Les stations vertes peuvent-elles modifier l’économie de l’or blanc ?

30 octobre 2012

Les stations vertes peuvent-elles modifier l’économie de l’or blanc ?

Il faut rappeler le nombre de stations dans les Alpes : environ 600. Rien qu’en Suisse, 57 au total. Un choix large qui peut contenter assez facilement les amateurs de poudreuse. Cela va de la petite station familiale (Champoussin, Ovronnaz) aux importantes stations dont la réputation dépasse les frontières (Zermatt, St-Moritz). Un domaine vaste, suffisamment hétérogène bien que cantonné au sein d’un seul massif. Les sports d’hiver englobent un ensemble d’activités qui posent de plus en plus de questions sur le plan environnemental. Avec l’arrivée de dizaines de milliers de vacanciers chaque hiver, les stations de sports d’hiver rejettent des gaz à effet de serre. Remonte-pentes, téléphériques, entretien des pistes, canons à neige, hôtels ou chalets de la station, toutes ces infrastructures coûtent cher aux stations mais ne font tout le mal que l’on le pense.

Le transport, que ce soit l’avion ou la voiture (ou le bus), représente la moitié des rejets. Il faut donc privilégier le train si possible pour se rendre en station. En Suisse, le réseau ferré permet souvent de se rendre au plus près, mais c’est bien entendu loin d’être le cas partout. La clientèle étrangère est d’autre part tentée de prendre l’avion, plus rapide et plus économique. C’est le cas des britanniques très friands des Alpes. Autre initiative, à Saas-Fee en Valais on a pris depuis longtemps l’engagement d’un village sans voiture. Seules des navettes électriques (absolument hors de prix, il fallait au moins un bémol) y circulent.

Des énergies renouvelables pour diminuer le bilan carbone

De nombreuses stations de ski se posent désormais des questions pour leur futur. La question de l’énergie revient immanquablement et nous fournit des pistes intéressantes. Il faut s’adapter aux aléas du climat, mais aussi penser à faire des économies dans un contexte un peu morose, pas franchement emballant pour les stations. Il existe des options énergétiques simples et efficaces pour rendre ses installations moins coûteuses et son activité plus pérenne.

  • D’une part, l’éolienne. Le vent peut être très puissant en altitude, la station suisse de Sattel fut la première à bénéficier de cette énergie renouvelable. Une seule éolienne pourrait à elle seule permettre de faire fonctionner plusieurs remonte-pentes, alimenter en électricité une grande partie des logements en station. Tout en se ménageant un surplus.
  • Deuxième pourvoyeur d’énergie, le soleil, également très présent en montagne, à moins d’avoir vingt jours blancs à la suite… Les installations photovoltaïques sont des technologies innovantes qui n’ont pas d’impact sur l’environnement.

L’éolien et le solaire peuvent permettre de réduire considérablement l’émission de CO2 des stations. Elles peuvent tirer deux bénéfices : la facture énergétique est d’abord moindre. Quant au niveau qualitatif c’est l’occasion de se faire de la publicité et d’améliorer son image. Il existe seulement quelques réserves. Comme nous l’avons observé dans un précédent article, l’éolien peine à s’implanter sur les plateaux. A-t-il été testé à haute altitude ? On le sait, l’éolien peine à convaincre en Suisse, notamment pour son impact supposé sur le paysage. Quant au solaire, c’est une énergie dont personne ne conteste l’efficacité mais soupçonnée d’être trop chère.

Le climat et son impact sur l’écosystème

Le réchauffement climatique, dont la preuve la plus formelle est la diminution alarmante des glaciers, montre que les régions montagneuses sont sans doute plus sollicitées que d’autres. Cela a une autre conséquence. L’enneigement est devenu plus aléatoire. Il n’est plus certain de rencontrer de bonnes conditions d’enneigement, que l’on aille en station aux mois de novembre et décembre, ou en fin de saison à partir du mois de mars.

Les stations situées entre 1000 à 1500 mètres ne vont pas vers un accroissement de leur activité, et la baisse des entrées risque d’être à l’avenir significative. Les canons à neige constituent un remède certes, mais un remède insuffisant, et qui est extrêmement dispendieux économiquement, dispendieux pour les réserves d’eau des lacs qu’on y injecte.

La prochaine saison de ski n’est pas pour autant menacée. Le dernier mois de février, avec ses températures polaires, l’a démontré, même si le début de l’hiver fut plus doux que la normale. Mais les températures furent si froides durant ce mois de février qu’elles ont découragé une bonne part des skieurs. Ironie du climat. L’écosystème souffre cependant indéniablement de l’activité frénétique des stations, de l’afflux permanent des skieurs et de l’érosion des glaciers.

L’expression ne fait pas encore partie du langage courant : on ne parle pas encore de stations vertes, ni de pistes de ski vertes, à part pour qualifier ces pistes de très faciles, donc pour tous publics. Pourtant rappelez-vous, quand Rimbaud écrivait : J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, ne fallait-il pas y lire une drôle de prémonition ?

Faustin Rollinat/Rédacteur pour le magazine Le Monde Economique

 

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