L’avenir appartient aux entreprises qui collecteront suffisamment de données

25 juin 2020

L’avenir appartient aux entreprises qui collecteront suffisamment de données
  • Le chiffre d’affaires, le bénéfice d’exploitation et les dépenses de recherche et de développement des 21 plus grands groupes pharmaceutiques ont augmenté de plus de 10 pour cent en 2019
  • Les deux grands groupes suisses, Roche et Novartis, voient leur chiffre d’affaires et leur EBIT progresser
  • 242 produits thérapeutiques et 161 vaccins contre le coronavirus étaient en cours de développement au début du mois de juin 2020
  • La COVID-19 ne modifiera pratiquement pas le pipeline de développement des grandes entreprises, mais aura des répercussions majeures sur les fusions et acquisitions et les processus commerciaux


Après une progression interrompue l’année précédente, les plus grandes entreprises pharmaceutiques mondiales ont renoué avec la croissance en 2019. En particulier, elles ont redoublé d’efforts en matière d’innovation. Les dépenses de recherche et de développement (RD) des 21 groupes étudiés ont augmenté de 14,2 pour cent, alors qu’elles avaient diminué de 1,9 pour cent en 2018. Presque toutes les entreprises ont profité de cette phase de croissance: 16 des 21 groupes analysés ont augmenté leur dépenses de RD. Les entreprises sont également parvenues à redresser leur bénéfice d’exploitation (EBIT): après une croissance en recul de 3,2 pour cent en 2018, leur EBIT a progressé de 11,9 pour cent en 2019.  

Les entreprises peuvent également se réjouir de la forte croissance de leur chiffre d’affaires (+12,3 pour cent). Le rachat de Shire a permis à Takeda de tirer son épingle du jeu, les recettes du groupe japonais passant de 15,6 milliards à 25,8 milliards d’euros. Mais même en ne tenant pas compte du rachat de Shire, les grandes entreprises pharmaceutiques ont généré un chiffre d’affaires élevé, en croissance de 10,1 pour cent, grâce à la mise sur le marché de nouvelles substances actives. Ces résultats sont issus d’une analyse des indicateurs financiers des 21 plus grandes entreprises pharmaceutiques du monde que le cabinet d’audit et de conseil EY a réalisée. Cette analyse porte sur les exercices financiers 2017, 2018 et 2019. 49 pour cent de ces 21 entreprises ont domicilié leur siège aux États-Unis, 42 pour cent en Europe et neuf pour cent au Japon.  

Les poids lourds de l’industrie pharmaceutique suisse ont le vent en poupe


La Suisse est également représentée dans l’étude d’EY, par Roche et Novartis, les deux poids lourds de l’industrie pharmaceutique suisse. Roche s’est hissée en tête du classement 2019 dans les catégories chiffre d’affaires total, chiffre d’affaires des médicaments blockbusters, EBIT et dépenses de RD. «En 2019, avant le coronavirus, l’industrie pharmaceutique a progressé en Suisse comme dans le reste du monde, commente Jürg Zürcher, partner et biotech sector leader chez EY Suisse. Quelques grosses acquisitions ont eu une certaine influence sur les chiffres, notamment le rachat de Shire par Takeda. L’ensemble du secteur s’est focalisé sur le renforcement de ses capacités de recherche et de développement. En cette période de crise du coronavirus, les entreprises démontrent leur capacité d’innovation et leur flexibilité.»  

Et d’ajouter: «Les Big Pharma ont été soumises à de fortes attentes en matière d’innovation, plus encore que les Big Biotech, qui sont pourtant reconnues pour le dynamisme de leurs recherches. Les plus grandes entreprises pharmaceutiques sont parvenues à innover dans tous les domaines en 2019, en poursuivant leurs efforts internes, en procédant à des rachats et en concluant des alliances.» 

Nombre de produits thérapeutiques et de vaccins contre la COVID-19 sont en cours de développement


Le secteur des sciences de la vie s’est mobilisé afin d’innover. Une mobilisation salutaire en cette période de crise sanitaire. Selon une recherche d’EY, début juin, l’ensemble du secteur avait créé 161 vaccins et 242 substances actives potentiels, et développé ou mis sur le marché plus de 700 tests, le tout en un temps record. Toutefois, ces chiffres évoluent presque de jour en jour, et rien ne garantit qu’un vaccin ou qu’une substance active sûr et efficace pourra être mis au point. La recherche médicale investit beaucoup d’argent à perte: 97 pour cent des vaccins qui sont actuellement testés ne verront pas la lumière du jour. 

L’oncologie reste un domaine prioritaire, mais le coronavirus pourrait-il changer la donne?


En 2019 comme par le passé, les plus grandes entreprises pharmaceutiques se sont focalisées sur le développement de traitements contre le cancer. 2 586 molécules anticancéreuses étaient en développement clinique cette année-là. À titre de comparaison, 605 substances actives contre les maladies infectieuses ont fait l’objet d’études cliniques sur la même période.  

En effet, c’est dans le domaine de l’oncologie que les entreprises réalisent la majeure partie de leur chiffre d’affaires. L’an dernier, leurs recettes dans ce domaine ont progressé d’un cinquième pour s’établir à 174 milliards d’euros, à la faveur notamment des médicaments blockbusters qui génèrent un chiffre d’affaires de plus d’un milliard de dollars américains. Face à cela, les maladies infectieuses leur ont permis de générer un chiffre d’affaires de «seulement» 46 milliards d’euros, ce qui représente une augmentation de 5,1 pour cent par rapport à 2018. 

«Il faut s’attendre à ce que le thème des infections et celui des résistances aux antibiotiques gagnent de l’importance dans le contexte actuel de crise du coronavirus, selon Jürg Zürcher, expert chez EY. Pour autant, les grandes firmes n’arrêteront pas leurs programmes à long terme et ne refocaliseront pas non plus leurs activités principales sur la COVID-19.» Selon l’expert, cela tiendrait au fait que les pandémies ne sont pas un facteur d’activité planifiable puisque l’on ignore quand et sous quelle forme elles vont se manifester.  

La crise du coronavirus freine les activités de fusions et acquisitions


L’un des effets de la COVID-19 est d’ores et déjà perceptible: un nombre important de fusions et d’acquisitions ont été suspendues. «Les groupes pharmaceutiques ont plutôt tendance à patienter, pour voir quelle sera la situation après la pause estivale. Il y a trop d’incertitude en ce moment, si bien que ni les acheteurs ni les vendeurs ne parviennent à s’entendre sur les prix», explique M. Zürcher. À long terme, l’industrie pharmaceutique pourrait tirer parti des enseignements de la crise actuelle. «Les entreprises apprennent beaucoup sur leurs processus actuellement. Cela aura un effet durable», prédit l’expert.  

Selon Jürg Zürcher, le traitement des données va lui aussi évoluer: «L’avenir appartient aux entreprises qui collecteront suffisamment de données. Elles permettront, d’une part, d’optimiser les processus, et d’autre part, d’aider les patients de manière plus efficace et mieux ciblée.

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