Innovation Chèque : quand l’État soutient la capacité d’innovation des PME

1 juillet 2025

Innovation Chèque : quand l’État soutient la capacité d’innovation des PME

Innover n’est plus une option pour les entreprises suisses. C’est une condition de survie dans un environnement économique en mutation rapide. Pourtant, nombre de petites structures hésitent à franchir ce cap, faute de temps, de ressources internes ou de marges de manœuvre financières. C’est précisément pour répondre à cette réalité que la Confédération a mis en place un dispositif méconnu, mais redoutablement efficace : l’Innovation Chèque d’Innosuisse.

Ce chèque d’un montant maximum de 15 000 francs permet à une PME de financer une étude de faisabilité en collaboration avec une haute école ou un centre de recherche. L’objectif est clair : valider une idée, explorer une piste technique, lever un doute avant de s’engager dans un investissement plus important. Chaque année, plus de 400 entreprises y ont recours, et dans la majorité des cas, ce premier soutien débouche sur un projet plus ambitieux.

Les profils d’entreprises concernées sont variés. Une PME industrielle en périphérie lausannoise a utilisé le chèque pour collaborer avec l’EPFL sur un capteur intelligent destiné à moderniser ses installations. Une autre, en Valais, a engagé un partenariat avec la HES-SO pour numériser son système de gestion des commandes. Une start-up de Zurich, issue d’un projet universitaire, s’en est servi pour tester la viabilité de sa technologie avant de lancer sa première levée de fonds. Dans tous les cas, le chèque a joué un rôle déclencheur, avec des effets mesurables à court et moyen terme.

Ce qui rend ce dispositif particulièrement pertinent, c’est son effet de levier. Selon Innosuisse, plus de 75 % des projets lancés grâce à l’Innovation Chèque débouchent sur une suite concrète : développement de prototype, dépôt de brevet, intégration sur le marché. Près de 53 % des PME concernées collaborent pour la première fois avec une institution académique, ce qui ouvre de nouvelles perspectives à long terme. Le simple fait d’établir ce lien entre PME et milieu scientifique suffit souvent à faire émerger d’autres opportunités.

L’impact sur l’emploi est également documenté. Une étude menée par l’ETH Zurich révèle que les entreprises soutenues par ce type d’aide enregistrent en moyenne 18 % de créations d’emplois supplémentaires sur cinq ans, par rapport à un groupe témoin. Innosuisse indique que 30 % des PME ayant bénéficié du chèque ont augmenté leur effectif dans les trois années suivant le projet. Chaque projet financé engendre en moyenne 2,5 postes qualifiés souvent dans des domaines stratégiques comme l’ingénierie, le numérique ou le design produit.

Ce soutien n’est pas uniquement financier : c’est aussi un appui méthodologique et relationnel. Les entreprises peuvent faire appel à des mentors agréés par Innosuisse, pour les guider dans la définition du projet, le choix du partenaire académique, la formalisation du dossier et l’analyse des résultats. Ce cadre structurant rassure les dirigeants et rend l’innovation plus accessible, même dans les structures de petite taille. L’ensemble du processus « dépôt de la demande, évaluation, collaboration » est conçu pour durer de 2 à 6 mois, selon les cas.

Beaucoup de dirigeants témoignent d’un même effet : ce dispositif les a aidés à franchir un cap stratégique, à sortir de l’isolement, à prendre une décision de développement avec plus de sérénité. Le fait que la Confédération partage le risque crée un climat de confiance sans alourdir la structure de coûts. Pour les entreprises, cela signifie pouvoir innover sans hypothéquer l’équilibre de leur trésorerie.

En période d’incertitude économique, ce type de soutien agit à plusieurs niveaux. Il permet de maintenir des emplois menacés par la stagnation, et dans les meilleurs cas, d’ouvrir la voie à de nouvelles embauches. Il incarne une forme d’intelligence économique discrète, mais puissante : celle qui repose sur l’anticipation, la collaboration et l’activation des ressources existantes.

Pour les dirigeants qui souhaitent en bénéficier, les étapes sont claires : identifier une idée innovante à fort potentiel, solliciter un mentor Innosuisse, construire un dossier en partenariat avec un institut reconnu, et déposer une demande via la plateforme dédiée. En cas de succès, la subvention est directement versée à l’institution partenaire « la PME n’a donc pas d’avance de fonds à gérer, un avantage non négligeable ».

À l’heure où les élans sont parfois freinés par la prudence, l’Innovation Chèque ne se présente pas comme une aide d’urgence, mais comme un véritable outil de relance stratégique. Il représente, pour beaucoup d’entreprises, un point d’entrée vers un changement de posture : celle d’une structure qui innove, qui apprend, qui avance… en gardant sa taille humaine.

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