Point de rupture

16 juin 2025

Point de rupture

Le vent de panique du Liberation Day ne remonte qu’à un peu plus de deux mois, et pourtant il appartient déjà au passé. 

Par Michel Saugné, CIO, La Financière de l’Echiquier

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Michel Saugné © LFDE

Les marchés actions sont revenus très proches de leurs plus hauts atteints en février, la volatilité est retombée à des niveaux très bas et les déclarations des uns et des autres sur les tarifs douaniers laissent les investisseurs presque insensibles. A l’aube de l’été, les marchés semblent à présent reprendre leur souffle, soulagés d’avoir échappé au pire, mais dans l’expectative après un rallye impressionnant.

A bien des égards, la situation présente s’apparente à un point de rupture. Du côté de la guerre commerciale, après la désescalade des derniers mois, les choses n’avancent guère. Les accords commerciaux imminents, promis chaque semaine par les responsables américains, se font toujours attendre. La rencontre très surveillée entre Américains et Chinois à Londres a finalement accouché, après deux jours de discussions, d’une situation simplement inchangée. La hausse des droits de douane sur les produits pharmaceutiques, régulièrement évoquée en avril et mai, n’a plus été mentionnée depuis plusieurs semaines. A l’inverse, les tarifs douaniers ont été relevés sur l’aluminium et l’acier, et Donald Trump a évoqué la possibilité de faire de même pour ceux concernant l’automobile. Si l’hypothèse d’une forte réescalade semble désormais écartée, cette relative stabilité est-elle le prélude à une nouvelle détente, ou bien l’amorce d’une longue période d’enlisement, qui verrait les droits de douanes rester durablement à leur niveau actuel, le plus élevé depuis les années 1940 ? A la clé, un impact économique radicalement différent.

Du côté de l’économie justement, les prochaines données ‘’dures’’ – emploi, consommation, production industrielle – seront celles qui devraient refléter les premières conséquences de la guerre commerciale… si conséquence il doit y avoir ! Après avoir déjoué les pronostics depuis deux ans, l’économie américaine va-t-elle une nouvelle fois surprendre par sa résilience ? Ou les multiples coups de boutoir de Donald Trump vont-ils finalement ébranler l’édifice ? Là encore, la réponse affectera de manière très différente la trajectoire des marchés.

Au sein des marchés, la question de la poursuite de certaines tendances se pose. Après avoir creusé un écart historique au premier semestre, les actions européennes vont-elles conserver voire accroître leur avance sur leurs homologues américaines, aidées par la poursuite de la baisse du dollar ? Les valeurs domestiques européennes vont-elles continuer à dominer les valeurs exportatrices, après avoir effacé 4 ans de sous-performance en moins de 6 mois ? Le secteur de la défense, qui a quasiment doublé depuis le début de l’année[1], a-t-il encore du carburant pour les prochains trimestres ?

Dans cette situation, et alors que certaines réponses ne dépendront pas uniquement de faits rationnels, il semble opportun de diversifier ses risques, notamment en se réintéressant à des segments de marchés délaissés, comme les petites valeurs européennes ou les émergents, tout en profitant du couple rendement/risque toujours attractif des obligations d’entreprises européennes pour apporter de la stabilité dans les portefeuilles. 

[1] Performance de l’indice Stoxx Europe Targeted Defence : +90,3% YTD, dividendes nets réinvestis.

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Opinion rédigée le 13 juin 2025

Disclaimer : Ces informations, données et opinions de LFDE sont fournies uniquement à titre d’information et, de ce fait, ne constituent ni une offre d’achat ou de vente d’un titre ni un conseil en investissement ni une analyse financière. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. 

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