Qu’en est-il de la qualité?

18 décembre 2025

Qu’en est-il de la qualité?

Par Herens Quality Asset Management

2025 a été une année éprouvante pour les investisseurs axés sur la qualité. Alors que les entreprises affichant un rendement élevé du capital investi, des bilans solides, des marges stables et des avantages concurrentiels évidents figuraient régulièrement parmi les gagnants ces dernières années, elles ont nettement sous-performé en 2025. Cela montre clairement que les fluctuations à court terme du marché et les changements macroéconomiques sont actuellement plus importants que la qualité fondamentale. L’un des moteurs de cette évolution réside dans le changement du régime des taux d’intérêt. L’inflation est certes en baisse, mais le marché s’attendait à des baisses de taux nettement plus progressives pour 2025. Pour les entreprises de qualité, dont les flux de trésorerie à long terme jouent un rôle essentiel dans le modèle d’évaluation, cela signifiait que leurs primes d’évaluation ne pouvaient plus augmenter. En revanche, les secteurs cycliques, et en Europe, en particulier le secteur financier, profitent davantage de la structure actuelle des taux d’intérêt, car leurs flux de trésorerie sont plus proches dans le temps et moins sensibles aux taux d’actualisation. Cet effet asymétrique a conduit les actions de qualité à rester à la traîne en termes relatifs, même si leurs fondamentaux s’étaient en fait améliorés.

À cela s’ajoute un revirement de tendance marqué sur les marchés des capitaux. La situation économique semble stable, le marché du travail se montre résilient et de nombreuses entreprises affichent des résultats solides. Cela a considérablement accru l’appétit pour le risque des investisseurs en 2025. En Europe, les capitaux ont afflué vers les titres cycliques des secteurs de l’industrie, de l’énergie et de la finance, qui attiraient par leurs valorisations attractives et leurs leviers de bénéfices visibles. Aux États-Unis, les gagnants se sont principalement concentrés autour du thème de l’intelligence artificielle (IA), avec des valorisations parfois extrêmement élevées. Dans un tel environnement de prise de risque, les acteurs du marché préfèrent acheter du bêta plutôt que de la qualité, ce qui est typique d’une phase tardive du cycle économique. Le niveau de valorisation des entreprises de qualité individuelles joue également un rôle. Après des années de surperformance, celles-ci ont souvent fait l’objet de primes de valorisation. Ces primes étaient fondamentalement justifiées – ROIC élevés, marges solides, excellente conversion de trésorerie –, mais dans un marché en rotation, une légère déception suffit à mettre les cours sous pression. En 2025, les secteurs traditionnellement identifiés comme des pôles de qualité par les investisseurs ont été particulièrement touchés : les technologies médicales et les services de santé ont subi la pression des incertitudes réglementaires, les éditeurs de logiciels ont dû adapter leurs modèles d’abonnement et de tarification, et la demande de biens de consommation haut de gamme s’est normalisée après les années exceptionnelles de la pandémie. Cette évolution a été renforcée par plusieurs effets spéciaux à court terme. Il s’agit notamment des incertitudes géopolitiques, des questions de réglementation sectorielle et des changements dans les habitudes de consommation, qui ont rendu les produits cycliques temporairement plus attractifs. Ces facteurs influencent la performance à court terme, mais ils ne modifient pas l’attractivité structurelle des modèles économiques. Malgré cette relative faiblesse, rien n’indique que la prime de qualité s’érode structurellement. Au contraire, les caractéristiques essentielles des entreprises de qualité – rendements élevés du capital, marges supérieures à la moyenne, bilans solides et flux de trésorerie fiables – restent intactes. Dans le même temps, les valorisations de nombreux titres de ce type sont revenues à des niveaux qui offrent un moment d’entrée attractif. La sous-performance actuelle est donc moins le reflet d’une faiblesse substantielle que le résultat d’un environnement de marché qui récompense temporairement le risque cyclique. Du point de vue d’un investisseur de qualité orienté vers le long terme, 2025 n’est donc pas un signal d’alarme. Ce qui semble être un revers à court terme jette en réalité les bases d’une surperformance future. Les avantages structurels des modèles commerciaux de haute qualité s’imposeront à nouveau dans le prochain régime de marché.

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