L’INITIATIVE ‘BELT AND ROAD’ : DEPLOIEMENT DE LA STRATEGIE MARITIME

6 janvier 2019

L’INITIATIVE ‘BELT AND ROAD’ : DEPLOIEMENT DE LA STRATEGIE MARITIME

Par Nathalie Kemadjou*

Depuis la mise en œuvre de l’initiative ‘Belt and Road’, le gouvernement chinois a de manière accrue cherché à établir une coopération maritime avec les pays situés le long de l’axe (the Road). En effet, le 20 juin 2017, la Chine annonçait sa vision d’une coopération maritime sous l’égide de l’initiative ‘Belt and Road’, dans un but d’assurer la promotion de l’initiative éponyme. Le plan d’envergure met en relief 3 liaisons océaniques maritimes de l’économie bleue, reliant l’Asie avec l’Afrique, l’Océanie et au-delà. En 2013, le Président M. Xi Jinping lançait cette initiative afin d’ériger conjointement la Ceinture Economique de la Route de la Soie et la Route de la Soie du 21ème siècle dans un but de promouvoir une politique de coordination, d’assurer une forte connexion des infrastructures et des installations, de faciliter le libre-échange, de favoriser une intégration financière, d’atteindre un partage de croissance tout en propulsant la construction et la consolidation de l’initiative ‘Belt and Road’.

Cette vision est sous-tendue par les principes suivants :

The Silk Roads

Ne pas tenir compte des différences et établir un consensus, en déployant des efforts pour maintenir l’ordre international océanique, en respectant les différents concepts de développement océanique pour les pays situés le long de l’axe (the Road).

Assurer simultanément l’ouverture, la coopération et le développement inclusif. Des efforts sont déployés pour une ouverture des marchés, une amélioration de l’environnement des investissements, en éliminant les barrières commerciales pour faciliter les échanges et l’investissement.

Entreprendre des opérations axées sur le marché et la participation des parties prenantes. Ceci passe par une conformité aux règles du marché et des normes internationales.

Participer à un développement conjoint en respectant la volonté des pays situés sur l’axe (The Road), tout en prenant en compte les intérêts des diverses parties.

Cadre de déploiement

Le cadre maritime, l’océan s’inscrit comme base pour un renforcement du bien-être, la Chine encourageant ainsi les Etats le long de l’axe (the Road) à faire converger leurs stratégies et à édifier des réseaux efficients de transport maritime. Cela passe par une coopération impliquant l’édification d’une économie bleue sur le passage Chine-Océan indien Afrique-mer méditerranée reliant le corridor économique Chine-péninsule indonésienne, allant vers l’ouest de la mer de Chine méridionale à l’océan indien, et connectant le corridor économique Chine-Pakistan et le corridor économique Bangladesh-Chine-Inde-Myanmar. Des efforts seront également déployés pour une construction conjointe d’une économie bleue sur le passage Chine-Océanie- Pacifique, en direction du sud de la mer de Chine méridionale à l’océan pacifique. Il est également envisagé la mise en place d’une économie bleue sur le passage Europe via l’océan Arctique.

Les axes prioritaires de coopération 1

Ceux-ci visent à établir de nouvelles formes de coopération, par un développement de plans d’action et de mise en place de projets coopératifs avec comme objectifs :

  • Le développement vert

Dans un but d’assurer une sécurité écologique maritime, la Chine propose aux pays situés le long de l’axe (The Road) d’assumer la conservation écologique maritime et de fournir des services écologiques marins de haute qualité. Il est également envisagé de sauvegarder la santé de l’écosystème marin en s’appuyant sur une coopération qui consolidera la protection et la restauration des écosystèmes marins. Des efforts seront déployés pour contrôler, évaluer et restaurer l’état des mangroves, les algues marines, les récifs de corail, les écosystèmes insulaires et des zones côtières. Dans le cadre de la protection des environnements marins régionaux, la coopération sera renforcée pour lutter contre la pollution marine, l’acidification des océans. La stratégie de coopération environnementale s’effectuera sous la houlette du mécanisme mis en place par la Chine et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est.

  • La prospérité maritime

Celle-ci suppose que les nations le long de l’axe (the Road) mettent pleinement en valeur leurs avantages comparatifs en utilisant durablement leurs ressources marines, en renforçant l’inter connectivité et en promouvant l’économie bleue.

Pour renforcer la coopération sur les utilisations de la mer, la Chine s’engage à collaborer avec les pays le long de l’axe (the Road), en vue d’examiner et de développer conjointement les inventaires des ressources marines. A cet égard, les entreprises sont vivement encouragées à s’impliquer de façon responsable à l’utilisation des ressources marines. Dans le cadre de la modernisation de l’industrie maritime, la Chine coopérera avec les pays situés le long de l’axe (the Road) en érigeant des parcs industriels dédiés aux secteurs maritimes, aux zones commerciales et économiques, et facilitera le déploiement d’entreprises chinoises. La promotion de la connectivité maritime s’appuiera sur les efforts indispensables au renforcement de la coopération maritime internationale, également sur l’amélioration des réseaux de transports maritimes. Les pays le long de l’axe (the Road) sont encouragés à renforcer la coopération par le biais d’alliances portuaires. Les compagnies chinoises participeront à la construction des ports et veilleront à leur opérationnalité. Dans le registre des communications internationales, des projets seront mis sur pied pour l’aménagement et la construction des câbles sous-marins. Dans la région de l’Arctique, la Chine travaillera avec les parties prenantes en assurant des enquêtes scientifiques relatives aux liaisons de navigation, s’impliquera dans l’installation des stations de surveillance terrestres, en effectuant des recherches dans l’Arctique sur le changement climatique et environnemental.

  • La sécurité maritime

L’objectif ici est de renforcer les capacités visant à réduire les risques et à déployer des efforts pour sauvegarder la sécurité maritime. En ce qui concerne le renforcement de la coopération dans le domaine des services publics maritimes, la Chine propose de développer et de partager conjointement les services publics maritimes situés le long de l’axe (the Road), en encourageant les pays à construire les réseaux de surveillance, en partageant les résultats d’enquêtes des milieux marins. La Chine veut renforcer la coopération dans l’application du système de navigation et de positionnement par satellites – BeiDou Navigation Satellite System2. Dans le cadre d’une coopération sur la sécurité maritime de navigation, la Chine remplira ses obligations internationales, tout en condamnant et combattant les voies de sécurité non conformes, tel que les crimes en mer. Des capacités de renforcement conjoint seront mises en place pour prévenir et atténuer les catastrophes maritimes. Ainsi, la Chine propose d’ériger conjointement des systèmes de signalisation contre les catastrophes dans la mer de Chine méridionale, le Golfe du Bengale, la mer rouge et le golfe d’aden, et suggère un développement conjoint des outils d’avertissement dédiés au transport, agir en prévention des catastrophes et les atténuer. Des opérations seront effectuées afin de collaborer avec les pays situés le long de l’axe (the Road), pour mettre sur pied des mécanismes coopératifs, ouvrir des centres de formation, conduire et piloter conjointement des recherches en vue d’apporter des réponses en prévenant les catastrophes maritimes, et fournir une assistance technique aux pays situés le long de l’axe (the Road).

Il sera prévu de renforcer une coopération maritime dans l’application de la loi. Le maintien du droit maritime sera assuré au travers de cadres bilatéraux et multilatéraux.

  • Une croissance novatrice

Pour les économies axées sur les océans, l’innovation est l’un des principaux moteurs pour un développement durable. Les efforts menés seront sous-tendus par deux actions :

l Maintenir la poursuite d’une coopération dans le champ de la recherche scientifique maritime et le développement technologique. Par le biais d’une coopération à l’initiative science et technologie marine, la Chine mènera conjointement des enquêtes et effectuera des recherches dans les eaux névralgiques ; elle interviendra en prévoyant les anomalies, évaluera les impacts en procédant aux recherches face aux interactions entre les moussons et l’océan, en pilotant des enquêtes en géoscience de la marge continentale de l’océan indien.

  • Eriger des plateformes de coopération pour la technologie marine. Des efforts seront déployés pour faciliter le développement d’organismes en vue d’améliorer la capacité d’accomplissement dans le domaine de la technologie maritime. Il s’agit de l’APEC Marine Sustainable Development Center, East Asia Marine Co-operation Platform, China-ASEAN Marine Co-operation Center, China-ASEAN College of Marine Sciences, China-PEMSA Sustainable Coastal Management Co-operation Center, China-Malaysia Joint Marine Research Center, China-Indonesia Center for Ocean and Climate, China-Thailand Joint Laboratory for Climate and Marine Ecosystem, China-Pakistan Joint Marine Scientific Research Center, China-Israel Saewater Deasalination Joint Resaerch Center.
  • Une gouvernance concertée

Celle-ci passe par un développement de mécanismes indispensablse à l’économie bleue. Le forum dédié veillera à la promotion de nouveaux concepts, à l’exercice de bonnes pratiques et renforcera l’intégration maritime industrielle. Des efforts seront déployés pour développer conjointement la classification internationale des standards relatifs à l’économie bleue. Il sera également assurer une promotion de la planification de l’espace marin transfrontalier ; une promotion et un partage des principes communs, des normes techniques, des bonnes pratiques et des méthodes d’évaluation. La Chine entreprend le développement de mécanismes relatifs à l’océan considéré en espace de coopération, et la formulation de politiques et de règles sous l’égide d’organismes afférents.

 

De cette vision maritime, il s’ensuit la création d’opportunités et la recherche d’un développement commun afin de protéger l’univers maritime, d’établir collectivement un schéma directeur pour une Route de la Soie Maritime en ce 21ème siècle, et aboutir à une harmonie entre les hommes et les océans et un bien-être commun. La Chine s’est investie en signant plusieurs accords intergouvernementaux, en mobilisant des ressources considérables nécessaires à la mise en place de fonds (China-ASEAN Maritime Co-operation Fund, China-Indonesia Maritime Co-operation Fund), et en érigeant un cadre, le plan pour la coopération internationale pour la mer de Chine méridionale. Des progrès notables ont été observés suite à la mise en place d’une série de projets.

1Belt and Road Initiative – International Institute of Macau

2 BeiDou Navigation Satellite System est un système de navigation et de positionnement par satellites chinois en cours de déploiement qui devrait devenir complètement opérationnel en 2020. L’Exploitant est le Administration spatiale nationale chinoise – CNSA et le tout premier lancement s’est déroulé le 30 octobre 2000

   

*Membre Maritime Silk Road Association

 

Recommandé pour vous