QUAND LE HYGGE, LA RECETTE DANOISE DU BIEN-ETRE, S’INVITE DANS L’ENTREPRISE

4 février 2019

QUAND LE HYGGE, LA RECETTE DANOISE DU BIEN-ETRE,  S’INVITE DANS L’ENTREPRISE

Par Dessy Damianova

« Hygge dans l’entreprise » peut à prime abord paraître comme un non-sens, le désormais célèbre concept danois du bonheur étant inextricablement lié au « chez soi » et au confort domestique. Un confort que l’on vivrait comme le cocon parfait – un milieu protecteur, douillet et restaurateur. Or, l’entreprise peut être exactement le contraire, ouverte qu’elle est assez souvent aux vents glaciaux de la concurrence, de la rivalité, de la pression hiérarchique. Comment un tel environnement peut-il être compatible avec le hygge ?

Avant de répondre à cette question, rappelons- nous ce que c’est le hygge et les caractéristiques de ce qu’on salue universellement comme la « recette danoise du bonheur ». Provenant du vieux danois et norvégien où il signifiait « penser, réfléchir » et prononcé en français comme « heu-gueu », le mot désigne un état de bien-être doux, calme et, en quelque sorte, « mûrement réfléchi ».

Place aux petites joies de la vie !

Plus généralement, il s’agit d’un concept de bien-être vécu à travers les petites joies de la vie quotidienne, souvent, notamment, mises en valeur par contraste avec un environnement extérieur inamical – le froid hivernal, l’obscurité. N’oublions pas qu’avec le hygge original, nous sommes en Scandinavie, terre nordique où l’hiver est long, sombre et glacial et où la nuit tombe très tôt. C’est donc dans cette opposition entre une réalité extérieure contrariante et un intérieur commode et cosy que le hygge prend tout son sens. Dans la chaleur de son chez-soi, dans une ambiance feutrée et reposante, éclairée d’une lumière tamisée, de préférence celle des bougies, l’on s’adonnerait à ses occupations préférées – lire un livre, siroter une boisson chaude, jouer avec son animal domestique, bavarder avec des amis.

A prime abord, aucun de ces actes familiers et banals ne possède une teneur philosophique élevée, ni ne présente une originalité quelconque. Et pourtant, oui, le hygge est une philosophie – à sa manière. Une philosophie du quotidien et une attitude « mûrement réfléchie » et assumée. Et c’est comme une telle attitude qu’il peut avoir sa place dans l’entreprise. D’autant plus que l’un de ses traits principaux est bien la convivialité, la communion dans les joies simples et l’échange – choses qui peuvent contribuer à l’éclosion et à l’épanouissement (d’une manière bien informelle, certes) à la fois de l’esprit d’équipe dans l’entreprise et du bien-être des collaborateurs.

Le hygge – une philosophie d’entreprise ?

Il suffirait pour cela de créer, dans les espaces destinés aux discussions et aux rencontres, une atmosphère socialisante, voire familière, en bannissant tout ce qui a l’air impersonnel- bureaucratique et en y introduisant, comme nous le conseillent les connaisseurs de la recette danoise, quelques signes forts du hygge – des tables basses confortables, une bouilloire à disposition, une machine à café.

Pour aller au bout de la logique hygge, il est conseillé de poursuivre les discussions professionnelles non seulement autour d’une tasse de café/thé mais aussi devant un plateau de gâteaux faits maison dont un ou deux (ou plusieurs) collaborateurs auraient préalablement assumé la préparation. Notons que dans le hygge les gâteaux ne sont pas conçus dans le seul but de combler un petit creux avec de grandes quantités de sucre et de calories. Par un savant dosage de plusieurs éléments – fruits de saison, fruits secs, grains, épices – ils tendent à flatter non seulement l’estomac mais aussi les sens et jusqu’à l’humeur et l’état d’âme de la personne qui les consomme. Eh oui, la recette danoise du bonheur se décline aussi en recettes culinaires !

Les discussions professionnelles qui se poursuivront dans une ambiance aussi spéciale et dans un espace ainsi embaumé de l’odeur de café et de cannelle, ont beaucoup de chances d’être fructueuses et constructives. Mais pour qu’elles soient définitivement hygge, une dernière touche s’impose : au cours d’elles, il serait bien d’évoquer le côté positif du travail de ses collègues ou subordonnés, leurs points forts, leurs réussites. Ensemble avec la lumière douce et tamisée pour laquelle on aurait opté, renonçant à l’éclairage traditionnel dans le bureau, les collaborateurs doivent essayer de répandre dans la salle de rencontre où ils se retrouvent des flux de bienveillance, d’amitié et de bonne volonté.

Bien intégrées, les marques d’une telle attitude peuvent se transformer en valeurs professionnelles et le hygge lui-même – en une véritable philosophie d’entreprise. Chose qui ne peut avoir que des effets bénéfiques, le hygge étant « soupçonné » d’être l’une des trois ou quatre composantes du succès mondial du Danemark, régulièrement élu par le World Happiness Report de l’ONU – souvent en alternance avec un autre pays nordique – « pays le plus heureux du monde ».

 

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