La géopolitique n’enflamme pas le pétrole

2 octobre 2025

La géopolitique n’enflamme pas le pétrole

Par « The Globe » Eurizon Asset Management

Les tensions géopolitiques ne montrent aucun signe d’apaisement, mais les marchés restent indifférents. Pourquoi ? La réponse à cette question récurrente réside dans le faible impact macro-économique des événements actuels, qui s’explique à son tour par le faible niveau (et le peu de volatilité) des prix des matières premières énergétiques, en particulier du pétrole.

Contrairement au déclenchement de la guerre en Ukraine, qui a entraîné une réduction de l’approvisionnement en gaz et en pétrole, dans le cas présent, l’offre est abondante.

En effet, en 2025, le prix du pétrole a connu deux moments de tension : au début de l’année, en raison des sanctions contre la Russie et du climat difficile aux Etats-Unis, et en juin, lors du conflit israélo-iranien, qui s’est ensuite rapidement résolu. Toutefois, même dans ces cas, le prix n’a pas dépassé les 80 USD le baril.

Depuis avril, l’OPEP+ a modifié sa stratégie en augmentant les quotas de production mensuels prévus. Dans les intentions initiales, la production devait augmenter de 0,8 million de barils par jour entre mai et octobre, alors que dès le mois d’août, l’augmentation réelle a été de 1,3 million de barils. Avec cette mesure, l’OPEP+ a absorbé la moitié des réductions de production décidées en 2023.

Grâce à cette augmentation de la production, l’OPEP + a maintenu les prix dans la fourchette de 55 à 75 dollars le baril, parvenant ainsi à regagner des parts de marché sans compromettre l’équilibre idéal pour la rentabilité américaine (un prix inférieur à 55 dollars exerce en effet une pression négative sur les investissements américains).

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande mondiale augmentera de 740 000 barils par jour d’ici à 2025, alors que l’offre augmentera de 2,7 millions de barils par jour (Mb/j), générant un excédent de plus de 2 Mb/j.

L’OPEP maintient des estimations plus optimistes, avec une augmentation de la demande de 1,3 Mb/j tirée par les pays émergents d’Asie. Cependant, la réalité de la consommation en Chine et en Inde semble faible par rapport aux prévisions officielles, et plusieurs observateurs estiment que l’OPEP surestime la demande.

Bien qu’à des degrés divers, les estimations de la demande pour 2025 ont été revues à la baisse, tandis que la production de l’OPEP a augmenté, tout comme celle des États-Unis. Dans l’ensemble, la situation des prix est plus baissière que haussière.

Le tableau suggère donc que l’équilibre entre l’offre et la demande s’oriente plus nettement vers un excédent structurel de l’offre, par

rapport au début de l’année 2025.

À court terme, les prix restent soutenus par les achats chinois (qui augmentent les stocks stratégiques) et les risques liés à la production russe. Le consensus des analystes suppose toutefois qu’une offre excédentaire pourrait être créée, ce qui entraînerait une chute des prix vers la zone des 50-60 dollars le baril au début de 2026.

Ce niveau, il faut le noter, serait encore envisagé favorablement par l’administration Trump, qui cherche à poursuivre la baisse de l’inflation, mais devrait être interprété comme un plancher à ne pas franchir, sous peine d’entamer la rentabilité des producteurs américains.

Un délicat exercice d’équilibre entre la maîtrise de l’inflation, la rentabilité des producteurs et la neutralisation des effets des tensions géopolitiques.

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