Photo © La Pensée Sauvage

C’est un lieu qui revient souvent dans les conversations de cercles initiés. Quand tout couper : son téléphone, son moteur, ses ardeurs devient nécessité, l’homme moderne a trouvé en conscience des adresses sanctuaires où se ressourcer. Dans son auto-prescription, il y a toujours la nature, la science, le silence pour mieux entendre ses pensées. Qu’ont notre corps et notre esprit à nous dire ? Le citadin – majoritaire dans ces retraites – arrive le bagage bien chargé dans sa quête vers un rééquilibrage. La Pensée Sauvage accueille ces âmes à bout de souffle pour un reset complet au cœur de ses sites d’exception. En France et à l’étranger.

Par Sabah Kaddouri

Le territoire de la Drôme, en région Auvergne-Rhône-Alpes, voit affluer chaque saison des « curistes » de tout horizon. Actifs, retraités, couples, étudiants, jeunes parents, locaux, étrangers, c’est un échantillon de nos sociétés qui se croisent, se lient d’amitié le temps d’une pause salvatrice. A La Pensée Sauvage, ils vivent une aventure humaine transformatrice sous la supervision d’une fine équipe dont chaque rôle est parfaitement distribué. Perché à 700 mètres d’altitude dans le massif du Vercors, le site historique de La Pensée Sauvage murmure à l’oreille des hyperactifs souvent passionnés par leur métier et se retrouvant dévorés par leur quotidien. Dans un écosystème prônant le tout médicalisé et gadgétisé, l’adresse évolue à contre-courant fidèle à son ADN d’origine.

Imaginez une yourte, des champs vallonnés à perte de vue, des voix chantant une comptine en guise de réveil, des plantes et des fleurs dans l’assiette s’accoquinant à des recettes ultra-healthy, le tout chapeauté par des naturopathes chevronnés. Une idée qui a germé dès 2006 dans un monde pré-Covid, pas encore saturé d’écrans et des maux actuels. Dans une démarche pionnière, il y a déjà dix-huit ans, les fondateurs de La Pensée Sauvage ont ressenti le besoin pressant de se mettre en retrait pour un retour aux sources au plus près de Dame nature. Objectif : renaître. Par le jeûne et par la mise en mouvement du corps au gré de journées rythmées par des randonnées et des rituels précis. Soins, bouillon partagé, conversations profondes, moments d’introspection plus personnels, balades nocturnes improvisées, ainsi s’écoulent la vie dans ce paradis de verdure. Personne ne vous juge, soyez-vous avec vos vulnérabilités, richesses, exigences, espoirs. La bienveillance domine à tous les étages. Votre arrivée gare de Valence TGV pourrait ressembler à une scène de film : vous savez, en substance, que vous avez signé pour être mis à la diète et faire d’interminables excursions jusqu’à découvrir que le bouche à oreille a aussi fait son œuvre chez de nombreuses personnes.

En vous regroupant près du point de rendez-vous avec le chauffeur, vous embarquez ensemble pour 1 heure de route dans les vertes prairies. Les inconditionnels se manifestent rapidement durant le trajet, ils ont tant d’histoires à partager ! Quant aux introvertis, vous les repérez également. Peu importe la provenance, l’expérience et le vécu de chacun, on chemine joyeusement vers le village de Plan de Baix. Un doux nom qui pourrait sonner suisse également. Une fois à destination, le directeur Franck Leloup secondé de ses collaborateurs vous accueillent chaleureusement. Le regard s’attarde sur cette jolie bâtisse en pierres protégée par des arbres centenaires. Une quinzaine de clefs, pas plus, annoncent une cohabitation intimiste. Appréciable. Chaque arrivant est escorté en chambre par un membre du personnel pour un tour du propriétaire. Entre deux activités, cette pièce sera un vrai refuge pour se plonger dans ses pensées, dans des livres inspirants ; elle a pour vocation – aussi – de vous aider à vous réapproprier un bon rythme de sommeil.

Votre thérapeute vous expliquera notamment la fonction de ce drôle d’instrument dans la salle de bain. Il s’agit d’un gratte-langue ayurvédique à utiliser au réveil afin de bien nettoyer votre palais des mauvaises toxines. Le repos digestif provoque un remue-ménage intérieur propice à un grand nettoyage nocturne. Vous clôturerez cette étape matinale par un bain de bouche à base d’huiles essentielles. Après seulement quelques jours, on en ressent les vertus tout en questionnant nos modes de vie : c’est tout une éducation à faire en matière de remèdes de grands-mères !

19:30, un horaire immuable pour vos sept prochains jours (ou quatorze, selon formule), l’heure du bouillon a sonné. Mais avant, il convient de faire les présentations générales. Les résidents fraîchement débarqués rejoignent leurs condisciples déjà abstinents dans le salon principal, véritable épicentre de la maison. S’ensuit l’intervention des naturopathes venus énoncer leurs spécialités, le programme en détail, et répondre à toutes nos interrogations. A tour de rôle, chaque hôte s’introduit indiquant au passage s’il est habitué de ces bastions ou non. On relève beaucoup de récidivistes de La Pensée Sauvage, mais aussi une proportion importante de Belges et de Suisses : « Chaque année, je reviens avec mon mari. C’est un rendez-vous très important pour nous car on en ressort avec une énergie renouvelée. En Belgique, on se base énormément sur le bouche-à-oreille, un gage de confiance. Ici, nous avons trouvé notre paix. », confie au Monde Economique une cadre dirigeante bruxelloise

Ce profil comme ce discours reviennent régulièrement. Les gens ne viennent pas par hasard à Plan de Baix dans cet endroit perdu du Vercors. Ils sont là pour garder les bénéfices de leur détox annuelle (certains irréductibles réclament deux séjours par an). Dans l’assistance, on peut aussi croiser un visage célèbre. Lors de mon passage, une célèbre Cheffe étoilée faisait partie du casting. Une présence prestigieuse qui vaut validation d’une méthode. Quatre programmes détox sont proposés : le jeûne ; la détox douceur entre monodiète ou régime à base de jus fruités et de légumes ; la détox exclusivement végétale et la détox gourmande composée d’assiettes aussi saines que savoureuses. On aime cette possibilité d’entrer par différentes portes, rien n’est radical à La Pensée Sauvage, seul compte la transmission d’un savoir-faire par l’assiette.

À l’heure du petit-déjeuner, le groupe se scinde en deux : d’un côté, les « jeûneurs », réunis autour d’un bouillon (250 calories par jour) ou jus (500 calories) dans le salon principal. Ils enchaîneront cinq jours sans interruption. De l’autre, les « mangeurs », installés en cuisine ou à la terrasse durant les beaux jours. A eux, les plats diététiques gourmets savamment préparés par le Chef Boris Astier. Si vous voulez avoir une idée de l’étendue de son talent, dites-vous que l’une des plus grandes Cheffes étoilées du monde a pris des notes, inspirée par la créativité de ses plats goûteux. Tout est dit. « Nous avons la chance d’avoir un environnement extraordinaire avec d’innombrables petits producteurs bio et, comme nous travaillons quasi exclusivement en local, nos menus sont bercés par la saisonnalité. », nous partage Boris Astier. Une toque passionnée de son terroir qui cuisine avec le cœur et pétrie de convictions.

Ces moments de communion autour d’un bouillon, d’une tisane ou d’un repas équilibré donnent le las de votre retraite bien-être. On se remet corps et âme à nos artisans du changement qui ont concocté un planning méticuleux afin de cadencer notre semaine. Les journées démarrent par une séance d’éveil corporel et un temps de méditation. Elles se poursuivent par une randonnée avec un duo de guides capable de s’adapter à tous les niveaux de pratique. La faune et la flore n’ont aucun mystère pour eux. Ainsi, ils participent grandement à notre reconnexion à la nature. Les après-midis sont consacrés aux thérapies, c’est un riche catalogue de soins s’adressant à l’Homo Sapiens 3.0 pensé pour le délivrer de bien des problématiques. Parmi ces traitements, on a accès à des protocoles d’ostéopathie tissulaire, des massages allant du drainage naturopathique de la lymphe au massage du ventre, au deep issue et tant d’autres encore. Acupuncture, irrigation du côlon, hypnose, soin énergétique, médecine chinoise… Tout le corps est quadrillé sans omettre la santé émotionnelle. Emmitouflé dans votre peignoir, vous lâchez prise à chaque séance oubliant la faim, les tracas du quotidien, la douleur d’un mal passager ou ancré.

Passée la phase transitoire (24h à 48h) – plus délicate chez les fumeurs et buveurs de café qui souffrent de maux de tête – les premiers bienfaits ne tardent pas à se faire ressentir. Le système digestif bascule en autolyse (auto-nettoyage) engendrant l’élimination des toxines. On observe une amélioration du rythme cardiaque, des troubles inflammatoires chroniques ou non, un regain de vitalité allant même jusqu’à l’euphorie qui se justifie par la libération de l’hormone neurotransmetteur du plaisir, la sérotonine. « Les visages s’éclairent et les idées s’éclaircissent. Ce tête-à-tête avec soi-même va bien au-delà d’une simple détox ponctuelle. Il s’accompagne de quatre étapes spécifiques qui lancent l’être dans une bouleversante quête vers son Essentiel : les quatre « R » : Ralentir, Réguler, Revitaliser, Reconnecter. », résume Romain Vicente, auteur de Je Jeûne ! et responsable de la naturopathie à la Pensée Sauvage. 

Effectivement, on se sent revigoré par ce triptyque éprouvé : détox, marche, soins. D’ailleurs, vous serez interpellé par votre reflet sur le miroir en observant un teint plus frais, des traits apaisés. Le phénomène du renouvellement cellulaire est en plein activation ! Au terme de sa semaine, on en est à reconsidérer la rupture du jeûne tant on tutoie la plénitude… L’autre raison de vouloir demeurer dans cet état de grâce résulte de l’attachement à ce lieu si reposant, aux thérapeutes d’une grande bienveillance et compétence, aux personnes rencontrées par le hasard de son agenda. La Pensée Sauvage pourrait aisément consigner dans un livre mille et une belles histoires autour de cette aventure humaine.

Guérisons, mariages, collaborations professionnelles, amitiés, métamorphoses personnelles… Il se passe décidément quelque chose dans cette terre de cocagne. Presque mystique.

Heureux qui, comme un visiteur, a fait un beau voyage à La Pensée Sauvage.

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