WITH A LITTLE HELP OF MY FRIEND: QUELLE PLACE POUR L’AMITIE DANS L’ENTREPRISE?

25 novembre 2015

WITH A LITTLE HELP OF MY FRIEND: QUELLE PLACE POUR L’AMITIE DANS L’ENTREPRISE?

With a little help of my friend – la formule qui pour beaucoup d’entre nous est liée à l’un des tubes les plus célèbres des Beatles est bonne pour signifier le type d’amitié susceptible de s’épanouir en milieu professionnel. Plus qu’une amitié dans le sens d’une véritable « fraternité d’âmes », la camaraderie qui fleurit dans l’entreprise est une attitude plus ou moins intéressée de bienveillante coopération, de complicité, de disponibilité des uns pour les autres, de solidarité et d’entraide dans la poursuite des objectifs communs. Tiens, on peut prendre l’exemple des Beatles eux-mêmes qui constituaient à eux quatre et à leur façon une brillante entreprise artistique : les « garçons dans le vent » n’étaient pas des amis au sens propre du mot ; des rivalités latentes même existaient au sein de ce groupe britannique. Cela n’a pourtant pas empêché les membres du mythique quatuor de chanter comme d’une seule voix, avec un degré de synchronisation que l’art vocal a rarement atteint depuis.

Il en va de même pour les entreprises industrielles, commerciales ou financières. Il n’est pas nécessaire qu’il y règne une amitié générale et inconditionnelle ; ce qu’il faudrait, c’est juste une disposition amicale entre les collaborateurs, une bonne entente susceptible non seulement d’assurer l’interaction en synchrone, l’interopérabilité et la synergie tant nécessaires à la rentabilité de l’entreprise mais aussi la perpétuation du processus du travail dans un environnement sain et favorable à l’épanouissement personnel et professionnel des salariés.

A la différence des environnements hautement concurrentiels qui, lourds de tensions, de rivalités et de pressions de toute sorte, s’attirent tout le cortège des maladies socio- professionnelles, à savoir la dépression, le burn- out et les formes aiguës du stress, l’amitié au travail bénéficie non seulement à la bonne santé psycho- physique des salariés mais aussi à la « santé » de l’entreprise qui, dans ces heureux cas, ne connaît pas les dégâts de l’absentéisme et encore moins la fuite de spécialistes et de main d’œuvre qualifiée. Des études montrent que les bonnes relations au travail sont, pour une grande partie des employés un facteur d’attachement à l’entreprise plus fort même que le salaire élevé ou le bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Dans un sondage récent de Gallup, 51% des employés ont répondu que le fait d’avoir des amis au travail les motive à travailler mieux et à mieux s’identifier à la culture de leur entreprise.

Alors, comment faire pour créer – ou maintenir – une atmosphère de coopération bienveillante entre les protagonistes du processus de travail ?

Les relations interpersonnelles, tant professionnelles que purement humaines, doivent être encouragées de diverses manières. A part dans la traditionnelle cafétéria, les collaborateurs peuvent se retrouver dans des « open spaces » prévus à cet effet, dans des salles de détente, des salles de jeux etc. Quelques solutions très originales ont été trouvées dans ce sens: ainsi par exemple, le fondateur de Zappos a imaginé un off-site parking qui oblige les employés de son entreprise à marcher davantage pour atteindre celle-ci : or, les échanges deviennent toutes naturelles le temps de ces quelques pas faits ensemble.

Pourtant, il ne faut pas perdre de vue que même les solutions les plus imaginatives des responsables d’entreprise pour assurer une bonne ambiance de travail – le plus souvent en créant de nouveaux espaces de rencontre – resteraient inefficaces sans la volonté des employés de communiquer entre eux et sans cet effort d’aller l’un vers l’autre qui parfois, certes, paraît si difficile à réaliser. Mais le premier pas fait, il ne faut non plus rester là : travaillant pour un même « corps » industriel, commercial ou financier, les salariés auront tout à gagner à se montrer bienveillants entre eux – et à essayer d’exprimer verbalement cette bienveillance. On incite souvent les dirigeants ou les responsables directs d’encourager leurs subordonnés en verbalisant leur satisfaction des efforts accomplis par eux. Mais cette attitude d’approbation ne doit pas se limiter (encore qu’elle ne soit une pratique si fréquente !) aux seuls rapports entre le supérieur et son « inférieur ». Le même effet bénéfique (ou presque) peut être atteint si notre collègue le plus immédiat, celui du même niveau hiérarchique que nous, ait la bonne idée de remarquer nos progrès, de nous féliciter de nos succès professionnels ou tout simplement de nous complimenter de notre bonne mine de ce matin ! Oui, la capacité de pouvoir s’approuver humainement et se féliciter collégialement est la marque la plus indéniable d’une haute qualité des relations interpersonnelles dans l’entreprise. Cette qualité peut paraître inatteignable mais elle ne l’est pas vraiment : une forte dose de bonne volonté, les efforts conjugués de tous – dans l’esprit d’une visée corporative commune – pourront y faire accéder. Sans négliger quelques inspirations plus extérieures et cette little help qui peut nous venir de l’univers… de quelques séries télévisées américaines dont les personnages, surtout en famille, savent se dire des mots de reconnaissance, d’approbation, d’encouragement. En espace francophone, on s’en est beaucoup moqué, mais à tort : les séries peuvent être critiquées sur beaucoup de points mais pas sur celui-là. C’est un élément constructif qu’il faut retenir tant dans la vie privée qu’en milieu professionnel.

 

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