Santé : quatre facteurs favorisant la reprise du secteur

28 septembre 2025

Santé : quatre facteurs favorisant la reprise du secteur

Photo Dr Terence McManus © Bellevue Asset Management

Par Dr. Terence McManus, Senior Healthcare Portfolio Manager chez Bellevue Asset Management

Le secteur de la santé entre dans une phase intéressante pour les investisseurs. Avec un profil défensif avéré dans un environnement macroéconomique incertain, ses valorisations sont attractives, ses catalyseurs stratégiques à court terme et ses moteurs de croissance séculaires solides s’alignent pour constituer un point d’entrée opportun.

Force défensive dans des environnements macroéconomiques fragiles et des cycles de baisse des taux

L’histoire confirme le positionnement défensif des soins de santé. Depuis 1990, le secteur a surperformé lors de chaque récession aux États-Unis, générant un rendement excédentaire moyen de 10 points de pourcentage par rapport à l’indice S&P 500 (voir tableau). Les soins de santé, en particulier les biotechnologies, ont également tendance à surperformer durant les cycles de baisse des taux de la Fed. Alors que nous entrons dans une période d’incertitude, nous nous attendons à voir des flux importants vers les valeurs défensives du secteur de la santé, qui serviront de couverture à l’exposition à la croissance dans le secteur technologique. 

La reprise des méga-capitalisations et les valorisations attractives soutiennent la reprise

Outre les vents contraires macroéconomiques et politiques, les principaux indicateurs du secteur ont connu des difficultés spécifiques (par exemple, UnitedHealth, Novo Nordisk, Eli Lilly). Grâce à l’amélioration des flux d’information et à des valorisations plus attrayantes, celles-ci ont commencé à se redresser. Les actions du secteur de la santé représentent moins de 9 % du S&P 500, alors qu’elles représentent environ 18 % du PIB américain. Le secteur se négocie à un multiple de bénéfices prévisionnels proche de son plus bas niveau depuis 10 ans en comparaison à l’ensemble des actions. Les sociétés pharmaceutiques notamment sont déjà valorisées en fonction d’une réforme significative des prix des médicaments à court terme, entraînant une révision à la baisse des bénéfices par action, ce qui indique une marge de réévaluation importante une fois que l’incertitude aura disparu.

Vers un peu plus de certitude politique ou de désensibilisation

L’une des incertitudes majeures concerne la décision de l’administration américaine relative au traitement tarifaire préférentiel (MFN) des médicaments. Dans une lettre datée du 1er août, le président Trump a fixé au 29 septembre la date limite pour les engagements contraignants. Le secteur a déjà montré sa capacité d’adaptation en mettant en place des modèles de paiement direct pour le traitement de l’obésité et en procédant à des ajustements tarifaires sélectifs en Europe, même si une égalisation complète sur les marchés développés n’est pas réaliste. En fin de compte, Trump recherche le « moment propice à un accord » et une victoire visible. Les progrès déjà réalisés en matière de relocalisation rendant un compromis plus probable, celui-ci pourrait prendre la forme d’une étude pilote sur le statut de nation la plus favorisée (NPF) ou d’une application limitée dans le cadre de Medicaid. De telles mesures nécessiteraient la coopération de l’industrie pour obtenir des résultats avant les élections de mi-mandat. Compte tenu de sa complexité, le statut NPF pourrait s’avérer inapplicable, mais d’autres concessions tarifaires pourraient tout de même permettre à l’administration de remporter une victoire. Bien que plusieurs scénarios soient possibles, les observateurs laissent entendre qu’un accord est probable ; en l’absence d’un NPF généralisé, tout compromis pourrait servir d’événement déclencheur et apaiser les inquiétudes des investisseurs. Dans un autre développement à Washington, la prolongation des subventions de l’ACA est désormais au centre des négociations budgétaires des démocrates ; une résolution soutiendrait les actions des technologies médicales et des hôpitaux. Avec le recul, les réformes des soins de santé sous Clinton, Bush et Obama ont toutes déclenché de fortes réévaluations après la période d’incertitude.

L’innovation devrait permettre d’investir dans d’autres domaines des soins de santé

Malgré le tapage politique, l’innovation s’est poursuivie. L’utilisation de l’IA et de la robotique dans les soins de santé devrait améliorer la productivité et les résultats pour les patients. À plus long terme, la croissance séculaire est soutenue par le vieillissement de la population, la hausse de la demande mondiale et les percées dans tous les domaines thérapeutiques. À l’heure actuelle, les GLP-1 tels que le semaglutide sont en train de transformer les soins métaboliques, réduisant les taux de maladies cardiovasculaires, rénales et hépatiques tout en permettant d’économiser potentiellement des milliards. Comme de nombreux patients paient eux-mêmes leurs soins, la charge qui pèse sur les gouvernements est réduite, même si les systèmes de santé en bénéficient. À terme, les économies pourraient être substantielles, ce qui permettrait d’améliorer les soins dans d’autres domaines thérapeutiques. Le NICE et l’ICER ont déjà conclu à leur rentabilité, sans compter les gains sociétaux plus larges. À court terme, l’essai clinique Evoke, qui étudie le sémaglutide dans la maladie d’Alzheimer, pourrait élargir encore son adoption en créant un « effet de halo » sur l’ensemble de la classe.

Surperformance du secteur de la santé durant les récessions (S&P 500 vs S&P 500 santé)

RécessionSPXT(broad S&P 500)Santé (SPTRHLTH)SurperformanceHC vs SPX
1990–91 (Jul 1990–Mar 1991)7.99%20.44%12.45%
2001 (Mar–Nov)-0.9%6.71%7.61%
2007–09 (Dec 2007–Jun 2009)-35.0%-22.68%12.33%
2020 (Feb–Apr)-1.12%8.35%9.46%
Moyenne  10.46%

Source: Bloomberg/Bellevue Asset Management

Retrouvez l’ensemble de nos articles Economie

 

Recommandé pour vous