Les services juridiques suisses misent toujours sur la technologie analogique

3 décembre 2017

Les services juridiques suisses misent toujours sur la technologie analogique

  • Seuls 27,5 % des services juridiques d’entreprise ont recours à des solutions numériques dans leur travail quotidien (38 % ne s’en préoccupent pas encore)
  • 43 % des juristes d’entreprise s’attendent à ce que l’intelligence artificielle remplace bon nombre de leurs collaborateurs au cours des années à venir
  • De nombreuses entreprises n’ont pas encore pris conscience des changements réglementaires exigés par la transformation numérique

Les services juridiques internes des entreprises basées en Suisse devront faire face à des défis majeurs en lien avec la transformation numérique. Ils en sont certes conscients, mais les ressources nécessaires pour réagir de manière appropriée à cette évolution leur font souvent défaut. Ainsi, seules 27,5 % des équipes de juristes internes recourent à des solutions numériques dans leur travail quotidien. Les archives numériques, déjà utilisées par près de la moitié des entreprises, en font par exemple partie. En même temps, 20 % des entreprises de Suisse alémanique et respectivement 30 % des firmes suisses romandes et tessinoises pensent que les juristes d’entreprise utiliseront eux aussi bientôt des applications basées sur la technologie de la chaîne de blocs (blockchain). Jugées souhaitables par la moitié des entreprises, les assemblées générales électroniques pourraient également se généraliser.

Le thème souvent évoqué de l’intelligence artificielle obtient un score plus élevé. En effet, 43 % des juristes d’entreprise s’attendent à ce que l’intelligence artificielle remplace bon nombre de leurs collaborateurs au cours des années à venir. Dans ce contexte, il est surprenant de constater que 38 % des juristes d’entreprise internes ne se sont pas encore intéressés à la numérisation inéluctable de leur domaine d’activité.

La prise de conscience est là, mais les solutions font encore défaut

Ces résultats sont le fruit de l’étude « General Counsel Barometer » menée pour la première fois par la société de conseil EY, qui a analysé, dans le cadre de 102 interviews, l’opinion de juristes d’entreprises des secteurs des sciences de la vie, de l’énergie, des télécommunications, de l’industrie et du commerce/de la consommation au sujet de la numérisation. « Les résultats montrent que les juristes d’entreprise interrogés sont bien conscients que la numérisation aura un fort impact sur leur activité et leurs prestations, mais ils ne sont pas encore bien préparés face à l’importance de ces répercussions à plus long terme. Un changement de mentalités est nécessaire pour que les services juridiques réussissent à prendre le virage numérique. S’ils y parviennent, ces services, qui disposent souvent de ressources restreintes, pourront, à notre avis, en tirer profit », affirme Oliver Blum, Managing Partner Legal Services chez EY.

Les conditions-cadres sont devenues moins fiables

L’enquête menée auprès des juristes d’entreprise montre, par ailleurs, que de nombreuses entreprises (surtout les petites entreprises) sous-estiment la charge de travail qu’impliquera la mise en œuvre diligente des nouveautés réglementaires. Notamment les nouvelles règles relatives à la saisie du temps de travail, à la protection des données ou au « cash pooling », c’est-à-dire la gestion centralisée de la trésorerie de plusieurs sociétés d’un groupe. La stabilité politico-économique et la fiabilité institutionnelle de la Suisse ont diminué ces dernières années. En même temps, les exigences réglementaires se sont durcies, ce qui donne toujours plus de fil à retordre aux services juridiques. Le recours à des solutions numériques offre cependant des opportunités : l’organisation plus efficace des processus permet de dégager des ressources pour s’adapter de manière plus flexible et plus rapide aux nouveautés réglementaires.

 

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