Interview Yvan Haymoz : « Nous avons désormais une taille idéale pour répondre aux défis du futur »

26 juin 2023

Interview Yvan Haymoz : « Nous avons désormais une taille idéale pour répondre aux défis du futur »

Photo © BDO

En Suisse, BDO est l’un des principaux acteurs dans le domaine de l’audit, des services fiduciaires et du conseil. Avec un réseau national de 35 succursales, c’est l’entreprise la plus représentée dans le secteur. BDO est convaincue que la proximité et l’expertise sont des éléments clés pour établir une relation durable et fructueuse avec ses clients. Elle offre des services de révision et de conseil à diverses entreprises dans le secteur industriel et les services, y compris les PME, les sociétés cotées, les administrations publiques et les organisations à but non lucratif. Son réseau mondial s’étend sur plus de 150 pays, répondant ainsi aux besoins d’une clientèle à vocation internationale. Rencontre avec Yvan Haymoz, le nouveau directeur de BDO pour la Suisse romande.

Monde Economique: BDO, en collaboration avec l’Université de Saint-Gall, vient de publier son Étude 2023 sur les conseils d’administration, mettant ainsi en lumière les sujets qui préoccupent actuellement ces organes. Quels en sont les principaux enseignements ?

Yvan Haymoz: La planification de la succession, le manque de personnel qualifié et la stratégie d’entreprise sont les principales préoccupations des conseils d’administration qui ressortent de cette étude 2023. Avec 35% des membres âgés de 60 ans ou plus, de nombreux conseils d’administration doivent activement planifier leur propre succession.

L’élaboration et l’adaptation de la stratégie d’entreprise constituent également un thème essentiel pour les administrateurs. Compte tenu de la forte concurrence nationale et mondiale, les entreprises suisses doivent constamment adapter leur stratégie afin de rester compétitives, innovantes et attirer les meilleurs talents. Par conséquent, les conseils d’administration doivent s’assurer qu’ils fixent les bons objectifs dans leur stratégie d’entreprise et que cette dernière soit suffisamment agile pour permettre une réaction rapide aux changements ou aux situations inédites comme celles vécues ces dernières années (Covid, guerre en Ukraine…).

Monde Economique: L’étude révèle aussi que les entreprises suisses signalent une pénurie significative de main-d’œuvre qualifiée. Est-ce une source d’inquiétude ?

Yvan Haymoz: Oui, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée est une source d’inquiétude pour les entreprises suisses et pour l’économie du pays dans son ensemble. La Suisse est réputée pour son marché du travail hautement spécialisé et ses industries de pointe, qui nécessitent des compétences spécifiques et une expertise technique. Si les entreprises ne parviennent pas à trouver suffisamment de travailleurs qualifiés pour pourvoir les postes vacants, cela peut nuire à leur capacité à fonctionner efficacement et à rester compétitives.

La pénurie de main-d’œuvre qualifiée peut entraîner plusieurs conséquences négatives. Les entreprises peuvent être contraintes de réduire leur production ou de retarder leurs projets en raison du manque de personnel adéquat. Cela peut également nuire à leur capacité à innover et à rester à la pointe de leur secteur. De plus, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée peut entraîner une pression à la hausse sur les salaires, car les entreprises doivent offrir des rémunérations plus élevées pour attirer et retenir les talents. Cela peut avoir un impact sur les coûts de production et la rentabilité des entreprises.

Monde Economique: Depuis le 1er janvier 2023, vous avez pris la direction Suisse romande de BDO. Quels seront les grands chantiers de votre mandat ?

Yvan Haymoz: BDO en Suisse romande a connu plusieurs années de croissance et se porte bien. Nous avons désormais une taille idéale pour répondre aux défis du futur. Nous allons encore étendre notre maillage de succursales, à l’image du développement de BDO en Suisse alémanique. Nous souhaitons nous étendre vers le Nord de la Suisse romande et dans la région lémanique. Nous allons également nous orienter davantage vers le conseil. Avec la digitalisation, beaucoup de métiers dans notre domaine sont en pleine mutation. L’opérateur de saisie comptable va ainsi devenir un conseiller. Il doit donc développer des compétences plus humaines et plus émotionnelles. Le développement du conseil induit le développement de services spécifiques à hautes compétences. Nous allons travailler sur le bien-être de nos collaborateurs et leur développement personnel pour offrir des perspectives à nos talents. Nous souhaitons les responsabiliser et donner du sens à leur activité.

Monde Economique: Comment BDO prévoit-elle de répondre aux besoins changeants de ses clients à l’ère de la numérisation ?

Yvan Haymoz: Nous avons investi énormément ces dernières années pour disposer d’outils de travail modernes et digitaux. Cela prend du temps de les optimiser, mais nous opérons actuellement un changement important dans la méthode de travail avec nos clients. Ces derniers souhaitent un maximum d’efficacité et des solutions digitales. Ils veulent aussi qu’on puisse répondre à toutes leurs préoccupations. Dans cette optique, nos collaborateurs augmentent leur proximité avec les clients pour être présents et répondre à leurs besoins.

Monde Economique: Quel rôle voyez-vous pour l’intelligence artificielle et la robotisation dans l’évolution des services fiduciaires ?

Yvan Haymoz: Les nouvelles technologies vont assurément permettre d’automatiser les tâches de pure compliance, comme la comptabilité et les audits restreints. Cela permettra à nos clients de mieux profiter de nos prestations, en ce sens qu’ils pourront nous transmettre toutes leurs pièces de manière électronique à n’importe quel moment, afin que nos outils puissent ensuite les mettre en forme. Nos consultants pourront en contrepartie consacrer plus de temps à nos clients, en leur apportant un conseil avisé et de l’attention.

Les robots, comme ChatGPT, devraient nous permettre d’optimiser le travail de réflexion et de recherche de nos conseillers. Mais ceux-ci devront toujours être en mesure de comprendre le raisonnement du robot et de valider ainsi les conclusions de celui-ci, avant de transmettre les bonnes recommandations à nos clients. En résumé, les évolutions technologiques vont nous permettre de consacrer plus de temps humain à nos clients, en limitant au maximum les tâches répétitives sans valeur ajoutée.

Monde Economique: Dans ce contexte, quelle place pour le conseil ?

Yvan Haymoz: Le conseil devient primordial. C’est là que nous orientons nos collaborateurs afin de leur permettre de se positionner de manière adéquate. Le Conseiller PME va devenir encore plus important. Nous sommes souvent les confidents de nos clients. Nous allons intensifier cette relation et continuer à mettre le client au centre.

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