TELETRAVAILLER DONNERAIT-IL FAIM ?

6 avril 2021

TELETRAVAILLER DONNERAIT-IL FAIM ?

Par Dessy Damianova

Le passage au télétravail est sans doute une expérience unique. En permettant aux employés de poursuivre leur activité d’une manière de loin plus libre et autonome qu’ils ne le faisaient en présentiel, il constitue indiscutablement une véritable révolution dans le monde du travail. Force serait toutefois de constater que, aussi encourageante qu’elle puisse en avoir l’air, cette nouvelle situation des choses ne rencontre pas un accueil unanimement favorable auprès de la grande masse des concernés. Il y a ceux qui la trouvent effectivement réjouissante et stimulante et il y en a ceux qui, au contraire, s’en sentent frustrés et angoissés.

On pourrait s’attendre à ce que les premiers et les seconds réagissent d’une manière très différente face au problème qui nous intéresse ici – le risque de grignotage. Eh bien, non. Si les « frustrés » du télétravail grignotent par angoisse et sentiment d’insécurité, les « heureux »  grignotent aussi – mais pour des raisons différentes, plus subtiles et plus psychologiques encore. En effet, très à l’aise dans le travail à distance, appréciant à leur juste valeur tous ses avantages et savourant pleinement la liberté que ce travail accorde pour s’organiser à sa propre guise et disposer de son temps, le télétravailleur « comblé » risque de tomber dans un piège autrement plus perfide et insidieux. Il s’agit de la déconcentration.

Un creux au cerveau, un creux au ventre.

Le sentiment même de pouvoir disposer librement de son temps et de ses forces, de travailler sans pression et sans contrainte, contribue à une baisse de la vigilance et à une « démobilisation » partielle du cerveau. Or, celui-ci n’est pas fait pour rester longtemps dans l’indolence et la nonchalance. D’après la nutritionniste Naïs Merlino qui s’est récemment exprimée à ce sujet devant Grazia.fr, poussé au flottement et à « errance » et supportant mal la vacuité qui se crée en lui, le cerveau cherchera à remplir cette vacuité – d’autant que, engendrant un sentiment d’inefficacité et d’incapacité d’accomplir ses tâches, ce vide génère à son tour de l’angoisse.

Le cerveau cherche alors à remplir le vacuum en question par des sensations de faim et par une envie de manger trompeuse qui poussent inévitablement à la consommation. Voilà comment, pour des raisons totalement différentes et par des voies tout à fait contraires, les télétravailleurs « frustrés » et les télétravailleurs « heureux » finissent par se rejoindre dans la même envie – de grignoter.

L’envie de manger étant, dans les circonstances évoquées, une sensation de substitution et de compensation et non pas une nécessité objective et réellement existante, il serait judicieux de la combattre par des moyens qui seraient à leur manière détournés et trompeurs. Ainsi, si l’organisme demande avec insistance de nouveaux apports en nourriture et surtout en sucre (le cerveau est gluco- dépendant), on pourrait lui répliquer en buvant une tasse de thé (sans sucre) ou en mangeant un fruit. De cette manière, on « honore » la demande de l’organisme mais on la censure de tout ce qu’elle sous-entend comme contenu de sucre industriel.

Une sensation peut en cacher une autre…

Souvent, un verre d’eau est suffisant pour parer à la sensation illusoire de « creux », d’autant que, comme il est déjà scientifiquement prouvé, un ressenti factice de faim peut provenir… d’une soif réelle. En effet, prompt à peupler de différentes sensations trompeuses tout vide qui se crée en lui, notre cerveau s’amuse aussi, parfois, à nous transmettre d’une manière biaisée et déformée le signal d’une nécessité parfaitement réelle. Sous le ressenti de « faim » peuvent ainsi être codés des besoins qui n’ont rien à voir avec la nécessité, ni même l’envie de grignoter. Derrière cette fausse « faim » peuvent se cacher des envies totalement différentes dont celle de boire de l’eau et celle de dormir ou de nous reposer. Même les aigreurs d’estomac peuvent parfois se faire interpréter comme des signaux d’une faim aiguë !

Ces désirs, besoins ou malaises nous sont souvent présentés sous l’apparence d’une authentique envie de manger, comme si la sensation d’«avoir faim » soit devenue le générique de toutes les autres frustrations physiologiques.  La vérité est que le signal de ces autres nécessités nous parvient d’une manière déformée et nous pousse bien abusivement à nous rabattre encore et toujours sur la nourriture.

Avant donc de céder pour une énième fois de la journée à ce réflexe si facile, essayons de faire la part des choses et de sonder nos véritables besoins. A nous de décoder ce qui se cache derrière les faux signaux envoyés parfois par le cerveau, en évitant de nous prendre dans leur piège et en tentant d’y répliquer par une réponse saine : boire des liquides (sans sucre !), se reposer, dormir.

Ceci dit, la sensation de faim – on s’en doute bien ! – existe réellement et nous l’expérimentons  au moins deux ou trois fois par jour. On peut l’empêcher de se manifester entre les repas en prenant soin que ces repas soient en quantité suffisante, bien équilibrés et véritablement nutritifs. Si toutefois le « petit creux » se manifeste à des moments inappropriés de la journée et en plein télétravail, il est conseillé de prendre soin de le combler par des aliments sains et si possible frais. Un fruit, une barre de céréales (sans ajout de chocolat), un yaourt nature ou du fromage frais non seulement feront l’affaire mais, riche en substances utiles, leur association sous formes différentes, aura comme effet de booster la suite de notre travail.

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