Pour la deuxième année consécutive, les entreprises suisses sont optimistes et 92 % d’entre elles estiment aujourd’hui que la situation des affaires est favorable. Selon le Baromètre des entreprises de la société d’audit et de conseil EY, les prévisions restent globalement confiantes en ce qui concerne également l’évolution du chiffre d’affaires. Le secteur des sciences de la vie fait preuve d’un optimisme particulièrement prononcé. La situation est plus difficile pour les secteurs du bâtiment et de l’énergie. Dans le même temps, les PME de toutes les branches se plaignent de la croissance continue des contraintes administratives. « Malgré la période actuelle d’automatisation et de numérisation, la réduction de la bureaucratie devrait rester à l’avenir l’une des plus importantes demandes des PME », selon Mark Hawkins, Managing Partner Region Suisse romande, EY Suisse.
Parmi les 700 entreprises interrogées, une proportion de 44 %, nettement supérieure à celle de l’année dernière (27 %), sont optimistes quant à l’avenir de la situation économique en Suisse. En écho à cet état d’esprit positif, la propension à investir reste à un niveau élevé. Comme l’année précédente, 28 % des entreprises interrogées prévoient d’investir dans la place économique suisse. « Le souhait de développer les embauches devrait encore se renforcer dans les mois à venir. Un quart des entreprises souhaite actuellement recruter des collaborateurs supplémentaires. Il y a 6 ans que cette tendance n’avait pas été aussi élevée », affirme Mark Hawkins.
Manque de travailleurs qualifiés, force du franc suisse et cyber-risques pèsent sur l’optimisme
Les entreprises considèrent que le plus grand défi pour elles est actuellement le manque de travailleurs qualifiés. 62 % des entreprises en Suisse rapportent des difficultés à recruter des collaborateurs compétents, et une entreprise sur six qualifie même la situation de « très difficile ». Les choses se sont donc de nouveau aggravées du point de vue des entreprises. « Les collaborateurs hautement qualifiés sont une denrée rare en Suisse, et cela pèse sur les entreprises de taille moyenne », déclare Mark Hawkins. « Les sociétés recherchent donc les collaborateurs à l’étranger, ce qui est souvent beaucoup plus difficile pour les PME que pour les grandes entreprises. » Cette pénurie de collaborateurs qualifiés touche particulièrement les entreprises des secteurs du bâtiment et de l’énergie, ce qui concorde avec les prévisions conjoncturelles moins optimistes de ces branches. 68 % affirment qu’il leur est « plutôt difficile », voire « très difficile » de trouver de nouveaux collaborateurs suffisamment qualifiés.
Dans toutes les branches, la plupart des postes non pourvus se trouvent dans les domaines techniques. Plus de deux entreprises sur cinq ont des postes vacants dans la production en raison de la pénurie de personnel qualifié. « Le manque de collaborateurs qualifiés s’accentue depuis plusieurs années. Les spécialistes des logiciels qui apportent en même temps des connaissances techniques seront particulièrement demandés à l’avenir », affirme Mark Hawkins.
La force du franc est également toujours jugée problématique. Certes, moins d’entreprises (43 % contre 51 % l’année dernière) pensent que le franc fort constitue un risque majeur, mais le malaise demeure malgré les perspectives conjoncturelles positives. Nettement plus d’entreprises qu’il y a un an (41 %) s’attendent aussi à connaître des difficultés dans la sécurisation des infrastructures informatiques : la cybersécurité prend donc de plus en plus d’importance.
Une entreprise sur deux table sur une croissance du chiffre d’affaires en 2018
Pour 2018, 46 % des entrepreneurs interrogés escomptent une augmentation de leur chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente et seuls 6 % tablent sur une réduction des ventes. En moyenne, les PME suisses comptent sur une progression du chiffre d’affaires de 1,5 %, la plus forte depuis 2013. Avec 2 %, c’est la branche des sciences de la vie qui attend la plus forte croissance. « La Suisse reste une adresse attractive pour les entreprises des sciences de la vie, ce qui tient aux infrastructures établies à Bâle, Zurich/Zoug et dans la région lémanique. C’est ce que montre la très grande confiance de 100 % dans la stabilité de la place suisse. L’imposition de la propriété intellectuelle reste un argument en faveur de la Suisse pour de nombreuses PME des domaines de la pharmacie et de la biotechnologie », selon Jürg Zürcher, Partner Life Sciences chez EY Suisse.
Plus d’un tiers des entreprises (36 %) se concentreront essentiellement sur la croissance dans les mois à venir, davantage que dans toutes les études depuis 2014. Pour 58 % des entreprises, l’agenda repose toujours sur des stratégies orientées sur la stabilité, mais cette proportion est en baisse par rapport aux années précédentes (2016 : 65 % et 2017 : 59 %). « Les résultats de l’enquête actuelle permettent de conclure que de nombreuses entreprises souhaitent renforcer leur présence sur le marché suite à l’évolution de leur stratégie d’entreprise », commente Mark Hawkins.
Informations sur l’étude
Le Baromètre des entreprises d’EY s’appuie sur une enquête réalisée auprès de 700 entreprises en Suisse. Les entreprises interrogées sont des sociétés non cotées comptant de 30 à 2000 collaborateurs, avec la répartition du chiffre d’affaires suivante : < CHF 30 millions : 65 % ; CHF 30–100 millions : 20 % ;
> CHF 100 millions : 15 %. Environ la moitié (52 %) des sociétés interrogées sont des entreprises familiales. L’enquête téléphonique fait l’objet d’une parution annuelle depuis 2008 (semestrielle entre 2009 et 2014) et a été réalisée en décembre 2017 par un institut de sondage indépendant.