Décryptage de l’ADN de la prévoyance

Interview d’Alain Canonica: « La prévoyance retraite devient responsable »

Interview d’Alain Canonica: « La prévoyance retraite devient responsable »

27 octobre 2021

Photos © FCG

Interview d’Alain Canonica Managing Director – FCG Private Finance SA

En déclarant 2021 Année internationale de l’économie créative pour le développement durable, les Nations Unies entérinent l’intérêt grandissant des consommateurs et des entreprises pour cette nouvelle vision de l’économie. La question se pose également pour la prévoyance retraite, comme l’explique Alain Canonica, managing director pour FCG Private Finance SA.

Monde Economique: La prévoyance est sûrement l’un des sujets les plus complexes. Pouvez-vous dresser un rapide état des lieux de la situation ?

 Alain Canonica: La prévoyance en Suisse a beaucoup évolué au cours de ces dernières années. Dans les années 90, les produits de retraite bénéficiaient d’un taux technique garanti de 3,5%, depuis 2016 il est de 0,05% au maximum. Mais la baisse des taux d’intérêt ne permet plus aujourd’hui aux compagnies d’assurance de garantir, pour les nouveaux contrats, le versement d’un capital garanti correspondant à la totalité des primes versées comme c’était le cas auparavant. Aujourd’hui, un client âgé doit obligatoirement orienter son choix vers un produit à haut rendement pour recevoir un capital équivalent, voire plus élevé, que la somme des primes versées.


Monde Economique: Ces produits à haut rendement sont liés à des placements. Comment le client peut-il savoir si les entreprises dans lesquelles son épargne est investie correspondent à ses valeurs ?

Alain Canonica: Le secteur de l’assurance s’intéresse depuis longtemps au secteur du développement durable, mais jusqu’à présent il n’était pas possible de proposer un produit solide aux clients en raison du nombre peu élevé de fonds de placements prenant en compte les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Les risques de fluctuations importantes et de pertes étaient bien réels. Aujourd’hui, de nombreux investisseurs institutionnels ont développé ce type de fonds. En 2020, sur 200 fonds, 42 d’entre eux certifiés ESG ont terminé avec un net avantage en termes de performance par rapport aux fonds d’actions traditionnels.

Monde Economique: Concrètement quels sont les critères étudiés?

Alain Canonica: Pour l’environnement, par exemple, on va prendre en compte l’attitude d’une entreprise en matière de déforestation, de biodiversité, d’efficience énergétique ou encore de pollution de l’air et de l’eau. Concernant l’aspect social, on va s’attacher notamment aux droits humains, à la diversité et à la gestion du genre, aux conditions de travail ou encore à la protection des données et de la vie privée. Enfin, pour la gouvernance, la composition du conseil d’administration, le lobbyisme et l’attitude de l’entreprise envers la corruption font, par exemple, partie des critères qui entrent en compte dans le cadre d’une certification ESG.

Monde Economique: Cette idée de sélectionner les investissements en fonction des facteurs ESG est-elle nouvelle ?

Alain Canonica: Non, mais elle a beaucoup évolué au cours du temps. Le lancement du premier instrument d’investissement enregistré « responsable » date de 1928. Il s’agissait du fonds Pioneer américain qui rejetait les investissements dans les industries du tabac et de l’alcool en raison de leurs effets négatifs sur la santé. Par les étapes importantes, on retient aussi la conférence de l’ONU à Stockholm en 1972 qui portait sur l’environnement humain et abordait les compromis et défis liés à la durabilité, à la croissance économique et au développement. En 1990 a lieu le lancement du Domini 400 Social, soit le premier indice « socialement responsable » au monde, suivi en 2006 par l’introduction des « Principes pour l’investissement responsable » (PRI), soutenus par les plus grands investisseurs du monde. Enfin, en 2015, c’est l’adoption des « Sustainable Development Goals » par 193 pays de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Monde Economique: Les clients sont-ils demandeurs ?

Alain Canonica: Oui, de plus en plus. C’est particulièrement vrai pour les jeunes entre 25 et 35 ans. Nous avons des clients qui, dès le premier contact avec nos conseillers en prévoyance, précisent qu’ils veulent investir dans des entreprises responsables. Certains préfèrent même reporter leur projet de prévoyance plutôt que de renoncer à ces critères.

Monde Economique: Et est-ce possible de leur proposer ce style de produits ?

Alain Canonica: Pas vraiment jusqu’à présent, mais à la fin du mois de mars, Generali a lancé Tomorrow Invest. Le fonds investit uniquement dans des entreprises qui ont été approuvées par l’agence de consultants Sustainalytics, l’un des principaux prestataires dans le monde qui évalue de manière exhaustive le caractère durable des activités des entreprises.

En ce qui concerne, les rendements de ce fonds sustainable, ils devraient être les mêmes que ceux d’un fonds traditionnel. Le coût total (TER) de cette gestion de fonds sustainable est de 0,8%, ce qui est très bas pour ce type de gestion, mais un peu plus élevé que celui d’autres fonds gérés sur le marché. A titre de comparaison, pour un capital versé de 500’000 francs à la retraite, la différence pour le client va être de 25 000 à 50 000 francs de moins, mais les gens sont prêts à faire cet effort afin d’être en accord avec leurs convictions.

Interview réalisée par Patricia Gagnon

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L’analyse de prévoyance: Sujet complexe trop souvent laissé de côté

L’analyse de prévoyance: Sujet complexe trop souvent laissé de côté

11 octobre 2021

Par Julien Humair*

A l’heure où la digitalisation et les services en ligne prennent de plus en plus d’importance et facilitent la vie à de très nombreux consommateurs, à l’heure ou l’accès à l’information n’a jamais été aussi facile, se pose la question des limites atteignables avec ces accès.  Un utilisateur recherche ce qui l’intéresse et se base sur ses connaissances. Parfois, ce sont les amis et connaissances qui vont éveiller de l’intérêt sur un sujet. Recherches d’informations ou commande d’offres, les clients s’osent dans des sujets souvent méconnus. Les discussions avec nos clients sont plus intenses et les sujets sont traités de manière plus détaillée, nous remarquons un réel intérêt pour bien comprendre une solution avant de conclure un contrat.

La prévoyance, un sujet complexe et pas très sexy

L’analyse de prévoyance fait partie de ces sujets complexes et trop souvent laissés de côté, la plupart des personnes questionnées semblent être au clair. Les prestations provenant de la prévoyance seront insuffisantes. Ils manquent souvent d’informations permettant de comprendre le pourquoi. Entre nous, qui va après le travail, sortir son attestation LPP et rechercher les informations sur internet pour réaliser sa propre analyse de prévoyance ? Pourtant, l’accès à ces informations est facile en Suisse, les prestations en cas d’invalidité, de décès, ou à la retraite provenant du 1er et 2e piliers sont disponibles. Les calculs permettant de déterminer ses propres prestations demandent cependant un niveau de connaissance élevé et aussi de disposer des bons outils d’analyse.

L’analyse devra tenir compte des objectifs de chaque client et de sa situation familiale/personnelle. Finalement, on peut certes dire que près de 80% de la population suisse devra faire face à des prestations insuffisantes. Comprendre pourquoi et comment agir pour combler ces lacunes fait partie des nouvelles attentes de clients mieux renseignés. Sans aller trop dans les détails, env. 50 à 60% du revenu à la retraite est assuré pour une personne ayant toujours vécu et cotisé en Suisse avec un revenu ne dépassant pas 86’000 CHF par an.

La situation est tout autre si le revenu est plus élevé, en cas d’arrivée tardive en Suisse, d’années de cotisations manquantes, d’utilisation du 2e pilier pour financier sa résidence principale ou si on se lance en tant qu’indépendant. Les rentes moyenne AVS et LPP des personnes ayant pris leur retraite en 2018 étaient inférieures à CHF 3’500.- par mois, la perte de revenu est colossale et les répercussions sur la qualité de vie sont conséquentes. On parle de plus de CHF 2’300.- qui manquent tous les mois, CHF 28’000.- chaque année !

Et si une analyse de prévoyance permettait à moindre coût de sauver vos finances

La retraite, qui devrait être l’une des plus belles périodes de la vie durant laquelle nous devrions enfin pouvoir profiter de notre temps libre, devient pour certains un casse-tête économique. Comment faire face à des charges qui augmentent en permanence avec un revenu amputé de plus d’un tiers ? Une étude de l’OFAS montre qu’en 20 ans, le nombre de personnes qui touchent leurs rentes de retraite à l’étranger à plus que doublé ! La Suisse est-elle trop chère pour que nos aînés puissent y vivre une retraite paisible ? Devons-nous quitter notre famille et nos amis pour s’offrir un niveau de vie décent ?

Constituer un capital permettant de conserver un niveau de vie comparable à celui d’avant la retraite est pourtant à la portée de la plupart des bourses. Une analyse méticuleuse des finances et des couvertures de prévoyance du client, est ainsi essentielle pour permettre de sécuriser sa situation et mettre sa famille à l’abri. Les banques et les compagnies d’assurances offrent un vaste choix de produits de plus en plus innovants. La difficulté majeure réside dans le fait de trouver ceux qui sont les mieux adaptés aux besoins spécifiques des clients avec les meilleurs tarifs. Finalement, être capable de présenter et d’expliquer les solutions pour que le client puisse avoir une vision claire. Il existe plusieurs alternatives pouvant permettre au client de s’informer mais il est recommandé de faire appel à un conseiller financier professionnel pour permettre à un client de comprendre les enjeux et l’impact de ses choix actuels sur son futur.

A propos de l’auteur

Julien Humair*, expert en prévoyance et financements hypothécaires, Régional Manager pour FCG

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Séquencer  la capitalisation, une stratégie qui paye ?

Séquencer la capitalisation, une stratégie qui paye ?

10 octobre 2021

Par Stéphane Gaspoz*

Les jeunes épargnent de plus en plus tôt pour leur retraite, souvent avec une petite épargne mensuelle. Au fil des ans, leurs revenus augmentent et ils voudront adapter leur épargne. Mais comment structurer son épargne et sa trésorerie, et que faire avec un contrat existant ? Il faut d’abord analyser la capacité de paiement permanente du client (en tenant compte des achats à court, moyen et long terme). Cela n’a aucun sens d’investir toutes ses économies à long terme si l’on doit acheter une voiture dans trois ans. L’élaboration d’une planification des futurs engagements et/ou besoins financiers permet donc d’investir au mieux les fonds qui ne sont pas nécessaires à court et à moyen terme.

À quel moment commencer, compléter ou adapter sa prévoyance individuelle ?

Commencer tôt permet de bénéficier d’une exponentielle importante. Si le client a déjà un contrat et qu’il veut augmenter son épargne, une analyse détaillée du contrat existant est nécessaire. La durée restante et les garanties contractuelles sont déterminantes pour prendre la bonne décision. Pour la plupart des contrats conclus il y a plus de 10 ans, les garanties sont telles qu’il est conseillé de les conserver jusqu’à leur échéance.

Dans toute l’Europe, les produits avec garantie de capital à l’échéance du contrat ne sont plus proposés

Certes, on pourrait proposer un produit plus dynamique, mais garantir au client qu’il s’en sortira mieux en résiliant un contrat existant est purement théorique, et il est préférable de ne pas s’aventurer dans de telles spéculations. C’est donc peut-être le bon moment pour mettre en place une solution complémentaire à haut rendement.

Garantie de capital ou opportunité de rendement élevé

Dans toute l’Europe et depuis plusieurs années, les produits avec garantie de capital à l’échéance du contrat ne sont plus proposés par les assureurs. Seuls les Suisses connus pour leur côté conservateur, persistent encore avec des produits à garantie de capital. Alors que choisir ?

Le coût de la garantie est cher : environ 8-20 % de la prime annuelle, en raison des taux négatifs. Le capital garanti à l’échéance correspond à environ 70-80 % des primes investies. L’opportunité de rendement est donc limitée, car l’assurance a peu de marge pour placer la part d’épargne restante. Ainsi, un homme de 30 ans qui investirait 6 883 CHF par an jusqu’à 65 ans bénéficierait d’un capital garanti de 200 224 CHF, en investissant 240 905 CHF. Il pourrait donc espérer recevoir un capital de 278 777 CHF, en tenant compte des excédents et des rendements.

Le terme « haut rendement » est généralement assimilé à la notion de « risque de perte ». Investir dans un tel produit est recommandé si la durée est supérieure à 15 ans. La retraite étant un sujet sérieux, il faut prendre en considération l’éventualité d’un crash boursier et les coûts du produit ! Ce type de produit permet d’épargner en bénéficiant de l’effet du coût moyen pour « lisser » les fluctuations des marchés boursiers dans le temps. L’épargne est investie dans des fonds de placement ou d’autres produits de placement, jusqu’à 100 % en actions.

Dès l’âge de 50 ans, il est plutôt conseillé d’opter pour une épargne plus classique

Ainsi, avec un rendement moyen supposé de 6,3 %, le capital projeté serait de 647 308 CHF. Un crash boursier de 30 % avant la retraite permettrait donc de se faire verser encore 453 115 CHF. Avec un scénario de rendement bas de 3,2 %, on obtiendrait 334 068 CHF, ce qui est bien au-dessus du capital garanti ou projeté du premier exemple. De plus, certains produits permettent de sécuriser les avoirs sur les dernières années du contrat.

Dès l’âge de 50 ans, il est plutôt conseillé d’opter pour une épargne plus classique. L’optimisation fiscale engendrera la réelle rentabilité de cette épargne, le pilier 3a étant déductible du revenu imposable.

Et le TER, qu’est-ce que c’est ?

Le « Total Expense Ratio » correspond aux coûts totaux d’un fonds de placement ou d’une stratégie de gestion de fonds. Ces frais sont généralement situés entre 0,18 % et 1,5 %. L’impact des frais sur le capital final est important : de 50 000 à 100 000 CHF pour l’exemple ci-dessus. Pour simplifier, une performance brute de 4 % avec un TER de 1,5 % donnerait un rendement net de 2,5 %. Avec un TER de 0,3 %, le rendement net serait de 3,7 %, soit presque 50 % plus élevé. Cet élément est donc déterminant pour choisir le produit recherché.

L’importance du spécialiste en prévoyance et patrimoine

Une présentation professionnelle des solutions, avec des explications claires et précises, est nécessaire pour permettre au client d’élargir son champ de vision et de se lancer avec un produit à haut rendement. Ce n’est pas à la retraite qu’on devrait commencer à investir dans des actions si l’on n’a jamais osé le faire auparavant. C’est le réel challenge de ma vie de tous les jours sur le terrain.

Ce n’est pas à la retraite qu’on devrait commencer à investir dans des actions

Stéphane Gaspoz © FCG

* à propos de l’auteur

Stéphane Gaspoz, Conseiller financier diplômé IAF, Manager de Team pour FCG.

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Propriété et prévoyance

Propriété et prévoyance

5 octobre 2021

Par Ronny Lê*

Durant mes 15 dernières années d’activité, j’ai conseillé de nombreux clients qui sont devenus propriétaires ou ont renouvelé leur prêt. Que ce soit concernant les conditions fixées par l’autorité fédéral de surveillance des marchés financiers (FINMA) pour l’obtention d’un prêt ou les conséquences en cas d’effondrement du marché de l’immobilier, je constate que les clients sont encore peu ou mal informés. Sur les réseaux sociaux, les médias et internet, des publicités font miroiter des taux très bas pour attirer le client, malgré une tendance de taux à la hausse sur le long terme.

Certes, obtenir un bon taux a toute son importance, mais d’autres facteurs plus importants sont souvent ignorés. Le coût global d’un financement, la fiscalité, le genre d’amortissement et la protection en cas d’invalidité et de décès se doivent d’être analysés pour sécuriser son bien et ses finances. Qu’en est-il vraiment dans la réalité du marché actuel ?

Quelles stratégies pour sécuriser son bien à l’échéance d’un taux bloqué ?

Lorsque les critères pour l’obtention d’un financement sont respectés, tous les feux sont au vert. Par la suite, la situation est revue lorsqu’une tranche du prêt arrive à échéance. La valeur du bien est réestimée et la situation financière et familiale du client mise à jour. En 1990 lors de la dernière grande crise immobilière en Suisse, la valeur des biens sur le marché avait subi une baisse allant jusqu’à -40%. Les clients se sont vus obligés de réduire leurs dettes.

Avec des taux hypothécaires à l’époque qui avaient grimpé à 6%, et un amortissement requis de 1 à 2%, la situation actuelle est plus qu’appréciable. Avec des taux historiquement bas, proche des 1% sur 10 ans, et l’amortissement exigé de 1%, c’est donc clairement le bon moment pour sécuriser son bien en optant pour un amortissement complémentaire facultatif via un pilier 3b. Même avec cet amortissement complémentaire, on reste bien loin des 7-8% de charges de l’époque !

Quels risques peuvent facilement être maitrisés et sécurisés ?

En cas d’invalidité par maladie -pour les salariés- la majorité des couples avec enfants à charge bénéficient de rentes AI/LPP suffisantes. Pour les autres, à moins d’être au bénéfice d’une caisse de pension LPP surobligatoire, les rentes se situeront entre 55 et 75%. En cas de décès par maladie, la situation familiale, le nombre d’années de mariage et l’âge déterminent le droit aux prestations. Les rentes AVS/LPP correspondent environ à 40-60% du dernier revenu. Avec un seul revenu et des prestations de veuf/-ve (revenu global réduit), un amortissement extraordinaire sera requis et le financement revu.

En cas d’accident (invalidité ou décès), les rentes sont plus élevées que par maladie. Une analyse détaillée est systématiquement nécessaire, également pour les indépendants souvent mal assurés. Souscrire une rente d’invalidité avec un capital en cas de décès via un 3e pilier, lorsqu’on devient propriétaire, permet de protéger son bien et ses proches à moindre coût.

A la retraite, il faudra choisir entre rente ou prise du capital LPP. En choisissant la rente et en tenant compte de celle de l’AVS, on se situera entre 50 et 70% du dernier revenu. En optant pour le capital, la rente AVS ne représentera que 25 à 35% du dernier revenu. Pour compenser cette importante baisse de revenu, un amortissement conséquent de la dette (plusieurs centaines de milliers CHF) sera certainement exigé, le capital de la LPP sera donc fortement entamé. En cas d’un éventuel retrait du 2e pilier pour financer les fonds propres, le manque de capital à la retraite sera encore plus important. Le 3e pilier servant à l’amortissement de la dette ne suffira donc pas à tout compenser.

Une fois les lacunes identifiées que faire ?

La situation patrimoniale de chaque client est différente et un complément à l’amortissement du pilier 3a par une épargne de pilier 3b est vraiment recommandée pour sécuriser son bien et ses proches. Parmi la multitude de sociétés qui proposent par exemple des couvertures en cas de décès ou d’invalidité, les tarifs pratiqués pour une rente d’invalidité peuvent varier du simple au triple, cela dépend de l’assureur. Les primes de risque ont d’ailleurs baissé ces dernières années en raison d’une compétitivité accrue.

* à propos de l’auteur

Ronny Lê, spécialiste en prévoyance et patrimoine,

Manager d’Agence pour FCG.

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Décryptage de l’ADN de la prévoyance

Décryptage de l’ADN de la prévoyance

23 septembre 2021

L’impact du 3ème pilier plus important que celui imaginé

Toujours pas de nouvelle révision en vue au niveau de la prévoyance professionnelle LPP

Et si les conseillers financiers étaient invités à la tables des débats de nos politiciens

Une révision du 3ème pilier au centre des débats

Séquencer la capitalisation, une stratégie qui paye?

La prévoyance retraite devient responsable – Interview d’Alain Canonica

L’impact du 3e pilier plus important que celui imaginé

L’impact du 3e pilier plus important que celui imaginé

23 septembre 2021

Par Yves-Laurent Dübi

Pas si simple de reparler de notre système suisse des 3 piliers. Je vais m’y risquer aujourd’hui, car la Suisse a été l’un des pays précurseurs avec son système de retraite, social et efficace. Le 1er pilier, l’AVS, a vu le jour en 1948, l’AI en 1960, suivi par le 2e pilier en 1985 et le 3e pilier en 1987. Le but : garantir le maintien du niveau de vie en cas d’invalidité, de décès et à la retraite. Avec 11 révisions, l’AVS a su s’adapter. La rente AVS maximale simple de 40 CHF par mois de l’époque se situe maintenant à 2 390 CHF et à 3 585 CHF pour un couple. Les cotisations des travailleurs salariés et des indépendants représentent env. 80 % du financement, la confédération env. 20 %.

Les actifs financent la plus grande part des rentes des retraités, c’est le pacte des générations. Malgré une fortune globale supérieure à 45 Mia CHF, les dépenses excèdent les recettes (-1.17 Mia en 2019) et les caisses risquent d’être vides en 2030. Le nombre de retraités augmentant plus vite que le nombre d’actifs, des adaptations du financement de l’AVS sont urgentes et font l’objet du projet de réforme AVS21.

Toujours pas de nouvelle révision en vue au niveau de la prévoyance professionnelle LPP

Le 2e pilier est un système de capitalisation pour la propre retraite de l’employé, ses couvertures d’invalidité et de décès. Employés et employeurs cotisent paritairement. Jusqu’en 2002, les capitaux épargnés bénéficiaient d’un intérêt minimal de 4 % garanti. Ce taux fixé par le conseil fédéral était inférieur à 3 % en 2004, il est de 1 % aujourd’hui avec pour conséquence une réduction massive des capitaux à la retraite. Le taux de conversion pour transformer le capital en rente de retraite LPP était de 7,2 % en 1985. Avec l’augmentation de l’espérance de vie d’environ 7 ans, le taux actuel de 6,8 % est encore trop élevé, les caisses de pensions se basent déjà sur un taux de 6 %.

Pour un salaire moyen de 4 000 CHF en 1985, qui correspond à 6 000 CHF en 2021, le cumul des prestations AVS et LPP permettait de percevoir env. 83 % de son dernier salaire contre 66 % aujourd’hui. Pour un revenu de 8 300 CHF par mois, on parle de 58 % sans tenir compte de la baisse du taux de conversion qui interviendra certainement ces prochaines années. De plus, les cotisations d’épargne durant les dernières années de carrière sont les plus chères, 18% du salaire assuré pour les 55-65 ans contre 7% pour 25-34ans, plus les coûts du risque. Les actifs dès 50 ans retrouvent difficilement du travail, essentiellement en raison de ces coûts. Alors, que faire ?

Pour garantir un bon niveau de vie à la retraite, la prévoyance individuelle reste la meilleure solution

Et si les conseillers financiers étaient invités à la table des débats de nos politiciens ?

Ce n’est plus une question, les 1er et 2e piliers ont besoin de réformes, la situation actuelle et future des retraités n’est plus satisfaisante. La LPP n’a eu qu’une seule révision en 2004/2006, le projet de prévoyance 2020 a été rejeté par le peuple en 2017. Certes, cela n’aurait pas réglé le problème des retraites pour le futur, mais cette première révision aurait pu ouvrir la porte à un système mieux adapté aux besoins actuels. Les pouvoirs politiques ne sont pas parvenus à s’entendre et convaincre la population suisse, préférant batailler pendant près d’un an pour une augmentation de la rente AVS de 70 CHF par mois. Il est visiblement encore trop difficile en Suisse de concilier des réformes impopulaires mais nécessaires avec des considérations électorales.

Malgré une fortune globale supérieure à 45 Mia CHF, les caisses de l’AVS risquent d’être vides en 2030

Une révision du 3e pilier au centre des débats ?

Pour combler ces lacunes et garantir un bon niveau de vie à la retraite, la prévoyance individuelle reste la meilleure solution et le gouvernement le sait. L’État a depuis toujours considéré que les Suisses doivent se responsabiliser et combler leur manque à gagner individuellement grâce au 3e pilier. La prochaine étape devrait être l’adaptation du plafond de cotisation maximal du pilier 3a.

Les actifs dès 50 ans retrouvent difficilement du travail, essentiellement en raison des coûts de la LPP

En tant qu’expert en prévoyance et patrimoine, mon travail consiste à apporter des stratégies de mise en place de solutions de prévoyance fractionnées dans le temps car la situation de mes clients évolue. S’offrir une belle retraite est bien plus facile que ce que l’on peut s’imaginer.

Yves-Laurent Dübi © FCG

à propos de l’auteur

Yves-Laurent Dübi, Expert en prévoyance et patrimoine,

Manager d’Agence pour FCG.

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