​L’intrapreneuriat, nouvel axiome au service de la relation client

30 août 2017

​L’intrapreneuriat, nouvel axiome au service de la relation client

Développer son idée ou son projet au sein de son entreprise, au bénéfice de tous, tel est la volonté des intrapreneurs, ces aventuriers de l’intérieur, ces collaborateurs qui font bouger les lignes.

Le mot ne fait pas encore partie du Larousse ou du Petit Robert, mais sa définition pourrait ressembler à cela : Intrapreneuriat. n.m. 1. Principe de l’entrepreneuriat appliqué au sein même d’une entreprise. 2. Liberté laissée aux salariés de développer un produit ou un service, au sein même d’une entreprise. Le phénomène prend de l’ampleur et touche de nombreux secteurs d’activités. Le premier d’entre eux, c’est la banque, un secteur où de nouveaux produits sont inventés chaque année. La nouveauté, c’est la manière de développer les idées, et de faire remonter l’information dans la hiérarchie.

Chez BNP Paribas par exemple, au début des années 2010, un cadre est sorti du bois. « Je me suis lancé dans l’intrapreunariat sans le savoir, se souvient Emmanuel de Lutzel, aujourd’hui vice-président social business de la banque. Cela a commencé par du bénévolat il y a une dizaine d’années, avec un réseau interne chez BNP Paribas basé sur la microfinance. Au bout de deux ans, je me suis dit que cela dépassait le simple bénévolat. Je me suis dit que cela pouvait être un sujet pour la banque, un sujet business. Tout le monde me disait que mon projet de financement des institutions de microfinance était une bonne idée. J’ai pris mon courage à deux mains, j’ai pris rendez-vous avec le nº2 de la banque, qui a accepté l’idée et qui m’a demandé de la présenter au comité exécutif un mois plus tard. J’étais alors un intrapreneur sans le savoir. Chaque salarié peut être un acteur de changement, chacun, dans son entreprise, peut être un intrapreneur. » Emmanuel de Lutzel est même devenu une référence en la matière, en publiant en 2015 un livre intitulé Transformez votre entreprise de l’intérieur : le guide de l’intrapreneur social.

Cultiver le goût du risque… calculé

Mais pour cela, il ne faut pas avoir peur de se tromper. Les dirigeants d’entreprise, eux, sont heureux de sentir le goût du risque chez leurs collaborateurs. « La recherche en management montre que si les grandes entreprises finissent un jour par se casser la figure, c’est parce qu’elles ne savent pas faire avec l’incertitude, explique François Fourcade, professeur et chercheur à ESCP Europe, et chercheur associé au Centre de recherche en gestion(CRG) de l’Ecole polytechnique à Paris. Rien d’étonnant à cela. Les théories du management sont basées sur la défiance et sur le fait que l’incertitude est éminemment destructrice de valeur. Il faut savoir accepter de perdre, c’est très important dans le management d’aujourd’hui. »

Accepter de perdre, accepter de s’entendre dire « non ». Retrouver le goût du risque… calculé. « L’intrapreneur, c’est celui qui veut réaliser une idée. Il doit être innovateur et rassembleur, précise Jeannot Martel, conseiller chez Telus. C’est quelqu’un qui doit fédérer des collaborateurs qui vont travailler avec lui, et qui doit savoir convaincre sa direction. L’intrapreneur doit être complet dans son approche. Il faut donc d’abord convaincre les gens, bien structurer son idée. Il faut aussi être capable d’encaisser des refus, plusieurs fois. Un ‘non’ doit être pris comme une critique constructive. Parfois la direction change d’avis, et donne son accord pour développer l’idée, et là, c’est très valorisant. » Ce nouveau modèle se retrouve souvent dans des structures à échelle humaine, agiles et capables de s’adapter à leur environnement. Des structures moins pyramidales que par le passé, où les collaborateurs se sentent à l’aise et sont forces de proposition.

Tout bénéf’ pour les relations client

Dans le domaine des services, les secteurs du marketing et des media sont des terrains fertiles pour les innovations. Et donc pour les intrapreneurs, tant les transformations sont légions avec l’irruption du digital et de la data. C’est le cas par exemple chez CoSpirit MediaTrack, groupe de conseil opérationnel en marketing et media. Son PDG et fondateur Florian Grill insiste d’ailleurs sur l’importance de la latitude laissée aux collaborateurs de l’agence pour porter des projets innovants : « Nos équipes sont encouragées à proposer des initiatives, à développer leur autonomie sur des projets innovants co-développés avec les clients. Ces derniers ont souvent des besoins sans solution immédiate qu’il faut savoir écouter quitte à développer avec eux et pour eux des approches radicalement nouvelles. Pour cela il faut savoir sortir de sa zone de confort et investir dans la nouveauté en tâtonnant conjointement. En le faisant cela créé beaucoup de lien avec le client et une immense relation de confiance. »

Olivier Delavoye, Vice-président, enfonce le clou, voyant même dans cette approche une nouvelle organisation du travail : « La fidélisation des équipes, passe notamment par un investissement significatif dans la formation, qui gage la rapide montée en compétences de nos équipes, plutôt que de les enfermer dans une logique tayloriste qui, à terme, ne fait que réduire leur employabilité. » Les deux dirigeants sont confiants et placent de grands espoirs dans cette démarche qui fait déjà ses preuves. Pour eux, les équipes peuvent ainsi développer avec les annonceurs clients de l’agence une véritable relation de confiance et de proximité, et ce à long terme. Cette qualité dans les relations clients ne peut ainsi que renforcer l’engagement et la réactivité des collaborateurs de l’entreprise. De leur côté, les clients ont le sentiment que leurs demandes sont réellement écoutées, et les missions menées avec soin. Chacune des deux parties est ainsi gagnante. Ces qualités – humaines, au premier sens du terme – figurent donc parmi les compétences recherchées par les équipes des ressources humaines des entreprises, quelle que soit leur taille.

Services tous azimuts

Car ce qui est valable pour une agence comme CoSpirit MediaTrack est aussi valable pour une entreprise publique d’envergure nationale comme la Poste. En 2014, cette dernière a en effet lancé pour ses salariés le programme 20 projets pour 2020. C’était alors une sorte d’appel d’offre de la direction à ses cadres, pour celles et ceux qui seraient tentés de développer un projet au sein de l’entreprise. Chaque projet devait être porté par une équipe de deux à cinq personnes. Les projets proposés devaient présenter une nouvelle activité, être commercialisables dans les 18 mois après leur lancement effectif et, évidemment, générer des revenus pour le groupe. Ensuite, après plusieurs étapes de sélection et un accompagnement par des experts et des chefs d’entreprise, les intrapreneurs lauréats devront développer leur projet avec l’appui d’un comité exécutif.

Aujourd’hui, le Poste a sélectionné ses 29 projets demi-finalistes. Et les idées ont fusé ! Cela va d’un service de livraison par drone à des services spécifiques pour les personnes âgées en passant par un service de livraison de repas ou par la constitution d’une équipe de médiation. En attendant, la Poste est en train de mettre en place les projets lauréats de la précédente édition, comme Aniweedoo (un service de garde d’animaux domestiques), Ohmykeys (un service de remise de clés) ou Box Temporis (un service d’envoi de colis destinés à être livrés dans le futur, à vous-même ou à quelqu’un d’autre). Là encore, pour la Poste, il s’agit de renforcer l’implication de l’enseigne avec ses clients. L’intrapreunariat semble avoir de beaux jours devant lui : i
mpliquer les talents déjà présents dans l’entreprise, leur montrer que l’on croit en eux. Une stratégie gagnante sur toute la ligne.

 

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