LE REVENU INCONDITIONNEL DE BASE FAIT UN RETOUR EN FORCE

21 juin 2020

LE REVENU INCONDITIONNEL DE BASE FAIT UN RETOUR EN FORCE

Par Dessy Damianova

Mais voilà que, rejetée quelques années en arrière, l’idée d’un « Revenu de base inconditionnel » (un « RBI », connu aussi comme « allocation de base », « salaire universel » et « revenu citoyen »), fait un retour en force en 2020. Le séisme lié à la pandémie du coronavirus et ses puissantes répliques économiques menacent d’ébranler des secteurs entiers et de priver des milliers de personnes de leurs sources de revenus. La crise a frappé d’une manière aussi inattendue qu’impitoyable, allant chercher ses victimes jusque dans les fleurons des économies nationales et dans les entreprises les plus compétitives.

Du coup, vu quelques années en arrière comme un intrus, le revenu inconditionnel de base paraît aujourd’hui comme une solution parfaitement plausible, probablement la seule qui puisse contrecarrer les conséquences d’une crise à grande échelle et d’un chômage massif.

D’un côté, la perspective ne paraît guère réjouissante. Trente ans et quelques mois après l’effondrement du communisme à l’Est, nous nous acheminons vers un système qui lui ressemble en tous les points – aussi bien politiquement qu’économiquement parlant. Risque de dérive sécuritaire, surveillance maximale, interventionnisme de l’Etat, et maintenant, probablement – un revenu de base.

Loin, si loin des Trente glorieuses…

En même temps, il faut bien se rappeler que, si trente ans ont passé depuis l’effondrement des totalitarismes à l’Est, on n’est plus (non plus !) dans cette « Trentaine glorieuse » de l’Occident où les possibilités semblaient illimitées et les ressources miraculeusement inépuisables. Dans notre monde où, malgré l’avènement de l’Internet, les champs d’action se rétrécissent et où les crises deviennent de plus en plus fréquentes, les discours d’hier passent mal. Célébrer avec emphase l’initiative privée et exalter l’esprit d’entreprenariat libre tout en poussant l’Etat à reculer sans cesse, une telle rengaine aura bientôt une résonnance obsolète, le goût d’un autre temps…

L’Etat a un rôle à jouer

Il est clair que dans la nouvelle situation où nous sommes appelés à vivre après la crise, l’Etat a un rôle à jouer – surtout dans le domaine économique. Et il ne s’agit pas là ni de la promotion d’une redistribution béate, ni d’égalitarisme à tout prix. L’introduction d’un RBI ne freinera pas la volonté humaine d’aller toujours plus loin, encouragée en cela par un système qui restera indubitablement capitaliste, centré profondément sur le concept d’initiative privée. (et c’est là sa grande différence d’avec les économies totalitaires planifiées  par l’Etat)…

Voilà donc qu’il revient, le concept mal- aimé d’un salaire de base. Mais, en effet, était-il si « mal-aimé » que cela ?

Le président Macron l’a évoqué, il y a un an, presque jour pour jour

Certes, l’opinion publique en Occident l’avait passablement boudé et les urnes helvétiques l’ont rejeté en 2014.

 Cela n’a pourtant pas empêché le concept de revenu universel de se retrouver régulièrement, pendant toutes ces années, dans le discours des responsables politiques, voire dans celui des dirigeants du monde. Il y a un an, presque jour pour jour, dans son allocution à l’occasion du centenaire de l’OIT, le président Emmanuel Macron l’a évoqué en se référant à lui comme à « salaire minimum ». Plaidant pour le retour à une économie où chacun trouverait sa part, Macron a insisté sur le bien-fondé d’un tel salaire de base et sur la création, auprès des sept pays les plus industrialisés du monde (le G-7), d’un fonds d’impact social.

Si, en 2019, elles se heurtaient encore à une certaine indifférence, ces paroles du président français prennent tout leur sens aujourd’hui, dans un contexte complètement différent, tissé d’incertitude et d’angoisse croissantes, d’urgence à décider, et à agir. 

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