Marchés des Émirats arabes unis en 2025 : la dynamique au cœur du hub financier de Dubaï

12 octobre 2025

Marchés des Émirats arabes unis en 2025 : la dynamique au cœur du hub financier de Dubaï

Photo Michael Flynn © REYL Finance

Analyse macroéconomique

Par Michael Flynn, Senior Investment Advisor, Reyl Finance (MEA)

L’économie des Émirats arabes unis (EAU) bénéficie de vents favorables tout en faisant face à certaines zones de turbulence. La Banque centrale des EAU (CBUAE) prévoit une croissance du PIB réel de 4,4 % en 2025 et de 5,4 % en 2026, avec une progression du PIB hors hydrocarbures d’environ 4,5 % sur les deux années. L’activité dans le secteur des hydrocarbures devrait s’intensifier, avec une croissance de 4,1 % en 2025 et une accélération attendue en 2026.

La CBUAE a révisé sa prévision d’inflation pour 2025 à environ 1,9 %, avec une perspective similaire pour 2026. Bien que l’inflation globale reste modérée, les secteurs du logement, des services publics et autres domaines non négociables méritent une attention particulière. Les risques externes tels que la volatilité des prix du pétrole, les tendances mondiales des taux d’intérêt et l’instabilité géopolitique peuvent influencer les performances économiques. L’ancrage du dirham au dollar américain assure une stabilité monétaire, mais les coûts d’importation, les pressions sur le transport maritime et le climat commercial mondial ajoutent des risques spécifiques à certains secteurs.

Le Centre financier international de Dubaï : du rôle de gardien à moteur de croissance

Le Centre financier international de Dubaï (DIFC) dépasse désormais le cadre d’un centre financier traditionnel et devient un écosystème d’innovation et de croissance. Les autorisations pour les fintechs et les services financiers numériques se multiplient. Les family offices et les gestionnaires d’actifs arrivent avec des attentes en matière d’investissements thématiques, de critères ESG renforcés, de modèles technologiques et de clarté réglementaire.

Dubaï allie une base solide de services financiers à une volonté affirmée de se positionner sur les secteurs de nouvelle génération. Cela offre un avantage aux premiers entrants dans les segments émergents, mais soulève aussi des défis en matière de régulation, de valorisation et de capacité, notamment en ce qui concerne les talents, la conformité et la gouvernance.

Dynamiques et tendances

Les investissements privés dans les plateformes numériques et les fintechs continuent de croître, avec des opérations plus importantes et plus structurées. Les marchés de la dette et des sukuk (instruments conformes à la charia) arrivent à maturité, portés par l’augmentation des émissions souveraines et quasi-souveraines. Les sukuk à moyen terme (trois à sept ans) suscitent un intérêt croissant en raison de leur potentiel de rendement, surtout dans un contexte où les taux mondiaux pourraient ne baisser que progressivement.

Avec l’intégration de la durabilité, les entreprises régionales sont soumises à une pression accrue pour publier des informations crédibles sur le climat et l’environnement, favorisant l’essor des obligations vertes et des projets de sukuk durables. La dynamique sectorielle évolue également : la logistique, les énergies propres, l’intelligence artificielle et l’automatisation, la santé numérique et les technologies de la chaîne d’approvisionnement deviennent des axes de croissance à long terme. Ces secteurs nécessitent des délais de mise en œuvre plus longs, une régulation plus stricte et comportent des risques d’exécution souvent sous-estimés.

Investisseurs internationaux 

Pour les investisseurs internationaux, la confiance s’accroît à mesure que les cadres réglementaires se renforcent et que l’infrastructure et les protections des marchés s’améliorent. Toutefois, la liquidité reste variable. Toutes les actions cotées aux EAU ou les produits structurés ne sont pas facilement négociables, impliquant une vigilance particulière sur les frais de sortie et la densité du marché pour les positions importantes.

Les considérations fiscales transfrontalières sont également à prendre en compte. Bien que les EAU n’appliquent pas d’impôt sur le revenu des personnes physiques, les règles fiscales pour les entreprises, les conventions bilatérales et les normes minimales de l’OCDE peuvent peser sur les rendements et ajouter de la complexité. Malgré une dynamique intérieure solide, les secteurs des EAU restent exposés aux fluctuations mondiales, qu’il s’agisse de variations des taux d’intérêt, des prix de l’énergie ou de perturbations commerciales.

Perspectives

Parmi les thèmes à surveiller jusqu’en 2026 et au-delà est de savoir si l’inflation dans les secteurs non négociables (logement et services publics) pourrait augmenter, entraînant un durcissement des politiques économiques. 

Un autre enjeu est la capacité du DIFC à adapter ses cadres réglementaires, de conformité et de gestion des talents pour faire face à une complexité croissante liée aux fintechs, aux exigences ESG et aux investissements transfrontaliers, incluant les doubles cotations éventuelles. La résilience des secteurs aux EAU sera également mise à l’épreuve si la demande extérieure faiblit, que ce soit en provenance d’Europe, d’Asie ou d’autres partenaires clés, ou si la baisse des prix du pétrole atténue les effets positifs du secteur des hydrocarbures.

Au-delà de tout, c’est la capacité des entreprises à assurer une gouvernance rigoureuse, une mise en œuvre efficiente des projets et une gestion maîtrisée des risques qui déterminera quelles opportunités perdureront réellement.

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