Julie Besson, le courage d’oser

10 juin 2025

Julie Besson, le courage d’oser

Photo Julie Besson ©

Il y a des trajectoires que l’on ne peut pas tracer à l’avance. Celle de Julie Besson en est une.

À 20 ans, elle rêvait de justice, de musique, de cinéma, sans vraiment savoir où ces élans la mèneraient. Pourtant, son parcours professionnel a davantage suivi les méandres de la vie qu’un plan prédéfini.

Avancer sans plan

Rien ne la prédestinait à diriger une entreprise publique patrimoniale. Elle le reconnaît elle-même : « Je n’avais pas de plan de carrière, je n’ai pas fait de grandes écoles. J’ai simplement saisi les opportunités que la vie a mises sur mon chemin. »

Née dans une famille liée au Club Med – ses parents y travaillaient –, elle grandit entre villages de vacances et saisons, où elle endosse le rôle de GO (Gentil Organisateur) pendant ses vacances estivales. Après un master en droit européen à Paris, la vie lui impose un autre cap : un mariage, une grossesse, puis un départ pour Londres. Refaire des études là-bas ? Trop long. Elle frappe alors à la porte du Club Med, son « lien affectif », et commence par un simple stage. Deux ans plus tard, elle gère le recrutement des GO anglophones, orchestre des formations pour des centaines de jeunes, et découvre une passion pour le management opérationnel. De retour à Paris, elle intègre le siège du Club Med, où elle pilote des projets transversaux comme le développement du porte-monnaie électronique – une innovation à l’époque. Nouveau virage : Genève l’appelle, par amour d’abord, puis par choix. Elle découvre l’entrepreneuriat dans une PME du secteur du fitness, avant de fonder Time for You, une société pionnière dans les services de conciergerie d’entreprises, pensée pour faciliter le quotidien des femmes actives.

« À l’époque, il n’y avait rien : pas de cantine, pas de garde scolaire, pas de livraison de courses… Genève était en retard sur ces sujets. On voulait offrir aux femmes – puis à tous les collaborateurs – du temps. » Courses, pressing, garde d’enfants… Le concept séduit notamment les grandes entreprises, mais le marché suisse reste timide. « On était trop en avance. » Malgré tout, elle tient bon pendant dix ans, rachète les parts de sa partenaire, puis cède l’entreprise à un groupe français.

S’ensuit une incursion dans une start-up high-tech mesurant la fatigue des sportifs via la variabilité de la fréquence cardiaque – « un produit à la croisée du médical et du sport » –, avant un saut dans l’inconnu : sauver Epona, une coopérative d’assurance pour les animaux au bord de la faillite. « J’ai toujours été dans le développement. Là, il a fallu sauver. C’était un autre métier. Mais passionnant. »

Un défi intense, couronné par un partenariat avec la Vaudoise et un retour à l’équilibre. Là encore, après quatre ans, elle sait qu’il est temps de passer la main.

Sincérité et engagement

Aujourd’hui à la tête des Rentes Genevoises, Julie Besson incarne un leadership à la fois humain et audacieux, nourri par l’expérience, la résilience, et une profonde cohérence entre ses convictions personnelles et ses engagements professionnels. Elle dirige avec une boussole intérieure claire : la confiance, l’alignement des valeurs et un optimisme inébranlable.

Pour elle, il ne peut y avoir de performance durable sans respect, ni de réussite sans bienveillance partagée. Sa force réside autant dans sa capacité à fédérer que dans son aptitude à prendre du recul, à relativiser et à avancer, même dans l’incertitude. « Mes amis disent que je vois toujours le verre à moitié plein », confie-t-elle avec simplicité — une phrase qui en dit long sur sa philosophie de vie et sa manière de diriger.

Julie Besson, c’est un parcours atypique, une constance dans l’audace. C’est aussi une femme qui n’a jamais cessé d’apprendre, de se remettre en question et de croire que l’on peut être dirigeante sans perdre son authenticité. Elle parle avec chaleur de ses amis, de ses filles, de ses week-ends à marcher, courir, refaire le monde autour d’un bon repas. Elle aime vivre, vraiment. Et quand elle doute, elle se rappelle cette règle simple, mais puissante : « À la fin de la journée, je me dis que j’ai fait du mieux que je pouvais. » Car au fond, c’est cela, Julie Besson : une battante bienveillante, une dirigeante engagée, une femme libre.

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