Le point sur les plans d’investissement dans l’UE

6 août 2025

Le point sur les plans d’investissement dans l’UE

« The Globe » rédigé par Eurizon Asset Management

Mars a marqué un moment de discontinuité pour la politique fiscale en Europe.

En effet, l’Allemagne avait annoncé en mars son « quoi qu’il en coûte », un énorme plan pluriannuel de dépenses de défense et d’infrastructures, au point de demander la modification de la règle d’endettement (Schuldenbremse) qui pendant des années a limité la capacité du gouvernement à engager des dépenses.

Dans le même temps, la Commission européenne avait lancé le plan « Rearm Europe », rebaptisé « Readiness 2030 », qui prévoyait de mobiliser jusqu’à 800 milliards de ressources pour augmenter les dépenses de défense en dix ans. Le plan prévoit la suspension du Pacte de stabilité et de croissance, de manière à désincorporer les dépenses de défense du calcul du déficit, et la définition d’un nouvel instrument européen, SAFE, capable de garantir 150 milliards de prêts pour des projets de défense commune au niveau européen.

Depuis, les choses se sont précipitées, surtout en Allemagne. Fin juin, moins de deux mois après son installation, le gouvernement de coalition CDU/SPD a présenté son plan budgétaire pour 2025. Celui-ci prévoit une hausse des dépenses d’investissement et de défense dès le second semestre de l’année en cours, soit plus tôt que ce qui était prévu.

Le gouvernement de Friedrich Merz prévoit notamment d’augmenter les dépenses d’investissement à 115 milliards d’euros cette année, soit 50 % de plus qu’en 2024.

Quelques doutes subsistent quant à la capacité réelle de réalisation des projets de dépenses en si peu de temps. La loi budgétaire ne sera en vigueur qu’en septembre, après l’approbation définitive du parlement. Il est donc plus probable que les effets positifs sur l’économie réelle ne se fassent sentir qu’en fin d’année, et plus pleinement à partir de 2026.

Les mesures de relance s’établissent entre 800 et 1000 milliards d’euros et il est estimé qu’elles pourraient accroître le PIB d’environ 1 % par an en 2026 et 2027.

Une première incidence du plan de dépenses massif du gouvernement allemand a été constatée dans les chiffres de la confiance des entreprises, qui se sont nettement améliorés ces derniers mois, malgré l’incertitude de l’issue des négociations sur les tarifs douaniers avec Trump. L’indice PMI et l’indice IFO ont atteint leurs niveaux les plus hauts depuis environ 1 an, signalant une amélioration des perspectives de croissance de l’économie allemande.

L’énorme plan de dépenses du gouvernement allemand aura des conséquences positives également sur la croissance des autres pays européens, qui se sont d’ailleurs eux aussi préparés à augmenter leurs dépenses de défense, profitant des mesures prévues par le plan Rearm Europe de la Commission européenne.

De ce côté aussi les choses ont évolué plutôt rapidement. Début juillet, le Conseil européen a activé la clause de sauvegarde dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance pour 15 États membres, afin de permettre l’augmentation des dépenses de défense dans la limite de 1,5 % du PIB pendant 4 ans, sans déclenchement de la procédure de déficit excessif.

Parmi les 15 États membres concernés figurent divers pays de l’Est comme la Pologne, la Finlande et les pays baltes, mais aussi des pays comme la Belgique et le Portugal.

L’Allemagne elle aussi a demandé l’activation de la clause de sauvegarde. Cette demande ne pourra être examinée qu’une fois que l’Allemagne aura présenté à la Commission son plan fiscal structurel à moyen terme, ce qui devrait avoir lieu d’ici septembre.

L’Italie, qui veut d’abord sortir de la procédure de déficit excessif (ce que le gouvernement souhaite voir arriver l’année prochaine), reste spectatrice pour le moment.

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