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Par Isabelle Amschwand* swissVR
Dans un environnement marqué par les tensions géopolitiques, les incertitudes économiques et l’accélération technologique, la résilience organisationnelle s’impose comme un avantage compétitif décisif. Le swissVR Monitor II/2025, réalisé auprès de 348 membres de conseils d’administration, montre pourtant que la plupart des entreprises n’exploitent encore qu’une partie de leur potentiel de résilience. Une lacune qui n’est pas sans conséquence pour la capacité d’anticipation, de réaction et d’adaptation des organisations suisses.
La résilience repose sur cinq piliers – finances, opérations, personnel, réputation et écologie – mais seule une entreprise sur huit met aujourd’hui en œuvre des mesures concrètes dans l’ensemble de ces domaines. La majorité concentre ses efforts sur les aspects financiers et opérationnels : 57% des entreprises disposent de projets dédiés à la résilience financière, et 51% à la résilience opérationnelle.
Les domaines du personnel, de la réputation et de l’écologie restent nettement moins couverts, augmentant la vulnérabilité face aux crises multidimensionnelles. Un constat d’autant plus préoccupant que 40% des administrateurs identifient la difficulté de mesurer la résilience comme l’un des principaux obstacles, et que près d’un sur deux cite le manque de compétences spécialisées.
Le conseil d’administration ne peut remplir son rôle de surveillance stratégique que s’il est correctement informé. Or, seuls 13% des conseils reçoivent un reporting couvrant les cinq domaines de résilience. La majorité (89%) est régulièrement informée sur la résilience financière, mais les dimensions écologique (25%) ou réputationnelle (33%) restent largement sous-documentées.
Cette asymétrie d’information a des effets directs sur la gouvernance : lorsque le reporting de résilience couvre quatre ou cinq domaines, 42% de membres de conseils d’administration en plus déclarent être informés d’incidents critiques dans l’entreprise. À l’inverse, un reporting limité réduit significativement la capacité du conseil à anticiper et gérer les crises.
Dans les douze prochains mois, les administrateurs anticipent des pressions majeures sur :
Ces préoccupations reflètent les tensions du commerce international, le ralentissement de la demande mondiale, ainsi que les transformations structurelles accélérées par l’IA et les nouvelles technologies.
Le swissVR Monitor II/2025 s’enrichit de trois entretiens éclairants :
Le Monitor met en lumière un paradoxe : bien que les conseils se considèrent majoritairement efficaces dans leur fonctionnement interne, ils accordent encore trop peu de place à la résilience dans leurs discussions formelles et simulent rarement des scénarios de crise.
Pour combler ce fossé, trois priorités se dégagent :
Le swissVR Monitor II/2025 rappelle finalement une évidence : la résilience ne se décrète pas, elle se construit. Et cette construction commence au niveau du conseil d’administration, pour autant qu’il dispose d’une vision globale, d’informations fiables et d’une capacité à challenger la direction.
Pour obtenir le rapport complet : info@swissvr.ch

*à propos de l’auteure
Isabelle Amschwand,
Présidente de swissVR,
réseau national et expertise pour les conseils d’administration
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