Sommet de Malte: Dirigeants Européens et Africains à la recherche des solutions à l’immigration de masse

22 novembre 2015

Sommet de Malte: Dirigeants Européens et Africains à la recherche des solutions à l’immigration de masse

Les dirigeants européens et africains réunis à Malte les 11 et 12 novembre 2015, lors du sommet sur les questions migratoires ont adopté un plan d’action prévoyant un fonds d’un milliard pour financer des projets de développement et une meilleure gestion des réfugiés. Mais l’Afrique semble ne pas vouloir jouer le rôle de gendarme de l’immigration européenne contre des rétributions.

Le sommet qui a réuni à Malte l’Union européenne et l’Union africaine sur l’immigration de masse ne s’est pas visiblement attaqué aux causes de ce phénomène. Pourtant les solutions dans chaque situation impliquent un diagnostic. En ce qui concerne le sommet de Malte, les dirigeants européens sont venus avec des propositions, un plan que devaient accepter les dirigeants africains.

Ce que le plan prévoit.

Les dirigeants africains ont adopté avec leurs partenaires européens un plan d’action commun. Ce plan prévoit de favoriser la venue en Europe d’officiers d’immigration africains. Des expérimentations pourraient être menées l’an prochain avec moins de dix pays africains volontaires. Les Africains ont surtout insisté sur la nécessité de renforcer l’immigration légale vers l’Europe, dont ils ont besoin économiquement, compte tenu de l’importance des sommes expédiées par les Africains vivant en Europe à leurs familles. Les Européens ont répondu timidement en acceptant le doublement du nombre de bourses d’études en faveur des étudiants et chercheurs africains. Ils vont aussi lancer des projets «pilotes» regroupant des possibilités de migrations légales (de travail et d’études), réservées à des pays africains sélectionnés. C’est dans ce sens que les dirigeants européens se sont mis d’accord pour offrir une aide financière de 1,8 milliards d’euros au continent africain en contrepartie d’efforts destinés à freiner les arrivées de migrants irréguliers en Europe.

Les réserves des dirigeants africains.

Face aux demandes des dirigeants européens, les Africains ont fait montre d’unité. Ainsi, on a pu voir le président ivoirien Alassane Ouattara reprendre mot pour mot le discours de la présidente de la Commission africaine. Les présidents nigérien et sénégalais ont estimé de concert que les 1,8 milliard d’euros alloués par l’Europe étaient bienvenus, mais insuffisants si l’on souhaitait prendre la question du développement de l’Afrique au sérieux. L’Afrique ne jouera pas le rôle de gendarme pour l’immigration européenne contre des rétributions. Les deux présidents ont également dit que la gouvernance du commerce mondial était injuste et contribuait à vider l’Afrique de sa jeunesse. Au-delà de «l’insuffisance» des financements, c’est surtout l’insistance des européens à vouloir renvoyer chez eux les Africains en situation irrégulière qui a provoqué l’agacement de certains dirigeants parmi la trentaine de ceux qui avaient effectué le voyage de Malte. Macky Sall le président sénégalais a noté que l’on ne pouvait pas insister à renvoyer les africains chez eux alors que l’on parlait d’accueillir des Syriens et d’autres. C’est un traitement différencié que nous condamnons, parce que discriminatoire. Le dirigeant sénégalais, président en exercice de la Cedeao, a clairement fait savoir que l’Afrique de l’ouest refuserait toute mesure qui la contraindrait à violer ses propres règles. Si l’ouverture des centres de rétention en Afrique a été catégoriquement rejetée, une plus grande coopération pour lutter contre les trafics a été décidée avec enthousiasme. C’est le Niger, notamment qui va ouvrir la voie, avec la création d’une force d’investigation conjointe pour ce pays carrefour.

Mais la question de la mobilité légale des Africains vers l’Europe reste dans le vague. Le doublement des visas pour les étudiants et les chercheurs ne règle pas la question de la difficulté et des vexations pour obtenir un sésame vers le Nord. L’Erythrée est le premier pourvoyeur de passagers des bateaux de fortune qui s’élancent de la Libye et aucune annonce n’a été faite sur ce sujet. Aucun projet n’a été lancé au Soudan ou en Libye, pays pourtant que traverse la route qu’ils empruntent. Un soutien financier à l’Ethiopie voisine a été simplement convenu pour qu’elle puisse faire face à l’afflux mensuel de milliers de fugitifs.

L’Europe veut compter sur l’Afrique et la Turquie pour endiguer les flux de migrants. Les discussions vont se poursuivre, étant donné que l’accord de Malte n’est qu’un accord de principe, selon les diplomates.

 

Recommandé pour vous