La fast-fashion sévit

17 février 2014

La fast-fashion sévit

Nous connaissons tous le fast-food. Et bien la fast-fashion, c’est un peu la même chose: produire et diffuser dans des temps records des collections sans cesse renouvelées. En quelques années, et la crise aidant, la fast-fashion a chamboulé notre relation à la mode et déplacé notre jugement du luxe. Avant, c’était la rareté onéreuse – aujourd’hui la nouveauté perpétuelle. D’ailleurs sur les marchés économiques des bourses, les enseignes H&M, Zara ou Mango valent désormais autant que celles du haut de gamme.

Il faut dire que la frontière entre les deux est de plus en plus floue, en termes d’image – mêmes égéries, et sources d’inspiration, puisque les créateurs signent régulièrement des collections «capsules» cheap et chics.

Les fashions weeks actuelles sont dans une vraie surenchère, les défilés deviennent des shows. Les lignes se multiplient : croisière, pré-collection, collection commerciale, etc. On est passé de deux collections par an à quatre, six, huit… pour une seule marque ! Dans une telle société de consommation, les créateurs deviennent des intermittents du spectacle qui doivent toujours fournir plus.

Oublié donc, l’unique catalogue de La Redoute qui faisait date dans la saison. Chaque femme achète en moyenne près de 30 kilos de vêtements chaque année et 30% de ces habits ne sont même jamais portés. Une véritable stratégie de la part des marques, qui profitent d’une main d’œuvre à bas coût pour inonder le marché. Zara produit par exemple plus de 12 000 vêtements différents chaque année, selon la journaliste britannique Lucy Siegle dans un livre publié en 2011. Symbole de cette mode véritablement jetable, l’enseigne irlandaise Primark qui a ouvert fin 2013 en France son premier magasin. De la mode ultra discount, avec une robe moulante à 15 euros à porter juste le temps d’une soirée… quitte à la mettre ensuite à la poubelle.

Alors, parfois, pour certains parmi nous, un jour, ça saute aux yeux, ça monte à la tête : l’évidence, oppressante, de ne pas pouvoir faire jouer son libre-arbitre, de ne plus savoir dire « non » qui apparaît d’un coup. Or notre garde-robe est le prolongement de nous-même : si l’espace y manque, si l’on perd le contrôle, c’est notre propre bien-être qui en pâtit. La vôtre est-elle sursaturée ?

La fast-fashion sévitAu delà de la tristesse consumériste de cette mode qui court après on ne sait quoi, s’en cache par ailleurs une autre – dévastatrice : l’horreur humaine et environnementale qui se cache derrière ces vêtements vite achetés, vite mis. Longtemps rustiques, « écolos » au mauvais sens du terme, à la limite du « soixante huitard attardé », la mode écologique fait désormais dans le glamour, parfois même le luxe. A travers la «ethical fashion» ou mode éthique il est grand temps que d’une part l’industrie du vêtement et d’autre part, le consommateur prennent conscience du lieu et du mode de fabrication.

La crise financière globale et la contraction du pouvoir d’achat vont-elles finir par nous pousser vers une nouvelle ère surpassant d’une part la surenchère des marques et d’autre part l’infobésité vestimentaire à bas prix ? Derrière cette façade apparemment si frivole, revoyons le fondement de nos décisions d’achat.

STOP ! De l’air ! Parce que nos dressings ne sont pas infinis, parce ce que notre porte-monnaie, notre maison et les ressources de la planète ne sont pas sans fin, il est important d’apprendre à faire des pauses. Arrêter de consommer, de chercher à remplir nos vi(d)es pour s’interroger : « Au fond, qu’est-ce qui est vraiment important pour moi aujourd’hui ? ». Essayez de distinguer les achats qui relèvent d’un réel besoin, de ceux qui relèvent de la consommation ou de la consolation. « Je veux ceci, mais vais-je le mettre et combien de fois ? Vais-je regretter de ne pas l’avoir ? ». Des questions qui permettent de cerner l’utilité réelle du vêtement.

Ceux qui me connaissent, mes clients savent que, depuis toujours, mon crédo est «less i s more», de la qualité et non de la quantité, du et pas simplement de la mode – avec en toile de fond, une bonne connaissance de soi et de ses besoins pour acheter au mieux. L’attitude vise à se priver de quelques satisfactions marchandes courantes pour savourer de temps en temps un plaisir plus fastueux et peut-être plus « vert ». A côté de ses bienfaits esthétiques, visuels et psychologiques, le conseil en image est AUSSI fait pour vous aider à répondre à cette question.

Myriam Hoffmann, Chroniqueuse pour le magazine Le Monde Economique Myriam Hoffmann, Chroniqueuse pour le magazine Le Monde Economique – Consultante en image et Directrice du cabinet Première Impression

 

Recommandé pour vous