Photo De G à Droite, Alicia Fall, Richard Nilsson, Dr Linda Ncube-Nkomo © Nelson Mandela Children’s Foundation
1995-2025. Cette année, la Nelson Mandela Children’s Foundation célèbre son 30e anniversaire. En laissant pour la postérité cet héritage, l’ancien président sud-africain et prix Nobel de la Paix, a voulu placer au cœur de nos sociétés, les enfants. Leur donner une voix, ne plus détourner le regard, leur offrir dignité et prospérité, c’est le legs de Nelson Mandela – affectueusement surnommé Madiba. A l’occasion du Festival de Cannes, les gardiens du temple sont venus donner une leçon d’humanité et de solidarité au monde pour que vive l’idéal Mandelesque. Rencontre avec Alicia Fall, figure médiatique qui a présidé le Gala anniversaire.
Par Sabah Kaddouri
Sabah Kaddouri: Lors du Festival de Cannes, vous avez présidé le gala anniversaire. Quel bilan tirez-vous de ces trois décennies d’engagement ?
Alicia Fall : Depuis trente ans, la Nelson Mandela Children’s Foundation (NMCF) œuvre sans relâche pour concrétiser la vision de Nelson Mandela : une société juste et équitable où les droits des enfants sont respectés et pleinement réalisés. Nous avons créé des espaces sûrs, plaidé pour des réformes politiques, soutenu les communautés locales et amplifié les voix des plus vulnérables. Le chemin n’a pas été sans obstacles, mais les résultats sont tangibles : des milliers d’enfants ont aujourd’hui accès à l’éducation, aux soins de santé et à la protection grâce à nos programmes. Cet anniversaire est à la fois une célébration et un appel à renouveler cet engagement.
Sabah Kaddouri: La cause des enfants est un legs que nous a laissé le prix Nobel de la Paix Nelson Mandela. Qu’est-ce que l’Afrique du Sud enseigne au monde aujourd’hui ?
Alicia Fall : L’Afrique du Sud reste un symbole de résilience, de réconciliation et de lutte continue pour la dignité humaine. L’héritage de Mandela enseigne au monde que le changement est possible lorsque la justice et la compassion guident l’action. Aujourd’hui encore, nous apprenons que la liberté ne se limite pas aux droits politiques, mais englobe aussi l’émancipation économique et sociale, en particulier pour les enfants. L’histoire sud-africaine nous rappelle que la guérison — qu’elle soit individuelle ou collective — passe par l’inclusion, la vérité et un engagement sans relâche.
Sabah Kaddouri: Les enfants sont toujours les premières victimes de violence dans nos sociétés. Sur quels terrains militez-vous pour faire reculer l’intolérable ? Quelles sont les priorités actuelles de la NMCF ?
Alicia Fall : Les actions sont concentrées sur la protection de l’enfance, l’accès à l’éducation et le soutien psychosocial aux enfants confrontés à la violence, à la pauvreté et aux inégalités. Une de nos priorités urgentes est la lutte contre les violences basées sur le genre et la fin de la culture du silence autour des abus infantiles. Nous travaillons également sur la sécurité numérique et l’accès équitable à la technologie dans les communautés marginalisées. En partenariat avec des enseignants, travailleurs sociaux et juristes, nous construisons des environnements où les enfants peuvent non seulement survivre, mais s’épanouir.
Sabah Kaddouri: Qui sont vos principaux soutiens et comment sensibilisez-vous le grand public ?
Alicia Fall : Nos soutiens incluent des organisations internationales, des partenaires du secteur privé, des personnalités publiques, ainsi que des citoyens engagés dans la transmission de l’héritage de Mandela. Nous collaborons avec des ambassadeurs issus du monde des arts, du sport et de la société civile pour amplifier notre message. Les campagnes de sensibilisation, les programmes scolaires, les médias et les événements majeurs nous permettent de mobiliser un large public. La sensibilisation commence par le récit : raconter les histoires réelles des enfants qui incarnent le sens de notre mission.
Sabah Kaddouri: Pourquoi est-il important d’être visibles lors d’événements comme le Festival de Cannes ?
Alicia Fall : Être présents à des événements mondiaux comme Cannes ne relève pas du prestige, mais bien de l’impact. Ces plateformes offrent une occasion puissante de toucher des décideurs, des philanthropes et des médias influents. En associant notre cause à de tels rassemblements, nous rappelons que derrière chaque célébration, il existe des urgences qui méritent une attention mondiale. C’est aussi une opportunité de créer des réseaux, de mobiliser du soutien et de donner à notre mission la visibilité internationale qu’elle mérite.
Sabah Kaddouri: Peut-on imaginer un élargissement international du Mandelathon® pour une opération de grande envergure ?
Alicia Fall :Absolument. Le Mandelathon® a le potentiel de devenir un mouvement mondial pour les droits des enfants. Notre ambition est de voir des communautés du monde entier y participer — marcher, courir, militer ensemble dans un esprit de solidarité. Une expansion internationale permettrait non seulement de collecter des fonds, mais aussi de créer un sentiment de responsabilité partagée et de connexion entre les peuples. Nous croyons fermement que cela pourrait devenir un événement emblématique, incarnant la foi de Mandela en l’unité et en la citoyenneté active.
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