Le Parc des Crêts et le Pavillon de la danse

8 juin 2022

Le Parc des Crêts et le Pavillon de la danse

Par Eugénie Rousak

Deux projets d’envergure émergent à Genève. Au premier abord tout les sépare. L’un est au cœur de la végétation de Troinex, l’autre est sur les graviers de la très centrale place Sturm. L’un a une vocation résidentielle sur presque neuf hectares, l’autre amène les arts plastiques dans le milieu urbain sur une surface brute de plancher de 1 633 mètres carrés. L’un est le plus grand projet en zone villa de Genève, l’autre a une histoire longue de plus de 20 ans pour une existence éphémère. L’un va accueillir plus de 1 000 habitants au quotidien, alors que le second offre l’ambiance dansante à 200 personnes assises le temps d’une représentation. Pourtant, les deux ont un objectif commun : se glisser délicatement dans un décor déjà établi pour l’agrémenter sans le perturber. C’est l’histoire de deux projets : le Parc des Crêts à Troinex et le Pavillon de la danse. Alors que le chantier du complexe de villas au Parc des Crêts a débuté en 2020, l’objectif recherché par les pilotes du projet est d’inscrire cette nouvelle construction dans la biodiversité de Troinex, entre la Drize et le Nant des Marais. Pour permettre cette immersion, un ratio de 79% de zones vertes sur la surface totale du projet a été fixé, à noter que ce rapport est presque le double en comparaison à la majorité de projets.

Le Parc des Crêts est le plus grand projet en zone villa de Genève

Ainsi, les îlots d’habitation espacés jusqu’à 40 mètres les uns des autres renfermeront des patios végétalisés. Chacun aura en plus sa propre thématique, créant ainsi une mosaïque de la diversité florale avec des potagers communautaires à travers le parc entièrement piéton. La circulation motorisée et parking sont au sous-sol. De plus, les immeubles relativement bas de deux voire trois étages seulement seront agrémentés de larges baies vitrées, terrasses étendues et balcons pour véritablement donner le sentiment d’être en symbiose avec la nature, laissant la verdure et la lumière pénétrer dans les appartements.

Si le Pavillon de la danse s’est érigé en milieu urbain, le fil rouge était le même : faire dialoguer l’immense bâtisse aux cadres dansants avec l’Église russe, les immeubles de la rue Sturm et l’espace aérien au-dessus de la rue Ferdinand Hodler. Pour garantir cette légèreté et faire un clin d’œil à la future utilisation très artistique des espaces, les initiateurs de projets ont utilisé le principe de chronophotographie. Avec cette technique, l’objet photographié est arrêté en différentes séquences qui varient futilement l’une à l’autre, permettant ainsi d’apercevoir le mouvement.

Ainsi, les nombreuses arrêtes de cette étrange ossature donnent l’illusion d’un folioscope. Pour donner ce sentiment de mouvement à l’exosquelette de plus de dix mètres de haut, un long travail d’ingénierie et simulation sur les plans 3D en amont a été nécessaire. Sur les 85 portiques d’une épaisseur de 16 centimètres, aucun ne se répète vraiment ! Finalement, derrière ce rendu visuellement très simple qui donne l’impression de flottement dansant ou même de caméléonisation dans la ville, se cachent près de huit tonnes de matériaux.

L’architecture s’intègre pleinement au cœur du village de Troinex

L’autre point de convergence des deux projets est le soucis écologique, accompagné d’une démarche respectueuse de l’environnement. D’un côté, le projet de Troinex s’inscrit dans les objectifs de diversité environnementale du WWF. De l’autre le standard THPE (Très Haute Performance Energétique) a été adopté pour la construction, garantissant ainsi une consommation faible en électricité, notamment grâce au photovoltaïque et au chauffage, principalement au bois. Et justement en parlant de bois. Le Pavillon de la danse est entièrement conçu en bois indigène associé au label MINERGIE. L’intérieur est fait en sapin, alors que les parties exposées aux aléas météorologiques sont en mélèze, considéré comme plus pérenne et résistant.

Ainsi, même si le projet occupe l’emplacement de façon éphémère durant sept ans, la construction pourra par la suite être utilisée durant près de 80 ans, voire plus. D’ailleurs, dans cette optique de recyclage, le démontage a été directement chiffré dans l’enveloppe budgétaire de 11 millions de francs, alors que l’assemblage a été réalisé de façon à faire s’emboîter les pièces ou de les fixer avec des boulons. Même la structure a été placée sur des fondations très rudimentaires.

Le Pavillon de la danse a déjà ouvert ses portes en mars 2021 et propose désormais une programmation diversifiée, portée par Association pour la danse contemporaine Genève.

Le Pavillon de la danse est entièrement conçu en bois indigène associé au label MINERGIE

Spécialement conçue pour cette utilisation, cette première salle uniquement dédiée à la danse propose différentes configurations pour répondre aux besoins des mises en scène. De côté de Troinex, la première pierre du chantier a été posée en automne 2020 et la livraison est prévue pour 2024. Ce « village dans le village » offrira ainsi 368 logements en PPE (Propriété Par Etages) avec 40 villas, douze immeubles de deux étages offrant plus de 260 appartements allant de deux à sept pièces et 65 habitations pour seniors.

Différents dans leurs utilisations, ces deux projets genevois très ambitieux répondent finalement au même besoin : fondre les bâtisses nouvelles dans la nature ou les éléments d’architecture existant qui occupent les lieux. Intégrer pour marier.

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