Investir dans l’IA

20 mai 2025

Investir dans l’IA

Photo Massimiliano Masturzo © REYL Intesa Sanpaolo

Par Massimiliano Masturzo, Chief Operating Officer & Digital Development chez REYL Intesa Sanpaolo

Il y a près de 30 ans, le monde a dû faire face à l’arrivée de l’ère d’Internet, obligeant les personnes et les entreprises à s’adapter rapidement à cette nouvelle technologie, tant sur le plan professionnel que privé. C’est à cette époque qu’ont été fondées bon nombre des grandes entreprises mondiales d’aujourd’hui, en particulier les « Sept Magnifiques », qui ont su bénéficier des possibilités considérables offertes par la connectivité d’Internet. Cependant, comme l’histoire nous l’apprend, une bulle de marché s’est développée et a éclaté dans ce que l’on appelle « la bulle Dot-com ».

À l’heure actuelle, certains observateurs identifient des tendances similaires dans l’évolution de l’intelligence artificielle (IA) et le risque potentiel d’éclatement d’une bulle du même type. Compte tenu du niveau de maturité de ce type d’innovation, les investisseurs doivent être attentifs au marché et en particulier à ses évolutions.

Les attentes élevées dépassent souvent les possibilités réelles. À l’instar d’Internet, l’IA connaît une phase où les attentes financières sont nettement plus élevées que la mise en œuvre technologique réelle. En effet, l’adoption d’une technologie est un processus évolutif. Prenons l’exemple de l’adoption massive d’Internet : il a fallu environ 10 à 15 ans pour qu’il se transforme véritablement. Il n’est pas absurde, dans ce cas, de considérer l’IA de la même manière. Elle suivra probablement une trajectoire d’intégration lente et progressive semblable.

Les investisseurs et le grand public doivent comprendre que la mise en œuvre structurelle prend du temps malgré les capacités prometteuses que l’IA pourrait offrir dans un avenir proche. À l’heure actuelle, moins de 20 % des entreprises américaines ont véritablement intégré l’IA dans leurs processus d’entreprise, ce qui laisse présager encore un long chemin à parcourir pour une adoption généralisée.

Tout comme pour l’essor d’Internet, les leaders actuels du marché ne survivront pas tous à long terme. De nombreuses entreprises qui semblaient prometteuses dans les années 1990 et au début des années 2000 n’ont finalement pas réussi à devenir les « entreprises du futur ». De même, les géants actuels de l’IA, tels qu’Open AI, ne seront peut-être plus les acteurs dominants dans une décennie. La patience est cruciale à ce stade du cycle. Les investisseurs et les entreprises devraient se concentrer sur le potentiel à moyen et long terme plutôt que d’attendre des changements immédiats, en répartissant leurs investissements en conséquence et en recherchant des rendements à long terme. 

D’un point de vue géographique

Les États-Unis et la Chine sont les principaux marchés en termes de concurrence active dans le développement de l’IA. Alors que les États-Unis ont lancé les premières technologies d’IA telles que ChatGPT en novembre 2022, la Chine a réagi en lançant le modèle DeepSeek-R1 en janvier 2025, remettant en cause l’hégémonie américaine.

Il est bien entendu impossible d’ignorer les tensions commerciales actuelles entre les États-Unis et la Chine, les tarifs douaniers américains visant, en partie, à mettre un terme à la concurrence chinoise dans le domaine de l’IA. Il est encore trop tôt pour savoir si les projets de l’administration Trump sur la délocalisation des capacités de fabrication aux États-Unis aboutiront, mais les investisseurs peuvent envisager de tirer parti de ce changement sismique dont les effets se feront certainement ressentir durant la prochaine décennie. 

La Chine semble se concentrer sur l’efficacité énergétique en tant qu’avantage concurrentiel majeur, ce qui n’est pas surprenant compte tenu de l’augmentation des investissements dans les infrastructures clés telles que les centres de données.

Pour les investisseurs et les HNWI en Europe, il n’y a pas d’avantages évidents dans le domaine de l’IA pure, mais l’application de ces technologies se répercute dans divers sous-secteurs tels que la biotechnologie, les soins de santé et la défense. Grâce à une politique gouvernementale de plus en plus positive, l’Union européenne et le Royaume-Uni cherchent à attirer les talents et les investissements pour donner un coup d’accélérateur à leurs plans en matière d’IA.

Conclusion

L’IA représente une révolution technologique importante. Son impact sera progressif et les parties prenantes doivent avoir des attentes réalistes quant à son potentiel de transformation immédiat.

Les effets d’un nouveau cadre réglementaire doivent être évalués. L’Union européenne a déjà publié une loi spécifique sur l’utilisation de l’IA, qui sera certainement suivie par d’autres autorités compétentes.

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