Les hôteliers suisses à la reconquête

20 septembre 2012

Les hôteliers suisses à la reconquête

Pour beaucoup d’observateurs, la Suisse reste malgré la conjoncture un ilot de cherté. L’un des domaines où la Suisse parvient à exprimer le mieux ses compétences, l’hôtellerie, est justement un domaine où la cherté s’exerce souvent avec vigueur. A l’heure où le secteur hôtelier souffre de la conjoncture, c’est-à-dire la faiblesse prolongée de l’euro qui engendre un recul des touristes européens en Suisse, il est temps de faire preuve d’optimisme, et de souligner exigences et savoir-faire des hôteliers.

La bonne santé du secteur est bien entendu nécessaire pour l’économie. Mais pas forcément plus importante que des secteurs qui servent de locomotive, comme le secteur bancaire et l’industrie pharmaceutique. L’hôtellerie n’est pas une locomotive économique comme elle l’est pour l’Espagne, dont l’économie dépend beaucoup du tourisme. Mais elle constitue un indicateur très fortement scruté, et une vitrine pour les visiteurs étrangers. L’installation à l’hôtel (accueil, disponibilité, propreté, confort, services) laisse une empreinte indélébile chez le visiteur, ce qui peut influencer des séjours futurs. S’il est bien accueilli, il revient et consomme plus largement. Chaque hôtel est donc garant du maintien de cette tradition et de cette culture d’accueil. Cette tradition est entretenue par l’apprentissage en école hôtelière, dont la Romandie possède sans doute l’un des beaux échantillons.

Un enseignement romand dans le peloton de tête

Souvent honorée pour son excellence ces dernières années (elle figure régulièrement dans le peloton de tête mondial des écoles hôtelières), l’Ecole hôtelière de Lausanne, située au Chalet-à-Gobet sur les hauteurs de la capitale vaudoise, délivre depuis plus de dix ans (depuis 2001) un Master dans le domaine du management et des professions d’accueil en hôtellerie. Cette formation de niveau universitaire, presque inédite sur le continent européen il y a dix ans, offre visibilité et reconnaissance aux métiers de l’hôtellerie.

Devenue pionnière dans la formation de hauts diplômés en hôtellerie, elle s’est aussi vu décernée le Prix suisse de l’éthique en 2006 pour son engagement en faveur des énergies renouvelables. L’EHL dispense des cours théoriques et pratiques sur les questions d’environnement, et un comité comportant vingt-six membres fait vivre des projets en rapport avec l’écologie sur le campus.

Si l’hôtellerie suisse souhaite fidéliser les visiteurs étrangers, venus d’Europe et des autres pays (n’oublions pas les nouvelles clientèles russes, japonaises ou chinoises qui ont identifié Genève, Zurich ou la Jungfrau en tête de leur tour d’Europe), elle doit continuer de miser sur ces atouts : les villes, le haut de gamme et les stations de montagne. Mais en innovant, en misant notamment sur le tourisme vert, elle peut s’assurer mieux : une reconnaissance régionale et mondiale, un savoir-faire suisse. Auprès des mastodontes français ou espagnols, elle peut avancer sa meilleure carte : le sens de l’accueil, l’hospitalité. C’est pour cette recherche constante de l’excellence que travaillent depuis plusieurs années (et plusieurs décennies) les dirigeants et les élèves de l’EHL.

Faustin Rollinat/Rédacteur pour le magazine Le Monde Economique

 

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