La durabilité devient un moteur de compétition pour les banques de détail

20 novembre 2023

La durabilité devient un moteur de compétition pour les banques de détail

Photo Dr. Tillmann Lang, CEO et Co-fondateur Inyova ©  Inyova

Cinq éléments déterminent ce succès à venir 

Le système financier doit faire partie de la solution à la crise climatique. Cependant, jusqu’à présent, les banques de détail se sont peu penchées sur la manière dont elles peuvent contribuer à y remédier. Il est temps qu’un changement radical dans la politique commerciale se produise, car le succès entrepreneurial en dépendra également.

La crise du Covid, la réorganisation géopolitique et les évolutions dans l’environnement des taux d’intérêt ne sont que trois exemples montrant que le « changement radical » est la nouvelle norme. Pourtant, si l’on regarde les développements à long terme, certaines évolutions profondes sont étonnamment prévisibles. La crise climatique modifie déjà considérablement nos modes de vie. La jeune génération a des idées différentes de celles des générations précédentes sur ce qui constitue une vie réussie. Dans ce modèle de vie, par exemple, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée joue un rôle bien plus important que dans la réalité vécue par leurs parents et grands-parents.  Parallèlement, les jeunes, qui constitueront à l’avenir la majorité des clients dans la plupart des secteurs, sont généralement plus conscients des enjeux environnementaux et climatiques. Ils et elles choisiront leurs partenaires commerciaux, y compris les institutions financières, en fonction de leur sérieux quant à la question de la durabilité. Les jeunes se feront une idée précise de la manière dont les banques assument leur responsabilité en tant que membres de la société.

Le système financier peut contribuer à une plus grande durabilité

Les banques pourraient et devraient agir en tant que pionniers de la durabilité. La gamme de produits offerte est une partie centrale de l’économie durable – son effet est ce qu’on appelle le « handprint » – et devrait représenter la majorité de l’impact, surtout dans les institutions financières. Mais les institutions financières doivent également devenir durables dans leur manière de faire des affaires, en réduisant leur empreinte écologique. Quels clients achèteraient des produits verts d’une banque de détail qui, en tant qu’entreprise, n’agit pas de manière convaincante sur le plan de la durabilité ? Les gens disposent aujourd’hui d’une multitude d’informations qu’ils utilisent pour décider à qui ils peuvent faire confiance et qui, selon eux, peut assumer une responsabilité sociale. Cinq points clés peuvent propulser les banques de détail au niveau supérieur et les rendre pérennes.

Cinq éléments déterminent le succès futur

1)     Intégration globale de la durabilité

Les critères ESG ne doivent pas seulement s’appliquer aux produits, mais aussi à l’ensemble de l’entreprise. À quoi servent les crédits ? Quels projets sont financés ? Les hommes et les femmes ont-ils et elles les mêmes chances de promotion et reçoivent-ils et elles un salaire égal pour un travail égal ? Les fournisseurs seront évalués par les clients sur leur performance en matière de durabilité. Dans leurs produits, mais aussi dans leur travail et leur organisation. Ils sont déjà jugés sur ces critères aujourd’hui. La durabilité devient ainsi une condition préalable au succès – non seulement en raison de réglementations de plus en plus strictes, mais aussi parce que les entreprises et les clients particuliers le demandent de plus en plus.

2)     Mégatendance de la personnalisation

Les gens veulent de plus en plus être perçus comme des individus. Par conséquent, les produits financiers personnalisés, les investissements, les crédits, les comptes courants et les systèmes de paiement deviennent de plus en plus importants. Ce qui est déjà la norme en Angleterre, aux États-Unis et en Asie commence tout juste à arriver en Europe. La grande banque américaine JPMorgan a acheté OpenInvest, l’un des principaux fournisseurs de produits financiers personnalisés. UBS collabore déjà avec le fournisseur de personnalisation Ethic des États-Unis pour exporter le concept de personnalisation en Europe.

3)     Stratégies de plateforme et modèles de partenariat

Celui qui parle de durabilité doit connaître le sujet. Pas superficiellement, mais avec une expertise approfondie. Cela nécessite de nouvelles compétences. Pour cela, la collaboration avec des experts d’autres disciplines – en particulier des sciences naturelles ainsi que de la collecte et de l’analyse de données – est nécessaire. Celui qui veut tout faire lui-même fournira au mieux une qualité moyenne dans tous ses services. Les banques de détail doivent donc s’ouvrir à des partenariats avec d’autres fournisseurs. Sinon, elles seront progressivement dévorées par Apple, Amazon, Google ou d’autres.

4)     Utilisation des atouts traditionnels

Les atouts traditionnels des banques classiques, telles que leur réseau local et leur proximité avec les clients, sont précieux, mais elles auront besoin de moyens complémentaires qu’elles ne peuvent pas générer seules. Au centre se trouvent les conseillers et conseillères clients, qui doivent gérer des exigences de plus en plus complexes lors des consultations – qu’il s’agisse de questions sur l’effet d’un produit ou simplement du respect de réglementations complexes. Pour cela, il faut de la technologie et des outils de conseil qui permettent aux conseillers de se concentrer sur ce qui les rend forts : la relation client.

5)     Le modèle de vente au détail convient au monde de demain

Fournir des capitaux pour l’innovation est le premier levier du système financier pour faire partie de la solution. Il existe aujourd’hui de nombreux modèles qui se sont développés en marchés considérables : les obligations vertes, le capital-investissement, le capital-risque, le prêt entre pairs, les microfinances, pour n’en nommer que quelques-uns. Grâce au système financier, le capital peut être orienté là où il a le plus d’impact sur la durabilité. Ces modèles aident à créer les innovations dont nous avons besoin pour un modèle économique durable. Mais en plus de l’innovation, nous avons besoin d’une mise à niveau de l’économie existante vers la compatibilité climatique. C’est le deuxième levier du système financier, par exemple en exerçant des droits de propriété et d’actionnariat. En actionnant ces leviers, les banques de détail peuvent relever les défis auxquels nous sommes tous confrontés et faire partie de la solution.

Le changement déjà initié est irréversible. Cependant, on ne peut le maîtriser qu’en se transformant soi-même. Celles et ceux qui participent activement à ce changement ont d’énormes opportunités. Et les institutions financières en Europe feraient bien de ne pas laisser ce changement uniquement entre les mains de la Silicon Valley.

Retrouvez l’ensemble de nos articles Economie

 

Recommandé pour vous