Interview de Sophie Dubuis : « Je tiens à ce que notre institution « vende » Genève pour ce qu’elle est »

2 septembre 2019

Interview de Sophie Dubuis :  « Je tiens à ce que notre institution « vende » Genève pour ce qu’elle est »

Interview de Sophie Dubuis – Présidente de la Fondation Genève Tourisme

Le Monde Economique Nommée présidente de Genève Tourisme en décembre dernier par le Conseil de Fondation au sein duquel vous siégez depuis 2017, de quelle manière abordez-vous cette nouvelle mission ?

Sophie Dubuis: Pour moi, ce mandat est à la fois un immense privilège et une responsabilité importante. Privilège car la destination Genève a un fort potentiel et est un produit magnifique. Responsabilité car fédérer les divers intervenants est aujourd’hui une priorité absolue. Je suis arrivée à la présidence de la Fondation Genève Tourisme & Congrès dans un contexte particulier. Membre du Conseil de Fondation depuis juin 2017, j’ai vécu de l’intérieur les nombreux changements que l’institution a su gérer avec détermination ces dernières années. Mon entrée en fonction est également intervenue au même moment que celle du nouveau directeur général et ce alors que des consultations importantes sur la future nouvelle loi sur le tourisme avaient lieu. Il était donc crucial que chacun trouve sa place très vite afin que nous puissions faire avancer le tourisme genevois main dans la main  C’est chose faite et aujourd’hui, je suis sereine et confiante quant à l’avenir de l’institution et de la Genève « touristique ».

Le Monde Economique On vous sent très à l’aise dans vos nouvelles fonctions de Présidente de la Fondation de Genève Tourisme…

Sophie Dubuis: J’ai fait des études de tourisme et je me suis toujours sentie très concernée par les métiers de l’accueil et la mise en valeur de notre pays. J’évolue dans cet univers depuis longtemps, je n’en suis pas à mon coup d’essai (NDLR : Sophie Dubuis a notamment été directrice du CICG ainsi que présidente de l’alliance des centres de conférences suisse pendant plusieurs années). Grâce à ces expériences, je connais très bien le tissu économique et institutionnel et j’ai la conviction que les forces en présence sont positives et constructives. De plus, arrivée à Genève il y a quinze ans, je sais, grâce à mon œil quelque peu extérieur, quelle belle région est Genève et ce qu’elle peut offrir à ses visiteurs. Cette connaissance du terrain et cette confiance en notre destination m’aident énormément à aborder ma mission avec sérénité.

Le Monde Economique Pour répondre aux besoins à la fois des locaux, professionnels et des touristes, sur quoi misez-vous pour conquérir un nouveau public et fidéliser les touristes existants ?

Sophie Dubuis: Les Etats Généraux du tourisme, effectués en 2018,ont mis en exergue les forces de Genève. L’objectif n’est donc pas de réinventer la roue mais de sublimer l’existant. Je tiens à ce que notre institution « vende » Genève pour ce qu’elle est : une destination à échelle humaine, une ville prestigieuse et sereine, avec une campagne à découvrir ou redécouvrir. Je mise surtout sur la collaboration et le bon sens pour que chaque acteur trouve sa place. Je suis convaincue que si nous nous appuyons sur ces éléments, les échanges seront alors favorisés et notre force de frappe sera grande.

Le Monde Economique Parallèlement à votre poste de présidente de la Fondation de Genève Tourisme, vous êtes également l’actuelle directrice de Bucherer. On sait que ces dernières années, les hôteliers et commerçants genevois s’inquiétaient beaucoup : ont-ils retrouvé le niveau d’affaires qu’ils connaissaient ?


Sophie Dubuis: Les années du franc fort ont marqué Genève et la Suisse. Les nouvelles habitudes de consommation impactent encore de nombreux commerces qui doivent fermer ou se réinventer. L’attrait de la France voisine pour les achats est indéniables. Cela fait beaucoup de défis pour une ville de cette taille et avec une telle situation géographie. L’inquiétude est toujours présente car les dernières années nous ont prouvé que le succès est fragile et la concurrence acharnée. Le niveau d’affaires actuel n’est plus celui de 2017, cependant la confiance est de mise. Il s’agit aujourd’hui de remettre l’ouvrage sur le métier et d’avancer sereinement tout en restant attentifs à ces défis extérieurs.

Le Monde Economique Les destinations citadines sont dans l’air du temps. Or, Genève ne semble pas assez bénéficier de cette dynamique. Comment profiter au mieux de Genève (saison, astuces, etc.) ?

Sophie Dubuis: L’attractivité de Genève se renforce, j’en veux pour preuve les nuitées en hausse qui ont dépassé les 3 millions de nuitées annuelles. En cela, 2018 a constitué une année record. La progression est donc bien présente. Il se peut que la perception de cherté et le manque parfois de notoriété de Genève expliquent en partie cette progression peut-être moins fulgurante qu’ailleurs.

L’expertise développée par Genève Tourisme dans le domaine du marketing digital, par exemple, est un excellent moyen pour développer le tourisme à Genève. En effet, ce type d’actions nous permet de cibler les bons marchés et d’attirer les touristes intéressants, et intéressés, à Genève.

Mon conseil pour profiter de Genève ? Y venir un week-end à la belle saison, au printemps ou en été. Les prix des hôtels y seront alors plus bas qu’en semaine, la Geneva Transport Card vous permettra de bénéficier de transports publics gratuits pendant votre séjour et vous pourrez profiter de notre beau lac et de la nature environnante. Peu de ville en Europe proposent cela.

Le Monde Economique Le jet d’eau, attrape touriste ou identité de Genève ?

Sophie Dubuis: Dirait-on de la Tour Eiffel ou des ours de Berne qu’ils sont des attrapes touristes ?  Le Jet d’eau a une histoire et est un symbole fort de Genève depuis 1891. Ses origines sont d’ailleurs liées à l’horlogerie, elle-même liée de manière très forte à Genève. Cela ne fait que renforcer son appartenance à l’identité de Genève. D’ailleurs, cela fait maintenant deux ans que le traditionnel Grand feu d’artifice (ayant eu lieu le 10 août dernier) intègre le Jet d’eau au spectacle. L’attachement des Genevois à cet emblème n’est plus à prouver, il est un symbole très fort de notre ville.

 

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