GARDIENS DE LA RICHESSE : COMMENT LA REGTECH PROTÈGE LES INVESTISSEURS À L’ÈRE NUMÉRIQUE

30 janvier 2024

GARDIENS DE LA RICHESSE : COMMENT LA REGTECH PROTÈGE LES INVESTISSEURS À L’ÈRE NUMÉRIQUE

Par Achille Deodato, CEO of Indigita SA

La « Regtech » est incontournable dans la finance, car elle favorise la conformité tout en réduisant les coûts. Les institutions financières cherchent la numérisation, tandis que les règles se complexifient. Sélectionner les bons produits financiers pour chaque client est difficile, en raison de la catégorisation des investisseurs et de la diversité des produits. Les Regtech automatisent ce processus, assurant la conformité et la protection des investisseurs. Mais finalement, la Regtech pourrait-elle s’ouvrir aux investisseurs individuels, offrant transparence et autonomie, en révolutionnant l’investissement ?

L’univers de la « Regtech » s’affirme aujourd’hui comme un acteur incontournable dans le domaine financier, au cœur même de la conformité financière. Mais qu’entend-on réellement par « Regtech » ? Une entreprise de Regtech est une société spécialisée dans la technologie réglementaire. Regtech est la contraction de « Technology Regulatory » en anglais, et ces entreprises développent et fournissent des solutions technologiques ainsi que des services visant à aider les entreprises, notamment dans les secteurs financiers et de la conformité, à respecter leurs obligations réglementaires de manière plus efficace. Les solutions Regtech font souvent appel à des logiciels, à l’analyse de données et à l’automatisation pour rationaliser les processus de conformité réglementaire, réduire les risques et améliorer la transparence.

Ces dernières années le secteur des sociétés Regtech a également suscité l’intérêt des investisseurs privés et des Venture Capitalists en raison de sa croissance rapide. Alors que les banques et les institutions financières passent à la numérisation, elles visent à atteindre deux objectifs principaux : améliorer leurs contrôles internes et réduire les coûts liés à la conformité réglementaire, tout en améliorant leurs services aux clients.

Au milieu de cette transition, l’industrie financière est confrontée à une toile croissante de réglementations. La crise financière mondiale de 2008, déclenchée par la crise des subprimes, a suscité une vague de nouvelles réglementations visant à protéger les investisseurs. En Europe et en Suisse, des réglementations telles que MiFID II et la Loi sur les services financiers ont considérablement relevé le niveau de protection des investisseurs.

Cependant, malgré le nombre d’années qui nous séparent de la crise de 2008, l’un des défis auxquels sont confrontées les institutions financières reste celui de choisir le bon produit financier pour chaque client. Cette tâche est devenue encore plus complexe pour deux raisons principales.

Tout d’abord, les institutions financières doivent catégoriser avec précision les investisseurs, en tenant compte de facteurs tels que leurs connaissances et leur expérience en matière financière. Ce processus n’est pas simple, car il implique à la fois des évaluations quantitatives et qualitatives de la compréhension des investissements de la part d’un client. Ces évaluations sont ensuite traduites en systèmes et matrices pour créer des catégories aussi claires que possible, qui correspondent à la gamme variée de produits financiers disponibles.

Deuxièmement, il existe un grand nombre de produits financiers sur le marché, et parfois, les informations à leur sujet peuvent être contradictoires ou lacunaires. Par exemple, lorsqu’il s’agit d’un client qualifié de « conservateur » avec des connaissances financières limitées, suggérer un investissement dans des obligations gouvernementales de l’Union européenne peut sembler être un choix facile.

Cependant, prendre cette décision est loin d’être simple, car elle implique de répondre à une multitude de questions, à la fois systémiques et spécifiques.

Les « questions systémiques » concernent l’infrastructure et les processus de l’institution. La banque ou le gérant de fortune disposent ils d’un mécanisme robuste pour évaluer les connaissances en matière d’investissement d’un client ? Comment les données sont-elles collectées, stockées et numérisées ? Ont-elles pris en compte les contraintes réglementaires transfrontalières ? Quelles sont les mesures de protection en place pour éviter des placements inappropriés ?

Les « questions spécifiques » concernent le produit d’investissement lui-même. L’institution dispose-t-elle des informations nécessaires pour classer le fonds comme adapté aux investisseurs conservateurs ? Le fonds peut-il être proposé à des clients domiciliés dans des pays spécifiques ? Y a-t-il des exigences minimales en matière d’investissement ? Le fonds est-il enregistré pour la distribution dans le pays de domicile du client ?

Lorsque l’on multiplie ces considérations complexes à travers la vaste gamme de produits d’investissement disponibles, qui peuvent se chiffrer à plusieurs centaines de milliers, voire plus, il devient évident que l’automatisation est indispensable pour relever le défi de manière efficace.

C’est là qu’interviennent les entreprises de Regtech. De nombreuses banques et fournisseurs de systèmes bancaires de base ne disposent pas de l’expertise réglementaire et technologique nécessaire pour naviguer dans ce paysage complexe. Cela a conduit à la montée en puissance d’entreprises de Regtech spécialisées, chacune étant équipée pour gérer des aspects spécifiques du processus de proposition d’investissement. Les Regtechs sont devenues des partenaires indispensables pour les institutions financières afin de garantir la conformité, car tout écart par rapport au protocole rigoureux peut entraîner des conséquences juridiques, y compris des amendes potentiellement élevées.

Bien que les Regtechs n’aient pas le glamour des applications destinées aux consommateurs, leur rôle dans les coulisses de l’industrie financière est crucial. Ils veillent au bon fonctionnement des mécanismes qui protègent et préservent la richesse des investisseurs dans notre ère numérique en constante évolution.

En fin de compte, le monde de la Regtech ne semble-t-il pas promis à s’ouvrir aux investisseurs finaux, leur donnant ainsi le pouvoir de contrôler la conformité des investissements qui leur sont proposés ? Cette question mérite d’être explorée davantage à mesure que la technologie réglementaire évolue. Avec des outils Regtech de plus en plus sophistiqués, il est envisageable que les investisseurs individuels puissent accéder à des informations et à des analyses approfondies sur la conformité des produits d’investissement qui leur sont présentés. Cela pourrait renforcer la transparence et l’autonomie des investisseurs, leur permettant de prendre des décisions éclairées et de mieux protéger leurs intérêts financiers. Il est possible que dans un avenir proche, la Regtech élargisse son champ d’application pour inclure une dimension plus orientée vers les investisseurs, offrant ainsi une opportunité de transformation positive dans le monde de l’investissement.

Retrouvez l’ensemble de nos articles Décryptage

 

Recommandé pour vous