Lorsqu’un chantier public s’installe devant une entreprise

24 octobre 2011

Lorsqu’un chantier public s’installe devant une entreprise

Toutes les villes de Suisse sont, en permanence, prises d’assaut par des travaux et autres chantiers. C’est souvent bien plus qu’une ouverture de la chaussée et une déviation de la circulation.

Lorsque les travaux publics s’installent dans un quartier, c’est l’ensemble de la population qui est touchée. Tant le passant que le commerçant ou l’employé de bureau, personne n’échappe aux troubles octroyés par la mise en place d’un ouvrage urbain.

C’est avant tout la circulation qui est la première touchée, souvent interrompue et constamment redirigée, chaque trajet, qu’il soit à pied ou en véhicule se trouve modifié et bien souvent rallongé. Parfois, l’accès même à une rue est restreint, et c’est, pour les entreprises et autres commerces qui y résident, une perte certaine en clientèle.

Bien que la plupart du temps les entrepreneurs marquent à l’aide de grandes banderoles « Nous restons ouverts durant les travaux », les sociétés qui se trouvent sur le tracé d’un chantier notent, presque toujours, des troubles et une baisse de leur chiffre d’affaire. Mais en plus de cela, il y a les nuisances. En Suisse, on tient énormément compte du dérangement des riverains. C’est pourquoi la plupart des chantiers ne fonctionnent que le jour, sauf cas exceptionnels.

Certes, bien que les nuisances ne se produisent alors que la journée, avoir un marteau piqueur sous sa fenêtre durant son travail n’est pas bien agréable. D’autant plus que certains commerçants misent sur le beau temps pour attirer du monde. Mais une terrasse ensoleillée avec vue sur une tranchée n’est pas très accueillante, et c’est bien souvent que les restaurateurs voient les passants bouder leurs aménagements.

Victimes partielles mais non moins importantes des chantiers, la suppression des places de parking peut poser de nombreux problèmes pour les clients potentiels mais aussi pour les employés ! Les solutions sont très compliquées à mettre en place : Suivant la taille de l’entreprise, le patron ne pourra pas se permettre de payer le parking à ses employés (dans la mesure où il en existe un à portée) et certains employés seront alors obligés soit de se garer hors places, espérant éviter la contravention ou alors utiliser les transports en commun.

Ces derniers ne sont pas non plus épargnés par les ouvrage publics : à Genève, par exemple, les plus grands chantiers œuvrent pour la construction d’une nouvelle voie de tram, la plupart des bus qui empruntent ces tronçons sont frappés de retard allant parfois jusqu’à dix minutes.

La ville du bout du lac est actuellement couverte de plus de trente chantiers, la plupart en centre ville mais aussi sur les axes majeurs qui traversent le canton. Les victimes de ces travaux : les entreprises de quartiers. Les plus touchés auront droit à une compensation de la part du canton, mais rien de précis. Or, ces subventions ne viennent pas toutes seules : s’il s’avère qu’une entreprise est touchée directement dans ses affaires, il faut qu’elle se manifeste. Il est évident que l’état ne fait pas de publicité pour indemniser les riverains, et les sociétés sont, la plupart du temps, dans une ignorance totale de ce type d’aide. Les possibilités pour un dédommagement sont les suivantes :

Tout d’abord, il faut pouvoir prouver que le chantier est la cause directe du tort financier. Ensuite, il faut envoyer le montant du chiffre d’affaire ainsi que la perte encourue. L’indemnisation ne porte, cependant, que sur la marge, et non sur le chiffre d’affaire, il faut donc aussi donner cette marge et justifier le lien entre la perte et les travaux. L’état exige que l’entreprise ait essayé de sortir de cette situation de crise par des mesures (publicité, baisse du prix, promotions etc.). Ensuite, l’envoi de cette requête doit être fait auprès du Bureau du génie civil.

A l’heure actuelle, l’état entre en matière déjà avant la fin des travaux (les indemnisations s’effectuant d’habitude une fois l’œuvre achevée). Il octroie même des subventions d’avance, si, et seulement si, la vie de l’entreprise en dépend. Mais, l’aide est parfois refusée. Dans ce cas, il est peut-être encore possible d’obtenir auprès du bailleur une baisse de loyer sur la durée des travaux en guise de compensation. Enfin, tout cela ne pourra pas changer l’image qu’une entreprise se sera fait durant la période de chantier.

Romain Wanner/Rédacteur chez Le Monde Economique

 

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