La HEIG-VD développe un nouvel outil pour l’évaluation des technologies de santé

16 mars 2021

La HEIG-VD développe un nouvel outil pour l’évaluation des technologies de santé

Logo © HEIG-VD

Les vaccins développés en réponse à la crise sanitaire du COVID-19 rappellent l’importance de l‘évaluation des médicaments, dispositifs médicaux et pratiques professionnelles. En effet, les technologies de santé, outre leur impact direct sur le bénéfice thérapeutique, diagnostique ou de compensation du handicap pour la patiente ou le patient, peuvent avoir un impact sur l’organisation des soins et les acteurs impliqués (par ex. hôpital, médecin généraliste, proche aidante ou aidant). Or, à ce jour, les autorités de santé n’en tiennent pas compte dans leur décision de remboursement, sauf exception (par ex. tests rapides COVID dans certains pays/états). Cette cartographie des impacts organisationnels comble ce manque.

En effet, l’évaluation des technologies de santé (ETS) consiste d’abord en l’évaluation systématique des propriétés, des effets et/ou des impacts cliniques de ces technologies. Lorsque le coût de ces technologies est vraisemblablement important, une évaluation économique est également réalisée. Ce point renvoie au challenge permanent d‘économicité et de durabilité de nos systèmes de santé. Rappelons en effet que l’objectif principal d’une évaluation est d’éclairer la prise de décision politique (selon l’Organisation Mondiale de la Santé), d’accorder ou non un remboursement. Toutefois, ces deux dimensions de l’évaluation –clinique et économique- sont réductrices ; d’autres critères d’analyse tels que les enjeux sociaux, organisationnels et éthiques, par exemple, pourraient être intégrés, comme s’accordent à le dire les grandes institutions internationales de l’ETS.

Les tests rapides COVID sont un très bon exemple des impacts organisationnels des technologies de santé innovantes. Avant, l’assurance obligatoire ne prenait jamais en charge ce type de tests. Aujourd’hui, certains pays ont décidé de les rembourser (de manière exceptionnelle) parce qu’ils ont vu que leur utilisation améliorait la vitesse de diagnostic (impact sur le patient) et limitait la propagation du virus (donc impact en termes de santé publique sur la société au sens large) ainsi que le recours aux soignants (pour les tests salivaires par exemple) donc avait un impact sur les organisations de santé (les prestataires comme les hôpitaux ou les laboratoires de biologie médicale) et même sur l’économie en générale (et la productivité du pays) en évitant des quarantaines ou des fermetures inappropriées.

Fruit d’un travail de près de 3 ans entre la HEIG-VD, l’Université de Lyon 3 et la Haute Autorité de Santé France, un nouvel outil d’évaluation – une première mondiale – complémentaire aux études cliniques et économiques, a été rendu public en toute fin d’année 2020.

Développé par l’Institut interdisciplinaire de développement de l’entreprise (IIDE) de la HEIG-VD, l’Institut de formation et de recherche sur les organisations sanitaires et sociales (IFROSS) de l’Université de Lyon 3 pour le compte de la Haute Autorité de Santé française (HAS, équivalent de l’Office fédéral de la santé publique), il s’agit d’une cartographie des impacts organisationnels des technologies de santé (médicaments, dispositifs médicaux et pratiques professionnelles) innovantes.

Cette cartographie comble le manque qui existait souligne Caryn Mathy, Professeure à la HEIG-VD, qui a réalisé ce travail. En effet, dorénavant, elle permet aux industriels qui demandent un remboursement auprès de la HAS, de dépasser les dimensions clinique et économique de l’évaluation et d’argumenter sur les éventuels impacts organisationnels positifs de leur nouvelle technologie de santé et ainsi de, peut-être, obtenir un remboursement (comme pour les tests rapides). La cartographie vise en effet à préciser les types d’impacts organisationnels et à mesurer leurs effets ». 

Son utilisation, non obligatoire à ce jour, pourrait s’avérer clé lorsque les impacts organisationnels sont probants, surtout s’ils contrebalancent une faible amélioration clinique ou s’ils ont des impacts économiques importants. Reste à la HAS à définir la manière dont elle les prendra en compte et si d’autres autorités de santé internationales seront intéressées par cette nouveauté.

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