Vos compétences linguistiques – vecteurs de votre compétitivité! La proposition de Virginie Borel, déléguée du Forum du bilinguisme

28 mars 2012

Vos compétences linguistiques – vecteurs de votre compétitivité! La proposition de Virginie Borel, déléguée du Forum du bilinguisme

La Suisse romande est de plus en plus dynamique. Facteur économique important, elle rassemble cependant moins d’un quart de la population du pays, elle représente donc un marché assez restreint. Voilà pourquoi les entreprises qui ne trouvent pas leur compte à cent pour cent à l’export, mais opèrent pour une grande partie ou entièrement à l’échelle régionale ont tout intérêt à élargir leur champ d’action. Or, de l’autre côté de la Sarine, le marché alémanique offre des perspectives intéressantes. Pour y accéder, il y a cependant une barrière linguistique à surmonter. C’est là qu’intervient le Forum du bilinguisme domicilié à Bienne.

Il propose un programme pour acquérir les compétences linguistiques ainsi qu’un label du bilinguisme qui les certifie. « Le label du bilinguisme“, souligne Virginie Borel, déléguée du Forum, „est un outil né de l’expérience et des besoins de la ville de Bienne, pour distinguer et profiler les compétences linguistiques des entreprises et administrations. »

En consultant le site www.bilinguisme.ch, on constate en effet que la grande majorité des entreprises et institutions labelisées jusqu’à présent ont leur siège à Bienne, ville bilingue par excellence. Mais selon Virginie Borel, les compétences ainsi certifiées sont utiles partout en Suisse: „Sortir du lot, se prévaloir d’une compétence spécifique… Il n’est jamais trop tard pour implanter le bi- et plurilinguisme dans la culture d’entreprise ! Et pas uniquement pour les PME et administrations établies aux environs des frontières linguistiques. A l’heure où la concurrence se durcit, la politique des petits pas dans le domaine des langues en entreprise et un budget même modeste pour les « dépenses liées au bi- et plurilinguisme » sont des placements sur le long terme.“

En tant qu’initiateur du Forum PME/KMU, je confirme volontiers ce constat. Bon nombre de patrons se rendent compte, aujourd’hui, qu’il y a des opportunités dans d’autres régions helvétiques qui valent bien l’effort linguistique, effort que Madame Borel ne manque pas de préciser:

„Au nombre des mesures concrètes de base pour l’entreprise ou l’administration publique désireuse de s’ouvrir au bi-plurilinguisme, citons l’organisation d’une signalétique, d’un site Internet, de cartes de visites, ou encore la mise sur pied d’un accueil – téléphonique ou non – bi- plurilingue. Le fait de définir en interne les compétences disponibles pour la traduction, d’établir un processus de relecture des documents traduits, d’engager dans la mesure du possible du personnel bi- ou plurilingue consiste en autant d’outils pratiques à mettre en place.“

Les exemples de chances non saisies ne manquent pas: „Dimanche dans un grand musée de la Riviera, il est remarquable de constater que les visiteurs alémaniques – nombreux ce jour-là – sont accueillis exclusivement dans la langue du lieu et que ces mêmes visiteurs tentent de traduire entre eux les explications et légendes monolingues de l’exposition qui sera pourtant présentée ensuite en Allemagne… Il aurait cependant semblé assez aisé de mettre, dès le départ, les textes à disposition dans les deux principales langues nationales, donnant ainsi une dimension suisse à l’exposition…“

Quiconque s’adresse à un public peut multiplier l’audience par le vecteur des langues. Or, tout le monde s’adresse à des publics: l’industrie, le commerce, les services, les autorités… Le Forum du bilinguisme offre là un programme continu:

„une professionnalisation et une systématisation des stratégies deviennent indispensables pour assurer la pérennité des projets linguistiques en entreprise… Devenir une institution labélisée « bi- ou plurilingue » permet de connaître les points forts et les points faibles de l’entreprise en matière linguistique, de les valoriser ou d’y remédier : depuis plus de 10 ans, les experts de la fondation « Forum du bilinguisme » analysent en profondeur des situations et des pratiques spécifiques.“

Ajoutons à cela l’expérience de bon nombre d’entreprises et d’institutions que le fait de cultiver les langues a un impact positif sur la culture de l’entreprise en général, à l’interne comme à l’externe, en particulier sur la qualité de l’accueil et des services. Cela facilite en plus le recrutement de collaboratrices et collaborateurs venant d’une autre région linguistique, point très important aujourd’hui. Et n’oublions pas que l’effort linguistique en question est largement subventionné par l’Etat, puisque dans notre système scolaire quasiment tout un chacun apprend les bases de l’allemand, de l’italien et de l’anglais à l’école déjà. Que les résultats de cet enseignement ne soient pas toujours très convaincants, j’en conviens volontiers, ayant été moi-même prof. de français dans un gymnase argovien, mais cela tient surtout au fait que les gens n’utilisent pas leurs connaissances. Du moment où on les utilise, ce qui est resté passif devient actif, et l’on peut lever des trésors qui autrement auraient été perdus pour toujours, car pénétrer le marché alémanique veut dire, pour une entreprise romande, de multiplier son marché au moins par le facteur deux – sans changer de conditions-cadre générales et en restant dans sa propre zone monétaire.

Dr. Peter Köppel, Consultant chez Le Monde Economique et Président du conseil d’administration de Köppel+Partner

 

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