Ces quelques mots qui exultent la liberté, la fraîcheur et le plaisir d’entamer sa journée à sa guise. Qui peut encore les dire, haut et fort ?
Happés que nous sommes par nos petits boîtiers digitaux. Dans lesquels nous plongeons dès la première seconde de silence… Ce vide délicieux devenu dangereux pour certains… Vite ! Il faut parler ! Chercher une information ! Faire semblant d’être occupé !
Il nous réveille à l’heure, le petit boîtier vitré, avec la mélodie de notre choix. Quelle aubaine de pouvoir choisir la musique de notre geôle préférée ! Ce voleur de temps à qui nous confions nos clés. Ce maître qui nous guide sur les routes et optimise notre itinéraire. Ce valet qui réserve notre vol, encaisse et débourse d’un click. Ce serviteur si précieux, qui nous rappelle les anniversaires et l’heure de nos rendez-vous.
Ce dealer de dopamine qui nous fournit de manière licite nos lignes de likes dans un fourbi d’informations inutiles et de messages haineux qui pullulent sur les réseaux.
Si ce petit boîtier hautement addictif est la première chose que nous touchons en nous réveillant, on peut légitimement se demander de quelle couleur sera notre liberté quotidienne ?
« Le matin m’appartient » est cette sensation agréable de disposer de son temps, ne serait-ce que 10 minutes quotidiennement. Qui pour admirer le lever du soleil, s’étirer, danser ou méditer, qui pour ouvrir un livre inspirant ou écrire quelques idées fraîches.
De quoi est libre celui qui donne son temps de cerveau disponible, dès l’aurore, aux illusionnistes du web ? Liberté fictive conditionnée par la vie d’un tiers. Illusion de vivre par stars interposées.
La seule et véritable liberté est celle que l’on acquiert – parfois de haute lutte – chaque fois que nous nous libérons de nos conditionnements, nos habitudes « délétères » : que nous résistons à l’infobésité, l’appel des sirènes d’un monde pixélisé, soigneusement packagé par les marchands de rêves et autres influenceurs à la mode.
À quoi destinerons-nous cette matinée de liberté ?
À réinventer ou optimiser notre existence : relations, travail, entreprise, santé, hors des sentiers algorithmiques ? À entreprendre ce voyage sans cesse reporté ? À écrire ce livre, resté au fond du tiroir ? À aimer mieux nos proches ? À vivre enfin pleinement, en harmonie, selon nos propres critères ?
Et si nous libérions nos matins… Mode d’emploi :
-. Se procurer un réveil-matin pour laisser notre smartphone à la cuisine pendant la nuit.
-. Laisser son corps se réveiller sans horloge un ou deux jours par semaine. Et découvrir notre biorythme naturel.
-. Interdire le boîtier dans la chambre à coucher pour une nuit sans électromagnétisme.
-. Ignorer le boîtier lors des repas pour converser avec des êtres humains.
-. Pratiquer quelques respirations conscientes (mindfulness ou bodyscan) pour oxygéner nos cellules.
-. Effectuer des exercices oculaires ou des étirements ciblés pour activer le nerf vague.
-. Dessiner, écrire ou jardiner. Bref, s’adonner à notre activité corporelle préférée, en savourant chaque instant.
Et si la liberté se cachait simplement dans chaque seconde vécue en étant totalement présent, attentif, libéré du poids des «il faut», «je dois» et autres urgences qui rythment le quotidien des gens dits civilisés ou, comme le disait le visionnaire Pierre Rabhi, conditionnés dans toutes sortes de « boîtes » ?
Et si la liberté se trouvait dans notre capacité à nous réensauvager en nous libérant de notre prévisibilité ?
Et si ce matin, je faisais autrement ?
Alors, je pourrais dire : Le matin m’appartient et le « monde » peut attendre !
Texte inspiré du livre: Sagesses déconfinées
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