Pourquoi la promesse client est-elle le nouveau Graal des entreprises

22 juin 2025

Pourquoi la promesse client est-elle le nouveau Graal des entreprises

Par Denise Longchamp

Imaginez : votre entreprise consacre un budget important à sa communication, à ses produits, à son service client. Pourtant, 60% de vos clients vous quitteront après une seule mauvaise expérience (Etude PwC). Pire : chaque promesse non tenue vous coûtera jusqu’à 20% de votre chiffre d’affaires (KPMG). Dans l’économie actuelle, où la confiance est devenue la dernière vraie différenciation concurrentielle, la promesse client n’est plus un simple concept marketing – c’est une question de survie économique. Entre les attentes exponentielles des consommateurs, l’hyper-transparence imposée par les réseaux sociaux et la volatilité sans précédent des marchés, les dirigeants doivent repenser radicalement leur approche. Car aujourd’hui, une marque ne vaut plus ce que valent ses produits, mais ce que valent ses engagements.

C’est dans ce contexte que la notion de promesse client s’impose comme un enjeu stratégique majeur, bien au-delà des préoccupations du service marketing. Car formuler une promesse client, c’est exposer publiquement une ambition, une capacité d’exécution, une vision de son rapport au client – et, in fine, une culture d’entreprise. Mais de quoi parle-t-on exactement ?

Un nouveau champ de bataille

La promesse client ne se confond ni avec l’expérience client, souvent réduite à des interactions ponctuelles, ni avec la satisfaction, mesure passive d’un ressenti. Elle incarne un contrat implicite, un engagement global sur lequel une entreprise est jugée – et sanctionnée – en temps réel. Les dirigeants sous-estiment encore le coût d’une promesse rompue. Une étude du cabinet KPMG estime que les entreprises perdent jusqu’à 20 % de leur chiffre d’affaires à cause d’un décalage entre leurs discours et la réalité vécue par les clients. Prenez le secteur bancaire : après le scandale des comptes fantômes de Wells Fargo, la banque a vu son NPS (Net Promoter Score) chuter de 30 points, avec un impact direct sur sa valorisation boursière. À l’inverse, un groupe comme LVMH capitalise sur des promesses audacieuses pour justifier des marges hors normes. La promesse client n’est plus un slogan marketing : c’est un actif financier.

Bâtir une promesse tenable

Cette quête du Graal comporte des pièges. La mondialisation a complexifié la chaîne de valeur, rendant plus difficile la cohérence entre ce qui est promis et ce qui est livré. Les enseignes occidentales promettant une production « éthique » se heurtent aux réalités des filières asiatiques, comme l’a révélé le cas Shein, accusé de travail forcé malgré des engagements affichés. Autre écueil : l’hyper-transparence exigée par les réseaux sociaux. Une étude du MIT montre que 45 % des crises de réputation naissent désormais d’un écart entre la communication des marques et les témoignages des consommateurs sur TikTok ou Reddit. Les dirigeants doivent désormais gérer leur promesse comme une diplomatie en temps de guerre, où chaque faux pas devient viral.

Certaines entreprises transforment cette contrainte en levier. Amazon a bâti son empire sur une promesse simple (« livraison en 24 heures »), soutenue par des investissements logistiques massifs. Mais la vraie rupture vient des marques qui intègrent leurs clients dans la conception même de leur engagement. Patagonia, par exemple, associe ses acheteurs à des audits environnementaux indépendants, renforçant ainsi la crédibilité de son discours écologique.

Reste une question cruciale : dans un contexte de récession rampante, les entreprises peuvent-elles se permettre de tenir leurs engagements ? La tentation est grande de rogner sur les services pour préserver les marges. Pourtant, les données de Bain & Company sont claires : les marques qui ont maintenu leurs standards lors des crises de 2008 et 2020 ont capté 3 fois plus de parts de marché que les autres. L’avenir appartient à ceux qui comprendront que la promesse client n’est pas une dépense. La confiance, après tout, est la seule monnaie qui ne se dévalue pas.

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