, créativité. Mais ce que beaucoup ignorent, c’est qu’entreprendre n’est généralement pas plus simple que leur poste actuel. Cela signifie souvent travailler deux fois plus, affronter une incertitude permanente et endosser de multiples responsabilités.

Certes, certaines personnes sont faites pour cela. Elles s’épanouissent dans le chaos, construisent et s’adaptent vite. Mais d’autres pourraient trouver une voie différente, tout aussi gratifiante : devenir intrapreneur, c’est-à-dire innover et diriger de l’intérieur d’une organisation.

Avant de poser votre démission sur le bureau de votre supérieur, examinons les différentes options et surtout votre profil.

Entrepreneuriat ou intrapreneuriat : quelles différences ?

Entrepreneur	Intrapreneur
Crée et possède une entreprise	Innove au sein d’une entreprise
Prend tous les risques financiers et juridiques	S’appuie sur les ressources existantes
Travaille avec liber et pression	Évolue dans un cadre structuré, avec effet de levier
Crée ses propres systèmes, équipes et capitaux	Bénéficie de ressources internes
Décide seul, pour le meilleur ou pour le pire	Co-crée avec les décideurs de l’entreprise

Bien que les deux profils nécessitent de l’initiative et de la créativité, les contextes, niveaux de risque et responsabilités sont très différents. C’est ce qui rend le choix profondément personnel.

Une mise en garde : n’abandonnez pas trop vite

Lorsque le quotidien professionnel devient fade, il est tentant de croire que devenir son propre patron est la solution. Mais se lancer dans l’entrepreneuriat sans préparation peut se retourner contre vous. La passion ne suffit pas : il faut aussi de laclarté, une stratégie et une solidité financière.

Avant de quitter votre emploi, posez-vous les bonnes questions :

• Ai-je mis de côté 12 à 18 mois de frais de subsistance ?
• Ai-je testé mon idée à petite échelle, avec un risque limité ?
• Suis-je entouré(e) de personnes ressources (mentors, pairs, collaborateurs) ?
• Suis-je prêt(e) à vendre, promouvoir, gérer… en même temps ?
• Ai-je envie de résoudre des problèmes ambigus, sans filet de sécurité ?

Si vous répondez « non » à plusieurs questions, pas de panique. Il existe une alternative stimulante et moins risquée.

L’alternative intelligente : l’intrapreneuriat

Un intrapreneur est un moteur d’innovation au sein d’une entreprise. Il pilote des projets, remet en question les anciens schémas et insuffle un nouvel état d’esprit, sans quitter l’organisation ni prendre de risque personnel.

Dans un monde professionnel en constante évolution, les entreprises ont un besoin urgent d’intrapreneurs. Ce sont des collaborateurs avec une vision, de l’audace, de l’agilité – des qualités d’entrepreneur appliquées en interne.

Si vous aspirez à plus de liberté ou de créativité dans votre poste, cette voie mérite toute votre attention.

Pensez-vous comme un chef d’entreprise ?

Que vous rêviez de fonder votre entreprise ou de piloter des initiatives fortes, laréussite commence dans l’état d’esprit. Être entrepreneur ne se limite pas à un statut : c’est une manière de penser, de résoudre, d’agir et de créer de la valeur.

Voici un petit test pour faire le point.

🧠 Autotest : Votre mentalité entrepreneuriale

Instructions : Notez chaque affirmation de 1 (pas du tout d’accord) à 5 (tout à fait d’accord).

1. Je repère activement les problèmes ou les inefficacités et cherche des solutions.
2. Je vois les échecs comme des opportunités d’apprentissage.
3. Je génère régulièrement de nouvelles idées (produits, services, améliorations).
4. Je prends des risques calculés lorsque je crois en une idée.
5. Je suis motivé(e) par l’autonomie et aime m’approprier les projets.
6. Je tiens compte des coûts, recettes et gains d’efficacité dans mes décisions.
7. Je réfléchis souvent à des améliorations au-delà de mon rôle actuel.
8. Je sais convaincre les autres de soutenir ou d’investir dans mes idées.
9. Je me forme en continu et applique mes connaissances de manière concrète.
10. Je prends la responsabilité des résultats, pas seulement des tâches.

Résultat (score total sur 50) :

• 40–50 : Chef d’entreprise visionnaire
  Vous avez probablement l’état d’esprit pour briller en tant qu’entrepreneur ou intrapreneur de haut niveau : stratégique, décisif(ve) et résilient(e).
• 30–39 : Entrepreneur en devenir
  Vous avez un bon instinct business. Il vous manque peut-être un peu d’expérience dans la prise de risque ou la conduite de projet, mais le potentiel est là.
• 20–29 : Contributeur solide avec potentiel
  À l’aise dans des cadres structurés, vous pouvez évoluer vers plus de leadership avec du soutien et de la formation.
• Moins de 20 : Spécialiste ou profil opérationnel
  Vous vous épanouissez dans un environnement stable et défini. L’entrepreneuriat n’est peut-être pas votre voie naturelle, mais vous pouvez avoir un impact fort dans une équipe.

Dernières réflexions : Redéfinir le succès à vos conditions

Si vous vous sentez en décalage avec votre carrière actuelle, la solution n’est pas toujours de tout quitter. Il peut s’agir d’un réalignement, d’un changement de posture, ou d’une montée en puissance dans votre rôle.

Créer votre entreprise, lancer un projet parallèle ou devenir un agent du changement dans votre organisation tout est possible, à condition de bien vous connaître et de vous y préparer.

L’esprit entrepreneurial, ce n’est pas qu’une ambition. C’est une manière d’être, de penser, de prendre ses responsabilités. Et il n’est pas nécessaire d’être à son compte pour diriger comme un entrepreneur.

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